Publié le 30 Nov 2018 - 19:57
MARCHE DE L’OPPOSITION

La démonstration bleue

 

Une seule marche. Un seul public. Un seul slogan : ‘’Goor Gui Moo Beuri Doolé !’’ Autrement dit : ‘’Que le vieux (Abdoulaye Wade) est puissant !’’ De près, difficile de contester une telle déclaration. A la place de la Nation (ex-Obélisque), hier, ambiance !

 

Maigre aux alentours de 15 h, la foule s’épaissit, au fur et à mesure que le soleil disparait. Mais malgré les militants qui continuent de déferler sur la place de la Nation (ex-Obélisque), certains visages restent crispés. Comme s’ils avaient peur de quelque chose. La trentaine, Diodio Mboup, Grand Dakar, minimise : ‘’Dans tous les cas, on ne peut parler d’échec. Nous sommes un jour de travail. Les gens sont au boulot. Et le nombre n'est pas important. Même si c'est une personne qui marche, c’est une bonne chose.’’ Pour Diodio, aucun sacrifice n’est de trop pour ‘’enlever’’ Macky Sall du pouvoir. Elle peste : ‘’Macky a complètement détruit ce pays. Moi, je suis venue ici parce que je veux que les choses changent. Les Sénégalais sont fatigués. Rien ne marche dans ce pays.’’ A l’en croire, il n’y a qu’une solution pour remettre le Sénégal sur la voie du développement. Elle s’appelle Karim Wade. ‘’J’ai confiance en lui parce qu’il a les qualités de son père : l'amour pour le pays, un grand cœur. En plus, il est compétent’’, plaide-t-elle, convaincue.

Sur place, il n’y en a que pour ce dernier. On chante, on siffle et on danse en son honneur. Le tout au rythme du tube mythique du duo Pape et Cheikh. Jusque vers les coups de 15 h 30 mn, certains chahutaient la maigre mobilisation, pour une marche dont le démarrage était prévu à 15 h pour finir à 18 h. C’était juste le calme avant la grande déferlante bleue. La tonitruante députée de la diaspora, Mame Diara Fam, ne cache pas sa joie. Très contente, elle exulte : ‘’Cela est la preuve que le peuple a vomi ce président dictateur. Nous sommes là pour réclamer nos droits. Nous voulons qu’Aly Ngouille Ndiaye quitte le ministère de l’Intérieur. Il faut une personnalité neutre pour organiser l’élection présidentielle. Comme vous le voyez, la place est pleine et cela montre que le peuple a envie de changement. Le peuple veut que Karim Wade participe à cette élection. Et nous allons nous battre jusqu’au bout pour des élections libres et transparentes.’’

Pastef étouffé, ‘’khalifistes’’ introuvables, Aïda Mbodj se sauve

17 h passées de quelques minutes. La longue procession quitte la place de la Nation en direction du rond-point Rts. Avec une foule qui s’épaissit de plus en plus. Bientôt, elle sera à perte de vue. Pour une manifestation convoquée par toute l’opposition réunie au sein du Front de résistance nationale, on peut affirmer, sans risque d’être démenti, que le Parti démocratique sénégalais, en termes de mobilisation, a damé le pion à tous ses alliés. Submergée par les libéraux, la vingtaine de militants du Pastef qui a tenu à faire le déplacement choisit de se démarquer de la foule pour avoir plus de visibilité. Ensemble, ils scandent : ‘’Sonko Président !’’, ‘’Sonko Président !’’… Ismaïla Kanouté, tee-shirt à l’effigie du jeune leader, justifie : ‘’Ce n’est rien. Il y a juste des slogans qui sont brandis et quelquefois on a l’impression qu’il y a tentative de récupération. Ici, nous sommes là pour une seule cause : la défense des libertés et de la démocratie dans notre pays face à ce régime dictatorial. Pour nous, il n’y a pas de couleur ici. Le Pds, c’est Pastef et vice-versa.’’

Pendant ce temps, Aïda Mbodj, avec sa cohorte d’accompagnateurs, est également introuvable. Pourtant, elle avait fait une entrée fracassante vers les coups de 17 h, avant de se fondre dans la marée bleue, telle du beurre au soleil.

Arrivée au rond-point Rts, elle réapparait. Cette fois au présidium. Elle menace : ‘’Que le pouvoir le sache. La mobilisation ne va pas faiblir. Il faut que Macky Sall et son régime dégagent parce qu’ils ont échoué sur toute la ligne. Je salue tous les leaders qui ont contribué à la réussite de cette manifestation. Nous n’avons qu’un seul adversaire : c’est Macky Sall. Il faut se battre pour le respect des droits des Sénégalais. La sortie du Premier ministre sur Karim Wade est un aveu de la forfaiture.’’ Bakhaw Ndiongue, pendant ce temps, déplore le niveau ‘’élevé’’ de la dette, la condition ‘’exécrable’’ des étudiants et des enseignants… Elle fulmine : ‘’Sans Khalifa Sall et Karim Wade, il n’y aura pas d’élection dans ce pays.’’

De leur côté, les partisans du maire déchu de Dakar étaient presque introuvables. Même si les présences de Bamba Fall et Cheikh Guèye ont été signalées.

OUMAR SARR (SG ADJOINT DU PDS)

‘’ Nous irons jusqu’au bout (…) Aly Ngouille Ndiaye doit partir …’’

‘’Je vous transmets les salutations  de Maitre Abdoulaye Wade et de Karim Meissa Wade. Je pense également à notre ami Khalifa Ababacar Sall qui est de tout cœur avec nous. La mobilisation ne vient que de démarrer. D’ici aux élections, nous n’allons pas arrêter. Puisque Macky ne s’arrête pas. Nous, non plus, nous n’allons pas nous arrêter. Nous allons continuer la mobilisation parce que nous n’avons pas confiance au processus. Les autorités refusent même de nous donner le fichier comme le prévoit la loi électorale. Au même moment, on a donné le fichier aux gens de l’APR qui essaie de voler les élections.

Nous irons jusqu’au bout de ce combat et nous allons le démontrer encore jeudi prochain. Le Sénégal a dépassé l’ère où les ministres de l’Intérieur partisans organisent les élections. Aly Ngouille Ndiaye doit partir. Pour des élections qui se déroulent dans la paix, nous exigeons son départ. (…). Nous avons les moyens de les faire reculer. Comme à Dakar, nous allons mobiliser partout sur le territoire et dans la diaspora. Ils passeront sur notre corps s’ils le veulent mais nous défendrons le Sénégal. Nous défendrons la démocratie. C’est le temps du face-face. Puisqu’ils veulent le corps à corps ils auront le corps à corps’’.

MOR AMAR

 

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