Publié le 21 Jul 2018 - 19:54
MBOUR - DEMANDE LIBERTE PROVISOIRE REJETEE

Les Thiantacounes restent en prison

 

La Chambre criminelle de Mbour a rejeté la demande de liberté provisoire des Thiantacounes, en détention depuis le 30 juin 2012. Le juge Thierno Niang annonce leur jugement très prochainement.

 

Depuis ce mercredi 18 juillet, les coaccusés de Cheikh Béthio Thioune, le guide des Thiantacounes, dans l’affaire de Madinatoul Salam, sont transférés à la Maison d’arrêt et de correction de Mbour. Hier, ils ont comparu devant la chambre criminelle de la même ville qui devait statuer sur leur demande de liberté provisoire. Ils sont arrivés au tribunal sous une forte escorte des forces de sécurité. Accusés de détention d’armes sans autorisation administrative, recel et d’inhumation de cadavres sans autorisation, association de malfaiteurs, actes de barbarie, 9 disciples de Cheikh Béthio ont comparu devant la Chambre criminelle de Mbour qui a hérité du dossier précédemment instruit par le parquet de Thiès.

Ainsi, devant les juges, les avocats de la défense ont multiplié les arguments pour leur obtenir une liberté provisoire. Selon l’un des conseils, Me Alioune Sène, le maintien des accusés en détention n’est plus indispensable, parce qu’il n’y a pas risque de représailles ou de fuite. ‘’Ce n’est plus nécessaire de les maintenir en détention pour la poursuite de l’information. Leur détention ne se justifie plus pour leur comparution devant la cour de justice. Cette longue détention a permis aux uns et aux autres de réfléchir. L’objectif a été atteint, parce que tout le monde sait que toute personne peut être poursuivie’’, a défendu Me Sène. Avant que la défense ne conteste la prise de parole des avocats des parties civiles.

Pour les avocats des Thiantacounes, ceux des familles des victimes n’ont rien à voir dans cette audience. Ils ont été juste invités par courtoisie par le parquet. De ce fait, ils ont demandé au juge de déclaré irrecevable l’intervention du conseil de la partie civile. ‘’Il ne peut pas intervenir’’, assène Me Sène. En réponse à Me Khassim Touré qui venait de déplorer que les parents des victimes n’aient jamais été impliqués dans ce dossier. ‘’Ils ont toujours été laissés en rade. La veuve et l’orphelin ont voix au chapitre. C’est un dossier extrêmement sensible et grave’’, a martelé l’avocat. Son collègue de la défense, Me Niane, de renchérir que la partie civile a bel et bien droit au chapitre, parce qu’elle connait les conséquences que cette liberté provisoire peut causer.

Ce faisant, le président de la chambre criminelle, Thierno Niang, a tenu à répondre aux deux parties que tout a été fait afin que les droits des deux partis soient respectés. Le président d’ajouter que ‘’jamais la Chambre criminelle de Mbour ne fera aucune compromission sur quoi que ce soit’’.

Le procureur peste contre le chantage des Thiantacounes

Prenant la parole, le procureur Alioune Sarr a, lui, déploré le fait que, parmi les 48 dossiers impliquant 120 personnes transférées à Mbour, celui des Thiantacounes ouvre les audiences de la chambre criminelle. Pour lui, ces derniers ont usé de chantage, en faisant trois mouvements de grève et en refusant de s’alimenter. ‘’D’autres détenus peuvent aussi tenter de faire des grèves de la faim’’, a souligné le maitre des poursuites qui déclare la demande de liberté provisoire irrecevable. Car des meurtres ont été commis de manière atroce sur Ababacar Diagne et Bara Sow. Ce qui a longtemps heurté l’opinion. Le représentant du parquet a aussi fait remarquer que Mouhamed Sène loge à Dakar et Khadim Seck à Mbao ; les six autres ont leurs domiciles à Madinatoul Salam, ce qui n’exclut pas un futur changement de domicile.

Toujours dans son réquisitoire, le procureur a indiqué que le frère de Bara Sow avait dit qu’il n’était pas prêt à pardonner. De ce fait, les parents peuvent se faire justice. Il a, par ailleurs, rappelé que les faits qui ont abouti à l’interruption carcérale de leur guide sont d’ordre médicaux. ‘’Cela a été fait sur un avis purement médical. Aucun des neuf requérants n’a donné des dossiers qui prouvent qu’il a un problème de santé. La demande n’est ni justifiée en droit ni opportune. Les conditions ne sont pas réunies pour que la liberté provisoire leur soit accordée’’. Ainsi, il a déclaré les demandes de liberté provisoire irrecevables.

Leur requête a été rejetée par le président Thierno Niang, qui leur a dit que leur dossier sera bientôt jugé. 

KHADY NDOYE [MBOUR]

 

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