Publié le 9 May 2020 - 21:42
MENACE SUR LES PERSONNELS DE SANTE

Un cas communautaire installe le malaise à l’hôpital Le Dantec

 

Plus la maladie à coronavirus se propage dans la communauté, plus les personnels de santé qui reçoivent des patients non Covid sont exposés. Après l’hôpital Principal, un cas communautaire diagnostiqué au Service d’urologie andrologie d’Aristide Le Dantec, mercredi, sème le malaise dans le système et a fini de renforcer le sentiment d’abandon ressenti par certains médecins s’occupant d’autres pathologies.

 

Malgré les milliards injectés, un mal-être profond persiste dans le secteur de la santé. Alors que le Pr. Seydi regrettait l’absence de respirateurs artificiels dans certains centres hospitaliers régionaux, d’autres voix autorisées souffrent en silence, face au danger permanent qui guette leurs personnels. Au courant de cette semaine, plus précisément le mercredi 6 mai, informe des sources médicales, un cas communautaire a été diagnostiqué positif au Service d’urologie andrologie de l’hôpital Aristide Le Dantec. Le patient, récemment opéré en urologie, y était arrivé le 5 mai pour une altération de l’état général, une toux, une gêne respiratoire et des sueurs profuses.

Jusque-là rien de grave, mais les choses ont commencé à se compliquer quand les autorités dudit service ont essayé d’entrer en contact avec la cellule Covid-19 de l’hôpital, qu’ils ont fini par joindre au bout d’une heure environ. Le prélèvement a été fait, mais on leur a signifié que le patient ne serait pris en charge que si le test se révélerait positif.  En attendant, c’est à eux de se débrouiller avec les moyens du bord.

Ne sachant pas quoi faire du colis, ne pouvant pas non plus le renvoyer chez lui, les équipes de garde ont dû, par leurs propres moyens, assurer la restauration du patient et de son accompagnant.

Le lendemain mercredi 6 mai, ledit service a demandé des équipements de protection pour assurer, au moins, la mise en condition du patient, informe notre source. Malgré les promesses, ils n’auront jamais les sur-blouses qu’ils sollicitaient pour faire correctement leur job. Ce n’est qu’aux environs de 18 h 30 que le verdict est tombé : le patient est testé positif.

Ce n’est qu’en ce moment que le processus normal de prise en charge du patient et des éventuels contacts a été mis en branle. Ce qui a fini d’irriter certains professionnels et mis à nu les failles dans le système de prise en charge de la maladie. Pire, regrettent nos interlocuteurs, le secteur de la santé est, de plus en plus, caporalisé comme si on était dans l’armée. En fin mars dernier, tous les directeurs d’hôpitaux ont été convoqués par la tutelle pour leur intimer l’ordre de restreindre leurs sorties médiatiques, de se mettre au pas de la communication gouvernementale.

A en croire toujours nos sources, ce nième cas noté dans l’un des plus grands hôpitaux du Sénégal met en lumière un certain nombre de carences. D’abord, le dispositif de filtration des malades à l’entrée de l’hôpital est inefficace, car il n’a pas empêché le patient d’arriver en urologie par la détection de sa fièvre. Mais le grand problème que cela semble mettre en exergue, c’est la dualité dans le système de prise en charge des malades. C’est une erreur, estiment nos sources, d’imaginer que les personnels qui s’occupent de patients atteints de Covid-19 sont plus exposés. Ceux qui s’occupent des patients non Covid le sont autant, sinon sont plus menacés, car les premiers, au moins, savent à qui ils ont affaire. Selon leurs témoignages, l’insuffisance des moyens de protection de ce personnel – s’occupant des non Covid - est évidente. Pour certains services, c’est seulement 20 masques par semaine pour tout le service. Aux personnels, ils rappellent qu’aucun symptôme ne doit être ignoré, aussi minime soit-il.  

MOR AMAR

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