Publié le 28 Jan 2019 - 13:44
MARCHES DE PROTESTATION, CE WEEK-END

Le département de Rufisque se révolte contre les expropriations foncières 

 

 

Le département de Rufisque, localité qui enregistre le plus grand nombre de litiges fonciers du pays, a connu un week-end très mouvementé. Les habitants de plusieurs localités ont battu le macadam pour réclamer leurs terres.

 

Voilà 8 mois que les populations de Bargny, Sendou et de Minam ont été expropriées de leurs champs pour les besoins de l’érection du port minéralier et vraquier et de la centrale à charbon. Et elles ne sont pas au bout de leurs peines, parce que, des concessions sont sur le point d’être démolies, après la destruction de plus d’une trentaine de cabanes au bord de la mer. Face à autant ‘’d’injusticesn à leurs yeux, les habitants des trois localités ont uni leurs forces, ce samedi, pour faire une grande marche qui a débuté à Minam pour se terminer devant la mairie de Bargny, sous l’œil vigilant de la police. Issa Guèye, le président du collectif pour la défense des intérêts de Bargny, s’est fait leur porte-voix. « L’Etat, dénonce-t-il, n’a décaissé aucun sou. Le minimum, c’est de payer les indemnités pour les exploitants qui sont restés durant cet hivernage sans cultiver leurs champs ».

En outre, les 534 impactés du port minéralier et vraquier de Sendou se disent las d’attendre d’entrer dans leurs droits. Non sans soupçonner un acharnement sur leurs terres.  Face à cette situation, ils se disent prêts à tout faire pour la satisfaction de leurs revendications. Ils n’excluent même pas de bloquer les travaux du port. « Nous serons debout et unis comme un seul homme pour entraver les travaux au niveau du port. On ne va pas se laisser faire. Bargny étouffe. Bargny souffre plus que n’importe quelle ville au Sénégal. Nous avons été républicains jusque-là », tonne Issa Guèye.

Bambilor réclame les 60 hectares prévus pour son extension

Ailleurs à Bambilor, toujours dans le département de Rufisque, les populations ont aussi marché, ce week-end. Cette fois-ci, c’est la gendarmerie qui a veillé au grain. Les manifestants réclament l’extension des sept villages qui composent la commune. A l’initiative du collectif « Sama Sa Gokh », les populations ont marché sur une distance de près d’un kilomètre, du marché du village de Bambilor à la Cédaf. Elles réclament la régularisation des 60 hectares sur le titre foncier 1975/R, comme décidé par l’Etat du Sénégal par décret numéro 2006-103 du 3 Février 2006. « Bambilor est en train de perdre des terres qui étaient exploitées par nos ancêtres, depuis très longtemps, au profit des cités nouvellement installées (Comico, la caisse de dépôt et de consignation, Akys, Sicap, Bicis et des privés) ». Pendant ce temps, dénonce Abdoulaye Sylla, le président du collectif, « la société Teylium, propriétaire des Akys, a empiété sur le Tf 4868 sur une bande de 70 mètres, après sa délimitation, alors que cet espace ouvrant sur l’axe Bambilor-Lac Rose pouvait être utile pour les populations ».

Lançant un message au président de la République Macky Sall, le collectif lui demande « de matérialiser de manière définitive l’extension de Bambilor sur le Tf 1975/R et la régularisation du titre foncier 4868 ».

Diamniadio demande l’application de la décision du Chef de l’Etat

Malgré l’appel du Chef de l’Etat en octobre dernier, lors de l’inauguration de la deuxième partie du centre de formation multisectoriel de Diamaniadio, d’arrêter toute attribution de terres, les populations de Diamniadio vivent toujours la hantise des expropriations ou des démolitions. Selon elles, cette demande du président de la République n’a pas encore d’effet. Samedi dernier, elles ont tenu un point de presse au centre socioculturel de la ville pour exiger la pleine application de cette directive du Président Macky Sall. « Le président de la République avait donné des instructions pour le règlement intégral et définitif du dossier sur les terres délibérées par la mairie au nom des populations. Une superficie estimée à 376 hectares à Diamniadio Sud extension sur le titre 84-60 R dont les premiers habitants ont vu leurs constructions détruites par les bulldozers de la Direction de surveillance et de contrôle des sols (Dscos) », rappelle Alioune Dème, vice-président du collectif pour la défense des intérêts de Diamniadio.

Qui renseigne qu’ils attendent toujours d’être reçus par le Premier ministre. « Nous avons adressé au Premier ministre sept lettres de demande d’audience qui sont restées jusque-là sans suite. Face à son mutisme, nous, pauvres sinistrés, commençons à être dévastés et envahis par l’inquiétude et la peur. Nous demandons au chef du gouvernement de traiter avec diligence cette épineuse question pour son règlement définitif », poursuit Babacar Sow, le secrétaire général du collectif. « Nous sommes une population pacifiste et pacifique. Nous n’userons pas de menaces encore moins de la violence pour arriver à nos fin », promet-il. 

PAPE MOUSSA GUEYE (Rufisque)

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