Publié le 24 Feb 2018 - 01:20
ME DOUDOU NDOYE (AVOCAT DE KHALIFA SALL)

‘’Au Sénégal, on ne connait plus la langue française et on devient de mauvais juristes’’

 

Mbaye Touré et Yaya Bodian risquent-ils d’être les agneaux du sacrifice ? Tout porte à le croire, après la plaidoirie de Me Doudou Ndoye, avocat de Khalifa Sall et de Fatou Traoré.

 

Maitre Doudou Ndoye a clôturé, hier, le premier tour des plaidoiries. Comme ses prédécesseurs de la défense, il a plaidé la relaxe pure et simple de Khalifa Sall et Fatou Traoré. Car, indique-t-il, ‘’il n’y a pas de dossier’’. Pour lui, dans ce procès, il n’y a que des principes de droit et des discussions entre théoriciens du droit. Alors qu’un dossier, relève-t-il, doit être étudié et doit être circonstancié par des faits. L’avocat de faire remarquer que c’est grave de porter des accusations de détournement contre ces personnes. ‘’Quand vous regardez le dossier, il y a des 30 millions de francs Cfa bien dépensés par-ci et des 18 millions bien dépensés par-là. A partir d’un défaut de travail sérieux, on a mis en place un système politique. Ce n’est pas bien’’, a-t-il dit à Malick Lamotte. 

Répondant à ceux qui soutiennent que le maire de Dakar a usé de faux, il avance que le visa n’est pas une signature. ‘’Le président de la République, quand il fait un décret, il vise tous les documents. Ces visas ne disent pas qu’il confirme qu’il a étudié ces lois. Le visa, c’est simplement un constat que le papier qu’on m’a donné existe’’, a-t-il enseigné. A l’en croire, c’est la différence entre ‘’l’instrumentum et le negocium’’ en droit. ‘’L’instrumentum est le simple papier ; le negocium est l’intérieur, c’est-à-dire la substance du papier. Le droit est fondé sur le français et le bon français. Mais, malheureusement, au Sénégal, on ne connait plus la langue française et on devient de mauvais juristes’’, a déclaré l’ancien ministre de la Justice.

L’avocat ‘’lave’’ Khalifa Sall et enfoncent ses co-prévenus

Le conseil de souligner que le vrai problème qui se pose ici, c’est le cas de Khalifa Sall. ‘’L’Assemblée nationale a voté une loi, le 31 décembre 2013, qui dit que les collectivités locales s’administrent librement. Donc, on ne peut pas faire une confusion, sinon, on retourne à l’Etat unitaire, dictatorial. Lorsque la Ville de Dakar dit qu’elle a voté des fonds libres alloués à notre maire, cela ne regarde plus personne. La justice protège tout le monde. Il faut que nous fassions attention’’, a-t-il éclairé.

Mieux, Me Ndoye considère que c’est ‘’même farfelu que l’Etat demande un préjudice matériel’’. ‘’L’Aje et ses avocats n’ont pas regardé leur dossier. Ils sont commandés et téléguidés par les politiciens. On ne se fonde sur rien pour soutenir que Khalifa Sall a détourné des deniers publics. Le tribunal ne le sait pas. Idem pour la partie civile. Tout cela est un faux procès !’’, a-t-il fulminé. Continuant sa plaidoirie, la robe noire affirme que du point de vue du droit, en ce qui concerne le blanchiment de capitaux, on ne cherche pas la réalité du droit.

‘’On met dans un grand sac beaucoup de choses et après on dit que le juge va se débrouiller. Nous de la défense, c’est comme le père de famille qui dit : ’Tuez-moi et laissez toute ma famille vivre.’ Nous sommes là pour la recherche de la vérité. Nous sommes là pour aider le tribunal’’, déclare l’avocat. Et d’expliquer : ‘’Les textes disent que c’est le gérant de cette caisse d’avance qui doit justifier et non pas Khalifa Sall. Les factures du Gie Tabbar ne concernent que Yaya Bodian. Pareil pour Amadou Moctar Diop. Moi, je ne suis dans aucun conflit d’intérêt et je ne charge personne. Mais c’est la réalité du dossier.’’ Avant de laisser entendre : ‘’Si vous relaxez les percepteurs, vous devrez relaxer Mbaye Touré et les autres. Tout le monde est égal devant la loi. Nous sommes en pleine démocratie avec ses errements et ses erreurs.’’

AWA FAYE

Section: