Publié le 3 Aug 2012 - 08:45
MALI-INCURSION DES BÉRETS VERTS

Les habitants du camp de Djicoroni organisent leur défense

 

A Bamako, les familles des bérets rouges sont en colère. Cantonnées dans le camp para de Djicoroni, elles craignent de nouvelles incursions de bérets verts. Ces hommes proches de la junte, à Kati, ont tenté mardi 31 juillet et mercredi 1er août d’arrêter deux soldats fidèles à l’ex-président Amadou Toumani Touré (ATT). Opération avortée après le soulèvement des civils du camp. Le calme est revenu ce jeudi matin mais la situation reste très tendue.

 

Les femmes et les jeunes, restés dans la caserne, sont sur leurs gardes. Depuis les échauffourées de mercredi, la confiance avec les policiers qui sont censés protéger les allées et venues dans ce camp est rompue. Et pour empêcher toute nouvelle arrestation qu’ils jugent illégale, les habitants du camp de Djicoroni se sont organisés : « Nous les jeunes du camp, nous nous installons à chaque entrée pour veiller à ce que personne ne rentre parce qu’on n’a plus confiance dans les gardes même ceux qui sont à la porte. Quand il y a quelqu’un qu’on ne connaît pas, qui essaie de rentrer, on donne l'alerte avec nos sifflets. On siffle partout et tout le monde sort. Donc on contrôle tout et on est inquiet de la situation ».

 

Les témoins sont formels, ces arrestations illégales menées par des bérets verts sont violentes. Ces hommes viennent en 4x4 banalisés, visiblement bien informés. Ils vont chercher les militaires, toujours des bérets rouges, directement dans leur habitation. Et malgré les rapports alarmants d’ONG qui dénoncent ces exactions, ces enlèvements, malheureusement, se poursuivent. Pour Salvator Sagues d’Amnesty International, les hommes du capitaine Sanogo imposent un climat de terreur à Bamako. Et l’Etat malien n’est pas capable pour le moment de faire respecter le droit : « On a l’impression que les hommes proches de la junte militaire prennent la justice entre leurs mains, arrêtent des personnes sans aucune procédure et se vengent, sachant très bien qu’ils n’auront aucun compte à rendre à la justice (…). Le pouvoir civil malien n’est pas en mesure pour le moment d’imposer l’Etat de droit ».

 

Devant cette situation alarmante, les autorités affirment qu’elles font justement respecter la loi mais sans jamais dénoncer directement les bérets verts proches de la junte. Le ministre de la Justice Malick Coulibaly, qui estime que ces hommes de Kati ne sont peut-être pas au fait des règles de procédure, rappelle que seule la gendarmerie nationale est aujourd’hui habilitée à interpeller et à arrêter des militaires : « Ces allégations des bérets verts et des bérets rouges, ça peut être l’ignorance des règles de procédure. La procédure légale voudrait que les interpellations des militaires soient faites par la gendarmerie nationale. Nous veillerons à ce que les règles en la matière soient respectées (…). Le gouvernement jouera toute sa partition pour que tous les Maliens puissent jouir de tous leurs droits ». Les habitants du camp de Djicoroni, retranchés pour la grande majorité dans leur maison, estiment que les autorités ne font pas respecter ces règles et qu’elles sont aujourd’hui incapables d’assurer leur protection.

 

Rfi

 

 

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