Publié le 13 Jan 2018 - 19:12
MASSACRE DE BOFFA

La France peint le sud de Ziguinchor en jaune

 

La France a fortement déconseillé ses ressortissants de se rendre dans la zone sud de Ziguinchor, y compris d’emprunter la Rn4 bis qui mène à la Guinée-Bissau, jusqu’à nouvel ordre. Une mesure préventive qui, pourtant, ne s’imposait pas, selon les observateurs de la crise en Casamance.

 

Le sud de Ziguinchor, l’une des zones les plus vertes du pays, est subitement devenu ‘’jaune’’.  Ainsi en a décidé le ministère française des Affaires étrangères dans sa rubrique ‘’Conseil aux voyageurs’’, en date de ce 9 janvier. Le Quai d’Orsay motive cette mesure par ‘’les graves événements du 6 janvier ayant entrainé la mort de 13 sénégalais (Ndlr : 15 morts)’’ et qui  ‘’rappellent la nécessité de suivre strictement les conseils de la rubrique sécurité concernant les zones oranges de la carte’’. Le ‘’conseil aux voyageurs’’ poursuit en informant ‘’qu’une opération militaire est en préparation et pourrait durer quelques jours’’. Et que, ‘’par conséquent, il est formellement déconseillé de se rendre dans la zone sud de Ziguinchor, y compris la Rn4 bis qui mène à la Guinée-Bissau, jusqu’à nouvel ordre’’.

Ce que cette ‘’rubrique’’ ne précise pas, c’est que l’opération militaire en cours pour rechercher, traquer et neutraliser les criminels du ‘’massacre de Boffa’’, mais également ‘’nettoyer la zone’’ afin que les populations puissent tranquillement mener leurs activités, est circonscrite dans une très infime partie du sud du département de Ziguinchor. Mieux, que cette ‘’opération particulière’’, selon le général Cheikh Guèye, Chef d’Etat-major général des armées (Cemga), est menée par des hommes professionnels, à l’expérience avérée, qui disposent de moyens dont l’emploi est bien maitrisé dans une zone également bien identifiée.

A Ziguinchor, les observateurs de la crise en Casamance s’interrogent sur la pertinence de cette mesure. Surtout au moment où la saison touristique bat son plein au niveau des principales stations balnéaires de Cap-Skirring et de Kafountine. Lesquelles se trouvent très loin du théâtre des opérations, dans les départements d’Oussouye et de Bignona. Fort heureusement, ‘’les réceptifs hôteliers ne désemplissent pas’’, note l’Inspection régionale du tourisme de Ziguinchor. ‘’J’ai reçu beaucoup de touristes venant notamment de la France. Je n’ai pas eu le temps de m’occuper de mon téléphone portable’’, souligne un réceptionniste d’un hôtel de Ziguinchor.

HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)

Section: