Publié le 10 Sep 2018 - 13:40
MBOUR

L’Apr et Rewmi ont une longueur d’avance

 

Pour la première fois dans l’histoire politique du pays, les candidats à l’élection présidentielle doivent tous passer par la case parrainage. A Mbour, les états-majors sont à pied d’œuvre. Chaque camp y va avec sa stratégie et ses ambitions.

 

Le département de Mbour a toujours occupé une place importante dans la vie politique du pays. A l’heure de la collecte des parrains, la bataille des signatures fait rage. Les partis et coalitions les mieux structurés ont d’abord procédé à une formation des militants sur l’enjeu et la technique de collecte. Avant de les lâcher sur le terrain. Chacun y va de ses objectifs.

Benno Bokk Yaakaar, objectif 70 000 signatures

Le dimanche 2 septembre dernier, L'ancien Premier ministre Aminata Touré, chargée du pôle ‘’Mobilisation et parrainage’’ à l'Alliance pour la République (Apr), a envoyé une équipe conduite par Oumar Ba, à Mbour, entretenir les militants du parrainage. Ousmane Tanor Dieng fait un résumé de cette réunion. ‘’Le formateur a montré comment la fiche doit être remplie. Les erreurs qu’il faut éviter et la méthode qu’il faut utiliser pour atteindre les objectifs fixés, d’abord institutionnel, puis politique‘’. Cette étape franchie, les militants ont investi le terrain.

Le socialiste de rappeler que le parrainage n’est pas seulement l’affaire de leur leader, Macky Sall. Mais celle de tous les responsables de la coalition. ‘’Nous prenons l’élection présidentielle pour une élection extrêmement importante. Il ne faut pas que l’opposition se trompe, en pensant qu’il s’agit d’une affaire de Macky Sall. Il s’agit bien sûr d’une affaire de Macky Sall, dont nous portons la candidature. Mais c’est une affaire de chacun d’entre nous. Nous voulons que le département de Mbour, aussi bien pour le parrainage, aujourd’hui, et demain pour le scrutin, que nous soyons parmi les départements de tête’’, confie le secrétaire général du Ps. Tanor Dieng fixe l’objectif à ‘’70 000 signatures‘’ à Mbour. ‘’Nous nous sommes fixé, sur l’ensemble du département, 70 000 signatures. C’est un objectif que, probablement, nous dépasserons. J’en suis persuadé’’.

Toutefois, à Mbour-commune, l’Apr compte deux coordonnateurs, à savoir Cheikh Issa Sall et Saliou Samb. Ce qui crée du désordre. Ils évoluent en parfaite désunion. Toutefois, Ousmane Tanor Dieng compte mettre le holà. ‘’Ça va être réglé. Je vais les recevoir. C’est à ma charge. Nous avons un objectif et un seul : c’est d’élire le président Macky Sall‘’, renseigne le socialiste. ‘’À  partir du moment où on a un seul objectif, je ne vois pas ce qui pourrait nous diviser. Même s’il arrive que les gens marchent séparément, ils vont frapper ensemble’’, poursuit Tanor Dieng.

Le maire de Nguekhokh, Pape Songho Diouf, également député à l’Assemblée nationale, espère que Macky Sall sera parrainé à hauteur de 4 000 000 sur les 6 800 000 inscrits. ‘’Nous sommes prêts à parrainer au maximum notre candidat Macky Sall. Mais aussi, nous ferons tout pour qu’il soit élu dès le premier tour‘’, déclare l’édile.  

Rewmi, une méthodologie claire

La coalition au pouvoir n’est pas seule sur le terrain. L’opposition n’a aucune intention de la laisser dérouler dans la région de Mbour. El Hadj Guèye, Coordonnateur départemental du parti Rewmi, se montre même optimiste quant à l’atteinte de leur objectif. ‘’Nous avons réglé le parrainage, depuis deux mois, dans le cadre des réunions préparatoires. Nous avons mis sur pied des directoires au niveau des centres de vote. Nous avons donné des directives à chaque responsable au niveau de chaque commune, chaque quartier. Avec des documents à l’appui qui leur permettront de faire leur travail comme il se doit’’, explique-t-il.

Chaque responsable a reçu des directives, et des objectifs lui sont fixés. ‘’Un rapport avec l’objectif qui est fixé au niveau du département leur sont remis. Nous faisons les évaluations, tous les samedis. On les laisse travailler pendant une semaine. On fait les évaluations et on analyse les fiches pour les laisser retourner sur le terrain et continuer le travail. Nous voulons atteindre l’objectif qui a été fixé par le parti, au plus tard le 30 septembre. En un mois, nous comptons réaliser l’objectif que le parti nous a fixé : faire tout pour que Mbour ne soit pas en reste. Qu’on aille au-delà de l’objectif que le parti nous a assigné. Mieux, un taux de 5 500 signatures au niveau du département et un autre de 2 000 au niveau communal doivent être atteints, d’ici le 30 septembre’’, renseigne M. Guèye.

Grand parti, des ambitions assumées

Du coté des militants du Grand parti aussi, les petits plats sont mis dans les grands. Des rencontres périodiques sont animées. Moussa Sarr, responsable communal du Grand parti, explique que leur parti est toujours dans une logique de massification. ‘’C’est pourquoi, dès qu’il s’agit de collecte de signatures, nous sensibilisons les camarades pour que le maillage soit effectif. Notre candidat a fait le tour du Sénégal avec la ‘Caravane de l’espoir’. Nous avons un programme et nous avons vendu 300 000 cartes. Donc, nous sommes confiants’’, estime Moussa Sarr.

Au niveau de la commune de Mbour, le Grand parti table sur 5 000 signatures. Dans les autres communes, renseigne-t-il, ‘’les responsables demandent qu’on les laisse se réunir pour nous revenir. Mais le plus important, c’est qu’on fera tout pour que notre leader El Hadj Malick Gackou soit candidat. Il a le profil, il connait les besoins des Sénégalais. Il a un programme dont le président de la République s’inspire pour régler le problème des étudiants’’.                          

Les cartes d’identité, la grande question

Au moment où chaque camp essaie de boucler rapidement le nombre de signatures requis, une grosse inquiétude subsiste. Les acteurs de la sphère politique se posent énormément de questions sur les cartes d’identité biométriques. Car, même si elles sont disponibles, on y note plusieurs erreurs. El Hadj Guèye, le coordonnateur départemental de Rewmi, explique : ‘’Il y a des gens qui n’ont toujours pas reçu leurs cartes. Ils font la navette entre leur maison et la préfecture. D’autres ont reçu leurs cartes, mais ne figurent pas sur les fichiers. Des erreurs sont aussi notées sur certaines cartes. On laisse de côté les gens qui ont des problèmes avec leurs cartes d’identité biométriques, en attendant. Nous prenons les gens qui sont sûrs et qui sont sur le fichier. Nous avons clairement dit aux responsables que s’il y a doute, ne prenez pas.’’

Les responsables du Grand parti, pour leur part, déplorent l’échec noté dans la confection des cartes. ‘’Nous déplorons les problèmes notés sur la délivrance des cartes d’identité biométriques. Nous constatons sur le terrain que des citoyens n’arrivent toujours pas à récupérer leurs cartes. Là où d’autres voient leur nom avec une autre photo. C’est une honte pour un Etat qui a dépensé 52 milliards pour la confection de ces cartes‘’.

Le coordonnateur de Rewmi a une autre préoccupation concernant l’organisation du scrutin à venir. ‘’Ce qui s’est passé à Mbour, lors des élections législatives, nous n’allons plus l’accepter. C’était un sabotage. Un scrutin qui démarre à 15 h, parce qu’il y avait des menaces de vote-sanction, avec le drame du stade Demba Diop. Il faudra, le moment venu, que toutes les dispositions soient prises et qu’on permette aux citoyens de voter convenablement‘’, prévient-il.

En tout état de cause, l’appareil parrainage est lancé. Mais certaines troupes trainent encore les pieds.

KHADY NDOYE [MBOUR] 

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