Publié le 14 Jun 2018 - 02:44
MALICK YORO KA, PRESIDENT DE MODE-SECU

‘’Combattre l’informel et l’amateurisme’’

 

Mettre en place 33 groupements d’intérêts économiques (Gie) dans les 16 communes du département de Pikine. Trouver aux membres les financements nécessaires, les accompagner avec des incubateurs. C’est, entre autres, le projet de Malick Yoro Ka, Président-directeur général de la société Deutsch Africa Marketing basée en Allemagne. Egalement membre fondateur de l’Apr, il compte faire la politique autrement, à travers ce projet qu’il détaille dans cet entretien. Tout en égratignant les responsables politiques occupés à se faire la guerre.

 

Qui est Aliou Ly Allemagne ?

Je m’appelle Malick Yoro Ka, plus connu sous le nom d’Aliou Ly Allemagne. Je suis né à Pikine, dans le quartier Nietty Mbar. Je suis un opérateur économique. Je suis le président-directeur général de la société Deutsch Africa Marketing basée en Allemagne. Egalement, je suis membre fondateur de l’Alliance pour la république (Apr). J’ai résidé en Allemagne.

Vous êtes membre fondateur de l’Apr, mais on ne vous voit pas dans la sphère étatique. Avez-vous été laissé en rade ?

Nous sommes les initiateurs de ce parti. Nous avons beaucoup travaillé avec nos stratégies jusqu’à ce que Macky Sall accède à la magistrature suprême. C’est ensuite que je suis rentré au Sénégal avec Abou Lô. Nous avons cheminé ensemble. J’avais pris le parti de ne pas m’impliquer dans la politique locale, parce que j’avais jugé que des frères et des camarades s’étaient investis pour que notre candidat soit au pouvoir. Et si on devait nommer des personnes à des postes de député ou de consul, ce sont eux qu’on devait prendre.

Actuellement, vous êtes le président du Mouvement pour le développement économique-Social et culture (Mode-Secu). Vous avez un projet qu’on annonce révolutionnaire…

En 2016, parents, amis et camarades de parti, qui sont au courant de mes activités antérieures, de mon engagement dans le monde associatif et de mes connaissances en business social, m’ont demandé de descendre sur le terrain. Ils voulaient créer un mouvement que je présiderais. Je leur ai répondu que si c’est un mouvement pour faire de la politique politicienne, cela ne m’intéresse pas, parce que j’ai déjà un parti, l’Apr. Maintenant, s’il s’agit d’un mouvement de développement économique, social et culturel qui servirait à faire sortir les populations des problèmes auxquels elles sont confrontées, je suis partant. Nous avons bien mûri le projet. La première chose que j’ai faite est de me rapprocher de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) pour avoir ce qu’on appelle la carte de visite et le carnet de santé du département de Pikine. Lequel se trouve être grand et peuplé de plus d’1,170 million d’habitants, avec plus de 565 quartiers officiels répartis sur 16 communes d’arrondissement.

Le chef de l’Etat est venu au pouvoir avec le programme Yoonu Yokkuté devenu le Plan Sénégal émergent (Pse). Dans ledit plan, il y a ce qu’on appelle le capital humain. Dans notre département, il est rare d’entrer dans un quartier où vous ne trouvez pas un groupement de femmes, de jeunes qui veulent entreprendre. Ils sont organisés en divers projets. Mais, souvent, ces populations n’ont que le vouloir et pas le pouvoir. Et l’économie fonctionne aussi avec des normes administratives, techniques et culturelles. C’est pourquoi je me suis dit qu’il faut combattre deux facteurs que sont l’informel et l’amateurisme.

En quoi faisant ?

Nous avons envisagé une entreprise. En fait, la grande usine que nous prévoyons dans le département de Pikine, ce n’est pas une usine géographique qui va se contenir sur un hectare. Nous avons voulu créer quelque chose de transversale, sur un plan pyramidal, dans tout le département. Dans chaque commune d’arrondissement, nous avons ciblé 3 marques : la transformation céréalière, les jus locaux et la fabrication de savons. C’est avec un label que nous pouvons promouvoir quelque chose. Aujourd’hui, nous avons la prolifération des centres commerciaux partout au Sénégal. Mais il y a les problèmes d’emballage des produits, de compositions nutritionnelles de ces derniers, de santé publique, parce qu’ils ne répondent pas à certaines normes. Nous, notre objectif est de combattre tout cela, d’harmoniser, d’avoir un label conforme avec toutes les autorisations et les normes requises.

Que comptez-vous faire pour l’atteinte de vos objectifs ?

L’idée est d’avoir 33 groupements d’intérêts économiques (Gie) dans les 16 communes. Au total, nous aurons 538 Gie. Chacun d’entre eux va avoir au maximum 10 membres qui vont constituer eux-mêmes leur groupement et ouvrir leur compte bancaire. Nous ne leur demanderons ni carte électeur ni carte d’identité. Nous nous chargerons de les former sur le plan économique. Parce que nous préférons la qualité à la quantité. Pour ce faire, il faut de la volonté et de l’ambition. Mon expérience m’a permis de comprendre qu’il n’est pas opportun de prendre quelqu’un qui n’avait aucune ambition et ensuite de prendre entièrement en charge son projet. Mais si tu expliques aux membres le programme, s’ils y adhèrent volontairement, ils vont tout faire pour que ça réussisse. L’argent que nous leur demandons, c’est juste une cotisation de 10 000 F Cfa chacun. Ce qui va faire 100 000 F Cfa pour chaque groupement. Les 70 000 F Cfa permettront de créer l’entreprise. Les 30 000 autres serviront de fonds de caisse.

Cela me suffit pour les accompagner. De plus, nous voulons faire un incubateur ou créer une entreprise école. Il y en aura 3 dans chaque commune. Nous avons des jeunes, bien formés, diplômés dans plusieurs domaines, issus du département ou d’autres départements. Leur rôle est de manager ces Gie. On peut regrouper 4 à 5 métiers dans une société. Ainsi, non seulement nous créons une entreprise, mais également nous leur donnons directement un marché.

Les clients sont d’abord et avant tout les Gie. Nous allons, par la suite, les accompagner pour bénéficier des programmes de l’Etat, comme la Délégation pour l’entreprenariat rapide (Der) et le Fongip. Nous irons également leur chercher des moyens auprès des banques qui sont liquides et qui cherchent des porteurs de projets viables. Même avec un crédit solidaire de 200 000 F Cfa par membre, on se retrouverait avec presque 1,5 milliard de francs Cfa. Au sommet de la pyramide, il y aura une sorte de holding qui peut s’appeler direction générale ou autre chose. Nous voulons éviter certaines erreurs. Il y a des financements qui sont accordés sans aucun contrôle, sans conditions. Les gens vont emprunter et ensuite distribuer l’argent à gauche et à droite dans des futilités.

Le président de la République va bientôt boucler ses 7 ans à la tête du Sénégal. Quel jugement portez-vous à son bilan ?

Le président Macky Sall a une vision. Par exemple, le pouvoir, c’est comme les travaux dans les Btp. Il y a le visionnaire, les architectes et les maçons. Ici, il y a le président qui est un grand visionnaire, l’architecture marquée par les programmes. Il ne manque que les maçons pour traduire en réalité cette vision, ce que l’architecte a dessiné. C’est là où se trouve le défaut. Nos responsables politiques qui sont au niveau de la base, au lieu de s’employer à la matérialisation de cette vision dans leur localité, se livrent à des guerres de positionnement. Croyant qu’on peut retenir des militants avec des 2 000 F Cfa, des sacs de riz ou de mil. Ce n’est pas cela la politique.

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