Publié le 9 Jul 2019 - 02:07
MBAYE DIAGNE, ATTAQUANT DU SENEGAL

‘’Un jour, j’aurai un temps de jeu suffisant’’

 

C’était quartier libre pour les Lions, au lendemain de la victoire, vendredi dernier, contre l’Ouganda (1-0), en huitièmes de finale de la Can. Dans un entretien avec l’envoyé spécial d’’’EnQuête’’ au Caire, Mbaye Diagne s’est prononcé sur sa situation en sélection, le match de quarts de finale contre le Bénin, mercredi prochain, les ambitions du Sénégal dans cette compétition, entre autres questions. 

 

Quelle évaluation faites-vous du parcours de l’équipe du Sénégal, après la phase de poules et le huitième de finale contre l’Ouganda ?

On a quartier libre aujourd’hui (ce samedi). On en profite pour rendre visite aux membres de la famille qui ont effectué le déplacement en Egypte. Je suis content de la qualification en quarts de finale. C’est la raison de notre présence ici. On prie afin que les prochains matches soient faciles.

Sur quatre matches de l’équipe nationale, vous avez joué les deux en tant que remplaçant. Quel bilan faites-vous de vos prestations ?

Le plus important, c’est la qualification en quarts de finale. C’est vrai que j’ai joué deux matches et que les Sénégalais n’ont pas encore vu ce qu’ils attendaient de moi. Mais tout le monde a vu que cela ne dépend pas nous. C’est le coach qui décide. On attend qu’il nous fasse entrer sur le terrain pour remplir notre devoir. Les Sénégalais peuvent comprendre que ce n’est pas une situation qui m’agrée. On est un groupe de 23 joueurs et que je ne peux pas avoir du temps de jeu comme je l’aurais voulu. Je ne peux qu’accepter les choses comme elles sont. Peut-être qu’un jour, j’aurai un temps de jeu suffisant.

Lors du match contre l’Ouganda, le Sénégal a inscrit un but en première mi-temps. Mais la seconde période s’est révélée difficile pour l’équipe. Qu’est-ce qui explique cela ?

Le match a été difficile ; Dieu en a décidé ainsi. C’est normal, mené sur un score d’un but à zéro, ça donne toujours des frissons parce qu’à tout moment, l’adversaire peut égaliser. Le Sénégal a dominé l’Ouganda sur tous les plans. En seconde période, c’est normal que le match soit plus difficile, car les Ougandais voulaient à tout prix égaliser. Les joueurs sénégalais se sont donné à fond. On pouvait marquer deux ou trois buts, mais c’est comme ça. Le plus important, c’est la victoire.

Est-ce que vous êtes conscients de l’attente des Sénégalais, qui prennent d’assaut les fan-zones installés un peu partout au pays ?

On est au courant de tout. Les joueurs voient comment les populations remplissent les fan-zones. Cela est source de motivation supplémentaire. C’est une bonne chose. Cette année  est favorable pour prendre le titre. Et nous, on a beaucoup d’espoir par rapport à la victoire finale. On avait concédé une défaite contre l’Algérie, mais cela ne nous a pas déstabilisés. L’essentiel, c’était de sortir de la phase de poules et de battre l’adversaire en huitièmes de finale. C’est ce qu’on a fait. On prie qu’il en soit ainsi pour le restant de la compétition. Ce ne sera pas facile, néanmoins. On est désigné parmi les favoris. Les gens attendent de nous qu’on s’impose par un large score.

Les gens constatent parfois que les joueurs sénégalais ne répondent pas au défi physique qui est imposé par l’adversaire.

Non, je ne vois pas ça ainsi. Les Sénégalais sont capables de mettre de l’impact physique dans leur jeu. Hier (vendredi) contre l’Ouganda, qui est une équipe physique, on a gagné par un but à zéro, mais le score pouvait être de 2 ou 3 à 0. Je ne peux pas croire qu’on ne soit pas prêt physiquement. Tous les joueurs sont au top. Il faut prendre en compte aussi les températures. Des fois, il peut faire très chaud. Malgré cela, les joueurs courent sur le terrain. Tout le monde s’y met. Et c’est ce que le coach veut. Ce n’est pas facile de jouer quatre-vingt-dix minutes.

Comment vous allez aborder le match contre le Bénin, qui est considéré comme la surprise de la Can ?

Je n’ai pas encore vu jouer l’équipe du Bénin. Je ne m’intéresse  pas à ce que font les autres équipes. Je sais qu’aucune équipe, dans cette Can, ne peut nous inquiéter. Je connais le portier béninois avec qui je partage le championnat turc (Fabien Farnolle, Yeni Malatyaspor). C’est mon ami. On a reçu les informations sur la qualification du Bénin quand on s’apprêtait à affronter l’Ouganda. Maintenant, tout ce qu’on peut faire, c’est de s’entrainer et attendre le jour du match.

Tout le monde sait qu’il n’y a pas match entre le Sénégal et le Bénin. Ce n’est pas le Bénin qui va barrer la route au Sénégal. Mais on ne va pas prendre le match à la légère. On pense déjà à nos adversaires en demi-finales et en finale.

Donc, vous êtes convaincu que le Sénégal doit être en demi-finales ?

Le Sénégal doit aller en finale, je devrais dire. Il n’y a aucune équipe dans cette compétition qui doit poser de problème à celle du Sénégal. C’est plutôt l’équipe adverse qui doit avoir des frissons. On est prêt à affronter n’importe quel adversaire. La veille des matches, les joueurs sont toujours détendus à l’hôtel. Lors du Mondial, le Sénégal a montré qu’il n’avait peur d’aucune équipe. Dieu a décidé que les Lions seraient éliminés. Aujourd’hui, on ne peut venir à la Can avec un groupe plus fort et avoir des problèmes face à nos adversaires. On n’est pas dans cet état d’esprit. Il peut y avoir des surprises, mais on est confiant. On s’est bien préparé et on a l’effectif pour aller en finale.

Vous êtes confiant que cette année sera la bonne ?

Très souvent, dans nos discussions, il arrive qu’on se dise que si le Sénégal ne gagne pas la coupe cette année, il lui sera difficile de la remporter après. Rien ne nous manque, en ce moment. Les années précédentes, on disait que l’équipe manquait de bons gardiens, de bons latéraux, par exemple. Tous les postes sont complets. Il ne reste que trois matches à jouer (quarts de finale, demi-finales et finale). On est à 12 jours de vivre ce que les Sénégalais n’ont jamais vécu. C’est ça notre souci en ce moment. C’est un objectif qui nous tient à cœur. Vous ne pouvez même pas imaginer. Le match perdu contre l’Algérie est une leçon.

Vous avez terminé meilleur buteur du championnat turc. Si, en plus, vous devenez champion d’Afrique, qu’est-ce que cela représentera pour vous ?

J’ai remporté le championnat et pris le titre de meilleur buteur. Si je remporte la Coupe d’Afrique, cela sera l’année la plus accomplie de ma carrière. Ce n’est pas donné à tout le monde de le faire. C’est ce qui me reste. Je sais que pour gagner la Coupe du monde, c’est compliqué. Si je remporte la Can, même sans jouer suffisamment, je serai comblé. Ma mission serait accomplie.

J’invite les Sénégalais de continuer à nous soutenir. Une fois sur le terrain, même si le match est difficile, quand on pense aux messages d’encouragements de leur part, cela nous pousse à montrer plus d’abnégation. Qu’ils s’unissent et sachent que nous avons autant envie qu’eux de remporter le trophée. L’union fait la force.

ABU BEKRY KANE (ENVOYE SPECIAL AU CAIRE)

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