Publié le 28 Aug 2012 - 21:30
MAMINA CAMARA, DIRECTION DE LA MÉTÉO

''Les fortes pluies ne sont pas encore terminées''

 

Le Sénégal est secoué depuis quelques jours par de fortes pluies qui ont provoqué des inondations mortelles. Mamina Camara de la direction de la météo explique le mécanisme et fait les prévisions des jours à venir.

 

Le pays connaît une pluviométrie exceptionnelle cette année. Par rapport à l'année dernière, à pareille époque, peut-on faire un parallèle de la situation pluviométrique?

 

Par rapport à l'année dernière, par rapport aussi à la normale des 30 dernières années, la situation, cette année, est largement meilleure. Prenons l'exemple de Dakar qui a fait à la date du 26 août un cumul de 433 mm, alors que l'année passée, à la même date, nous étions à 246 mm. Donc, Dakar a pratiquement doublé ce qu'il avait. Il n'est pas seulement excédentaire, mais très très excédentaire. Et ce n'est pas seulement Dakar, mais aussi Touba qui comptabilise un cumul de 670 mm. À Ziguinchor, nous avons déjà dépassé les 1000 mm. C'est un peu partout qu'on a noté une situation excédentaire. Néanmoins, il reste des zones déficitaires, comme Tambacounda et Vélingara.

 

D'ici la fin de l'hivernage, quelles sont les parties du territoire qui vont encore recevoir de fortes pluies ?

 

Les zones à risques sont souvent les zones centre et les zones côtières. C'est presque la fin de l'hivernage et au mois de septembre, on enregistre souvent des pluies orageuses purement locales. Si les nuages se forment au niveau du centre, cela va se déverser rapidement sur la frange côtière. Souvent en début septembre, on a de fortes quantités de pluie sur la côte.

 

Donc, on peut s'attendre à de forte pluies à Dakar, dans les jours à venir ?

 

Hivernage rime avec pluie. Nous sommes au mois d’août qui est réputé être le mois le plus pluvieux. Les fortes pluies ne sont pas encore terminées. Il y aura certes des pluies faibles à modérées, mais, occasionnellement, de fortes pluies. Il y aura une accalmie, mais d'autres pluies vont venir.

 

Comment fonctionne la collaboration entre le service météo et les autorités étatiques ?

 

La direction de la météo est un service de l'État et nous sommes donc des fonctionnaires de l'État. Nous travaillons en étroite collaboration avec le ministère de tutelle, mais aussi avec le service chargé des catastrophes naturelles. Nous gérons tout ce qui est pluviométrie, les répartitions spatiales et temporaires de la pluie, mais aussi la prévision saisonnière, c'est le comportement des pluies pour trois mois. Nous donnons les informations qui vont servir à l'aviation civile, à la protection civile, au tourisme, entre autres. Nous sommes aussi membres du plan Orsec. Nous donnons les données et les informations météorologiques pour la prévention.

 

Est-ce que vous aviez averti les autorités des fortes pluies de ce week-end ?

 

En juin déjà, au début de l'hivernage, nous avions donné les informations sur le comportement de la saison. Au fur et à mesure, tous les jours, il y a un bulletin climat qui sort, pour informer les populations via la presse. On informe les autorités de ce qui doit se passer. Il faut savoir maintenant que le système d'alerte précoce mis en place par la direction de la météo, souffre ''d'inopérationalité'', faute de moyens.

 

Avez-vous des recommandations à faire aux populations, par rapport aux fortes pluies ?

 

Oui, la pluie est souvent accompagnée d'orage et de foudre. En début d'hivernage, la météo diffuse des informations pour prévenir les populations contre les dangers de la foudre et formule des conseils pour l'éviter. Au niveau des zones tropicales, à cause des changements climatiques, nous faisons face, depuis une décennie, à des catastrophes naturelles. Mais aussi, l’élévation du niveau de la mer devient dangereuse. Quand la météo alerte, il faut que les gens prennent en compte ces avertissements. La population n'est pas trop habituée à la météo. Mais, elle commence à intégrer, dans ses habitudes les considérations d'ordre météorologique et climatique.

 

Vous avez parlé de foudre, peut-on connaître le mécanisme de la foudre ?

 

La foudre provient des nuages gigantesques qu'on appelle des cumulonimbus, dans le jargon de la météo. Ce sont des amas de nuages qui sont très grands et peuvent atteindre même 10 à 15 km. La foudre, c'est d'abord les courants ascendants. Avant qu'il pleuve, il faut qu'il y ait des courants ascendants qui sont associés à une vapeur qui va les accélérer pour créer des courants au niveau des nuages de sens contraire. Lorsque le nuage atteint sa maturité, il y a une évaporation. Celle-ci provoque le courant descendant qui est négatif, alors que le courant ascendant est positif. Il s'agit de différents courants qui ne peuvent pas être vus à l’œil nu. Après les éclairs, le courant est dans l’atmosphère. Tout ce qui est antenne, immeuble très grand, peut développer ce que l'on appelle un curseur ionique. Le conseil qu'on peut donner aux gens, lorsqu'il y a des éclairs et que la foudre commence à tomber, est d'éviter de se mettre sous les arbres qui sont trop grands. Il faut aussi éviter d'appeler au téléphone ou de répondre, quand on est dehors, ou même d'être dans des cabines téléphoniques. Cela crée des forces motrices. Ces courants peuvent attirer la foudre.

 

Y a-t-il un pays en Afrique de l'Ouest où il pleut plus qu'au Sénégal actuellement ?

 

Oui. Il y a la capitale du Niger, Niamey, qui a connu des inondations, mais aussi, une partie du Mali. Cela a été relayé par la presse. Des inondations qui ont causé d'énormes dégâts. Elles ont donc frappé le Niger, puis le Mali et aujourd'hui le Sénégal. La Sahel est très arrosé actuellement.

 

KHADY FAYE

 

 

 

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