Publié le 3 Jun 2015 - 18:22
Me SIDIKI KABA SUR LES AFFAIRES KARIM WADE ET AIDA DIONGUE

‘’L’ONU n’est pas un tribunal, elle ne juge pas’’

 

En marge de la conférence ministérielle sur le renforcement de l’Etat de droit, une conférence de presse a eu lieu regroupant le ministre de la Justice, le représentant du PNUD Abdoulaye Mar Dièye, et le procureur qatari Ali bin Fetais Al-Marri. Me Sidiki Kaba s’est prononcé sur les récents développements des affaires judiciaires.

 

L’avis du groupe de travail des Nations unies sur les détentions arbitraires, réclamant la libération de Karim, n’est pas du goût du ministre de la Justice. Le Garde des Sceaux a réaffirmé l’indépendance du Sénégal en la matière. ‘’L’ONU n’est pas un tribunal, elle ne juge pas. Le Sénégal est un Etat souverain. Ce sont des institutions judicaires du pays  qui prennent les décisions. La Crei en a pris une, le 23 mars dernier. Elle fait l’objet d’un pourvoi en cassation. C’est la décision qui sera prise par le juge de cassation qui sera définitive, celle qui va s’imposer au Sénégal car la justice est rendue au nom du peuple sénégalais.

Le Sénégal a jugé, et c’est un Etat qui a la souveraineté judiciaire. C’est un principe régalien qui appartient à tous les Etats’’, a-t-il lancé, précisant que ceux qui sont en attente de jugement bénéficient de la présomption d’innocence, mais que les décisions des juridictions sont définitives. Ceci étant dit, il réaffirme le principe de lutte contre l’enrichissement illicite. ‘’Qui que vous soyez, si vous êtes convaincus de corruption, vous devez rendre compte devant la justice. Lorsque vous avez 1 000 francs dans votre compte et que vous sortez avec 1 milliard, vous devez le justifier. Si ces fonds ne sont pas licites, un procès peut avoir lieu’’, déclare-t-il.

Quant à l’immixtion supposée de la chancellerie dans le verdict de l’affaire Aïda Diongue, Me Sidiki Kaba estime qu’il n’est pas grave de commenter un jugement puisque c’est une audience publique. ‘’Le peuple peut commenter une décision de justice. Ce qu’il faut éviter, c’est d’incriminer les juges car nous avons un Etat de droit. Le système judiciaire doit pouvoir fonctionner continuellement sur la base de principes fondamentaux observés dans les Etats de droit.

Il ne faudrait pas donner des bons points ou des mauvais points à la justice selon les contingences’’, lance-t-il avant de poursuivre : ‘’De toute façon, en cette matière, il n’y aura jamais d’unanimité. Deux personnes vont devant le juge car elles ne s’entendent pas. Quand ce dernier tranche, l’individu qui perd dira que c’est injuste et celui qui gagne dira qu’il y a la justice. C’est le lieu de la passion, de la contestation. La justice est toujours soupçonnée’’, déclare-t-il. Pour le ministre de la Justice, l’indépendance des juges sénégalais ne fait l’ombre d’aucun doute bien qu’ils soient nommés au lieu d’être élus. ‘’Que le juge juge car il est libre de décider. Il délivre ses jugements sans contraintes  et sans peur au Sénégal. Le droit et la loi doivent être sa boussole’’, conclut-il.

 

 

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