Publié le 3 Aug 2017 - 14:24
MEDAILLE ARGENT AUX JEUX DE LA FRANCOPHONIE

Du tatami au pinceau, un double champion est né

 

Il est aussi bien sur le tatami que devant une toile. Mbaye Babacar Diouf est un champion de karaté et maintenant un champion des arts plastiques. Aux derniers jeux de la Francophonie tenus en Côte d’Ivoire du 17 au 31 juillet passé, il a gagné la médaille d’argent en peinture.

 

De la délégation sportive il pouvait faire partie si l’équipe nationale de karaté devait participer aux 8e Jeux de la Francophonie accueillis cette année par la Côte d’Ivoire. Quel dilemme alors pour cet artiste au talent connu et reconnu malgré son jeune âge. Heureusement que le cas ne s’est pas présenté puisque le karaté ne fait pas partie des disciplines de la compétition. Ainsi, c’est avec aisance que Mbaye Babacar Diouf  s’est rendu à Abidjan avec l’équipe culturelle. Il n’a pas déçu. Même s’il n’a pas envoyé sur le tatami tous ses ‘’adversaires’’, il a pu au moins monter sur la 2e marche du podium. Il a remporté la médaille d’argent en peinture de ce mini championnat du monde. Les membres de la délégation sénégalaise qui ont vu son œuvre n’en attendaient pas moins de lui. Une consécration qui ne lui monte pas tout de même à la tête.

‘’C’est toujours une fierté de représenter son pays et d’être primé parmi tant d’autres créateurs. Pour moi, le Sénégal doit occuper une place dans la création contemporaine et je me bats pour cela. Ce ne sont pas les médailles et les trophées qui font de moi un grand artiste. Le travail continue’’, dit-il sur un ton réaliste.  Ainsi, pour lui ‘’ce ne sont pas les prix qui sont importants mais avoir une bonne démarche artistique, des sujets pertinents’’. C’est à cela qu’il s’attèle en attendant les prochaines expositions auxquelles il participera.

Son jeune âge lui a certes permis de prendre part à ces jeux puisque les participants devaient avoir moins de moins de 35 ans mais son talent aussi l’a aidé. Ses œuvres ont été soumises à l’appréciation d’un jury régional d’abord. Ensuite une mission de l’organisation des Jeux est venue à Dakar choisir la création devant figurer à l’exposition officielle des Jeux de la Francophonie. C’est finalement que le tableau intitulé ‘’Harmonie humaine’’ a été choisi. La 2e peinture présente à Abidjan a été réalisée sur place par l’artiste au cours des ateliers de créations auxquels ont pris part tous les candidats sélectionnés.

Simplicité dans le travail

Avec sa technique assez particulière Mbaye Babacar Diouf  a su en mettre plein la vue au jury et à tous les visiteurs de l’exposition. D’ailleurs la première dame ivoirienne Dominique Ouattara a passé beaucoup de temps devant son œuvre. Avec pour objectif  de déchiffrer ses codes lors du vernissage. Le travail du peintre Diouf peut intriguer plus d’un. Au Sénégal, certains ne s’approcheraient surement pas d’un de ses tableaux rencontré au hasard. Ils y verraient un des incantations ou écritures mystiques. Que nenni ! C’est de l’art, rien que de l’art. Un bel art d’ailleurs en souvenir de son enfance.

Soufi convaincu

Du temps, Mbaye Babacar Diouf en a passé dans des écoles coraniques.  En effet, ses formes et styles ressemblent beaucoup à l’alphabet arabe. Soufi convaincu, il croit fortement aux valeurs de paix et d’harmonie de la religion musulmane. C’est ce qu’il tente d’ailleurs de montrer dans son travail. Aussi, souligne-t-il, ‘’dans ma création je joue entre les frontières du figuratif, de l’abstraction, du graphisme, du dessein et de la couleur. J’utilise la silhouette du corps humain comme élément graphique pour créer des œuvres’’. Et d’ajouter : ‘’Simplicité et esthétique du nombre résume les concepts plastiques de mon travail. Après une bonne maitrise des techniques académiques j’ai cherché ma propre voie qui n’est rien d’autre que la découverte de ma propre personnalité car pour moi créer, c’est se découvrir, ouvrir une nouvelle fenêtre de sa propre personnalité’’.

Natif de Rufisque, Mbaye Babacar Diouf, après l’Ecole coranique a été inscrit à l’Ecole française. Il a fait ses études moyennes au Cem Canada avant d’intégrer le Lycée Limamou Laye de Guédiawaye. Après le Bac, il réussit le Concours d’entrée à l’Ecole nationale des arts où il obtient une licence en 2007. Il devint alors Professeur d’éducation artistique avant de suivre un Master à l’Institut supérieur des arts et cultures (Isac).

 2007-2017, cela ne fait que dix ans. C’est très minime dans la carrière d’un artiste. Cependant, M. Diouf a su, en si peu de temps, tirer son épingle du jeu en investissant les bons créneaux. Il a commencé ses premières expositions en 2010. Cette année, il participe à la biennale Off du Dak’Art. Il acquiert de l’expérience et participe à l’édition 2014 de ce rendez-vous qui est le plus grand du genre en Afrique pour l’instant, en tant qu’artiste invité. En 2016, ses œuvres ont fait partie de la sélection officielle. Depuis, il enchaîne  les exhibitions à travers le monde. C’est ainsi qu’il a participé au Ségou Art 2016 au Mali, à une exposition ‘’Trésors de l’islam en Afrique’’ à l’Institut du monde arabe à Paris, etc.  

BIGUE BOB

 

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