Publié le 30 Aug 2016 - 18:26
MAURITANIE

Les Sénégalais manifestent leur ras-le-bol

 

Les Sénégalais de Mauritanie ont organisé ce 29 juillet une manifestation pour exiger le départ de leur ambassadeur Mamadou Tall. Le président de la Fédération des Associations et Groupements Sénégalais de Mauritanie (FAGSEM), Assane Guèye, a été interpellé par la police puis relâché.

 

Ils étaient des centaines de Sénégalais à se déplacer devant l’ambassade du Sénégal pour répondre à l’appel à manifester pour le départ de l’ambassadeur du Sénégal en Mauritanie, SEM Mamadou Tall. ‘’L’ambassadeur a fermé ses portes, nous n’avons pas d’interlocuteur avec qui nous pouvons échanger au sujet de nos problèmes. Nos cartes d’identité sont arrivées à expiration et jusqu’ici, on ne sait pas où s’informer pour avoir des renseignements. La quasi-totalité des Sénégalais ne sont plus en règle et ne peuvent pas prendre des cartes de séjour’’, a déclaré le président de la fédération des associations et groupements sénégalais (FAGSEM), Assane Guèye, avant son  interpellation par la police mauritanienne.

 Libéré une trentaine de minutes après, A. Guèye est revenu sur les lieux de la manifestation pour s’adresser à nouveau à la presse. Le président des Sénégalais a saisi cette occasion pour lancer un appel au président de la République, M. Macky Sall, sur la situation des Sénégalais en Mauritanie. ‘’Quand il cherchait le pouvoir, il était venu en Mauritanie pour demander aux Sénégalais de voter pour lui. Aujourd’hui, ces Sénégalais qui ont voté massivement pour lui vivent dans d’énormes difficultés sans aucune solution’’, dénonce-t-il. 

Les manifestants ont exigé le départ de l’Ambassadeur de la Mauritanie et son remplacement par un autre qui pourrait se soucier de leurs problèmes ou être leur interlocuteur. ‘’Nous sommes contre sa politique d’enfermement, il faut qu’il ouvre sa porte et se rapproche des Sénégalais’’, ont-ils soutenu.

 Depuis l’arrivée de l’ambassadeur Tall, les Sénégalais se plaignent des nouvelles mesures prises par ce dernier pour l’accès à l’ambassade et pour intervenir ou assister les Sénégalais. Parmi celles-ci figurent en bonne place la bonne tenue avant d’entrer à l’ambassade et le filtrage des entrées. Autrement dit, selon le président Guèye, ‘’les ouvriers sénégalais ne sont pas autorisés à entrer à l’ambassade avec une tenue de travail, alors que certains d’entre eux sont traqués, raflés dans leurs lieux de travail faute de cartes de séjour ou tout au moins, partent à l’ambassade pour des problèmes liés à l’exercice de leurs métiers‘’.

Joint au téléphone, le 2ème conseiller de l’Ambassade Gallo Diop qui gère les affaires courantes a dit : ‘’Nous avons demandé à M. Assane Guèye, président des Sénégalais, de venir poser leurs doléances. Il a refusé, préférant rester dehors.’’ Mieux, M. Diop a soutenu que ‘’le ministre sénégalais des Affaires étrangères est venu plusieurs fois à Nouakchott pour rencontrer son homologue mauritanien dans la perspective de trouver une solution aux problèmes de nos compatriotes. Mais  sans succès. Il en est de même pour le  ministre de l’Intérieur Abdoulaye Daouda Diallo pour le cas des pièces d’identité’’.

Il est à rappeler que depuis 2012, la Mauritanie a instauré une carte de séjour pour tous les étrangers vivant sur son sol. Depuis lors, les ressortissants subsahariens, notamment ceux d’Afrique de l’Ouest et particulièrement les Sénégalais, vivent dans des situations difficiles pour la simple raison que la plupart d’entre eux travaillent dans l’informel et ne peuvent plus remplir les conditions d’obtention de la carte de séjour.

Ibou Badiane (correspondant en Mauritanie)

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