Publié le 10 Feb 2018 - 15:02
MARCHE DE L’INITIATIVE POUR DES ELECTIONS DEMOCRATIQUES

La place Sing Sing trop grande pour le Pds et ses alliés

 

La marche de l’Initiative pour des élections démocratiques a eu lieu hier. Mais elle n’a pas drainé beaucoup de monde, comme l’espéraient les libéraux et leurs alliés.

 

L’opposition a encore du chemin à faire pour convaincre et rallier les populations sénégalaises à sa cause. Sa marche organisée hier vendredi, sur l’axe Score Liberté - place Sing Sing Faye, n’a pas drainé autant de monde que ses leaders l’espéraient. Même si la marche n’a pas été du tout un flop, il n’y a pas, en effet, eu la mobilisation des grands jours à laquelle l’opposition d’alors, aujourd’hui au pouvoir, avait habitué les Sénégalais pour déboulonner l’ancien président Abdoulaye Wade et son régime.

Arborant des foulards et autres gadgets rouges, les manifestants ont laissé exploser leur colère à travers des slogans assez expressifs de leur mécontentement  et amertume. ‘’Non à un ministre de l’Intérieur Apr, oui pour un ministre de l’Intérieur neutre’’, ‘’Oui à des élections libres, transparentes et démocratiques’’, ‘’Non à la rétention des cartes d’électeur’’, ‘’Halte à une justice manipulée’’, sont autant de slogans scandés par les manifestants parmi tant d’autres.

Hormis ces revendications, l’Initiative pour des élections démocratiques (Ied) qui regroupe, selon ses initiateurs, 23 partis politiques et organisations de la société civile, réclame la libération immédiate des ‘’otages’’ politiques dont le maire de Dakar Khalifa Ababacar Sall. En outre, elle invite le président de la République, Macky Sall, à mettre fin aux multiples ‘’scandales’’ économiques et financiers et à préserver les ressources naturelles du pays dont le gaz, le pétrole et le zircon. En même temps, les libéraux du Parti démocratique sénégalais et leurs alliés exigent une restructuration du système éducatif sénégalais, un soutien aux forces syndicales en lutte et des solutions idoines pour combattre le chômage chronique des jeunes.

Idy et Sonko, les grands absents

Initialement prévue à 15 h, la marche a débuté vers 16 h  passées. Les militants et autres sympathisants de l’opposition qui ont eu à faire le déplacement ont fait une procession en direction de la place Vieux Sing Sing Faye, via la Sicap rue 10, Fass, Colobane, Gueule tapée et enfin Médina, point de chute du convoi.

A l’exception du président de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail, Abdoul Mbaye, qui a rebroussé chemin sans crier gare, les leaders des différentes forces composant l’Ied sont restés côte-à-côte tout au long du trajet, sous le regard de leurs militants et des autres populations riveraines sorties soit pour les applaudir et les encourager, soit pour les chahuter, à l’image de ce jeune qui, du haut de son balcon, a brandi une photo de l’actuel président de la République Macky Sall, comme pour marquer son territoire.

Hormis Idrissa Seck et Ousmane Sonko absents de la manifestation et représentés par des membres de leurs partis respectifs, tous les leaders de l’opposition dite significative ont battu le rappel des troupes. Oumar Sarr, Mamadou Diop Decroix, Pape Diop, Mamadou Lamine Diallo et quelques leaders syndicaux tels que Oumar Waly Zoumaro, Ibra Diouf Niokhobaye et Bakhaw Diongue ont marché ensemble comme pour montrer leur détermination à désormais porter le combat ensemble pour le départ de Macky Sall du pouvoir.

D’ailleurs, ils ont, dans leurs discours respectifs, dit tout le mal qu’ils pensent du président de la République et de son régime. Premier à décocher les flèches sur le ‘’Macky’’, le leader de la Convergence libérale démocratique/Bokk gis gis (Cd/Bgg). Selon Pape Diop, pour qui le défi de la mobilisation a été relevé, le leader de l’Alliance pour la République compte sur la fraude et sur l’achat des consciences pour rempiler à la tête du pays. ‘’Macky Sall refuse le bulletin unique parce qu’il compte faire des achats de conscience. Aujourd’hui, tous les pays africains utilisent le bulletin unique pour simplifier et faciliter le vote des citoyens, mais lui, il le refuse pour simplement voler les élections’’, assène-t-il. L’ancien président du Sénat sous Abdoulaye Wade d’appeler les populations sénégalaises à se mobiliser de manière permanente pour barrer la route à toute tentative de confiscation de leurs suffrages. ‘’Nous devons, dans les jours et les mois à venir, faire des mobilisations beaucoup plus grandes que celle-ci’’, déclare Pape Diop.

Barth : ‘’Macky Sall est mort et enterré’’

Plus virulent, le maire de Mermoz - Sacré-Cœur persifle que Macky Sall est mort et enterré. ‘’Le Sénégal est une démocratie et il le restera quoi qu’il advienne. Nous n’allons pas faiblir, nous allons continuer à mener le combat. Macky Sall est mort et enterré, il ne peut plus gagner des élections au Sénégal. Il n’ira même pas au deuxième tour de l’élection présidentielle de 2019’’, croit savoir Barthélemy Dias.

Abondant dans le même sens, Mamadou Diop Decroix estime que la mobilisation d’hier (vendredi) n’est qu’une première étape dans le combat engagé pour le départ de l’actuel président de la République. ‘’Dans vos quartiers et communes respectifs, il faut vous mobiliser et vous organiser dans le cadre de l’Ied. Il faut encadrer les populations dans les inscriptions sur les listes électorales’’, invite-t-il. A propos d’ailleurs des cartes d’électeur, le vice-président de Rewmi, Déthié Fall, demande au chef de l’Etat de prendre toutes les dispositions utiles pour distribuer les ‘’3 millions’’ de cartes en souffrance dans les préfectures et sous-préfectures.

Revenant, lui, sur l’organisation chaotique des dernières élections législatives, Thierno Alassane Sall, leader du mouvement politique République des valeurs, dénonce un ‘’putsch organisé’’ auquel il faut faire face pour les prochaines échéances. ‘’Un président qui est incapable de confectionner des cartes d’identité nationale et de les distribuer correctement avec 52 milliards de francs Cfa, ne peut pas développer un pays. Allez donc chercher vos cartes d’électeur et exigez des élections libres et démocratiques’’, soutient-il.

Pour sa part, le maire de la Médina, Bamba Fall, lâche : ‘’Il faut qu’il distribue les cartes d’identité nationale correctement, libérer Khalifa Sall et faire revenir Karim Wade au pays.’’

De son côté, le coordonnateur et secrétaire général adjoint du Pds, Oumar Sarr, estime que la voie engagée par l’opposition depuis hier est la bonne. ‘’Il faut qu’on secoue la République, il faut qu’on réclame des élections transparentes, la liberté immédiate de Khalifa Sall, le retour sans condition de Karim Meïssa Wade. Il faut continuer ce combat qui nous permettra de gagner les prochaines élections’’, déclame le responsable libéral.

Seule leader politique féminine à venir participer à cette marche, la présidente de Car/Lenen, Amsatou Sow Sidibé, refuse que le régime veuille réduire les populations à de simples ‘’esclaves’’. ‘’On est maintenant réduit en esclavage. Non à l’esclavage. Nous voulons nos cartes d’identité nationale et le bulletin unique. Ensemble, nous vaincrons'’, rumine-t-elle.

Estimant que le président Macky Sall a échoué dans l’éducation, la santé, l’agriculture et dans tous les autres secteurs d’activité, le secrétaire général de la Confédération démocratique des travailleurs du Sénégal (Cdts), Ibra Diouf Niokhobaye, invite les travailleurs et les partis politiques à faire jonction pour dégager l’actuel régime. ‘’Il faut qu’il (Macky Sall) respecte les accords signés avec les syndicats. On a un gouvernement sourd, il faut qu’il dégage’’, fulmine Bakhaw Diongue, Secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal/Force du changement (Cnts/Fc). Embouchant la même trompette, son camarade syndicaliste, Oumar Waly Zoumaro, qui assimile le président Macky Sall à ‘’Sergent Garcia’’, un personnage du film ‘’Zorro’’, estime que plus rien ne va dans le système éducatif sénégalais et que les choses iront de mal en pis, tant que le chef de l’Etat continuera à être au pouvoir.   

ASSANE MBAYE

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