Publié le 2 Jan 2019 - 14:51
MESSAGE DE NOUVEL AN

La justice zappée, le Sytjust se désole

 

Dans son discours de Nouvel An, le président de la République a zappé la justice. Une omission dont se désole le Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust).

 

Le secteur de la justice est sous les feux de la rampe, avec, d’une part, les récurrentes sorties du président de l’Union des magistrats sénégalais (Ums) dénonçant l’absence d’indépendance ; d’autre part, les perturbations notées depuis plusieurs semaines, avec la reprise, par le Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust) de son plan d’action. D’ailleurs, après une marche nationale, les syndicalistes se sont radicalisés, en décrétant le 27 décembre dernier une grève illimitée de 48 heures renouvelable. Les grévistes n’ont cessé d’interpeller le chef de l’Etat sur leurs revendications, d’autant plus que celui-ci avait pris des engagements, lors d’une audience qu’il avait accordée aux syndicalistes en avril dernier. Leur appel semble tomber dans l’oreille d’un sourd. Car, dans son message de fin d’année, le président Macky Sall n’a pipé mot sur la justice, encore moins sur les conditions de travail de ses acteurs.

Cette omission est une pilule amère qui a du mal à passer pour Me Ameth Touré, le chargé de communication du Sytjust. Même s’il reconnaît que tout ne peut pas être évoqué dans ce rituel républicain, il trouve quand même ‘’assez surprenant’’ que le président ne se soit pas prononcé sur l’institution judiciaire. ‘’Lui seul pourra donner ses raisons, mais c’est regrettable qu’il n’ait pas pipé mot pour montrer l’importance des enjeux de l’institution judiciaire. Surtout qu’il y a beaucoup d’interpellations adressées à la justice dans sa marche, dans son fonctionnement et c’est lui le garant de la bonne marche des institutions’’, se désole le greffier. Ce dernier trouve ce silence anormal, dans un contexte où on a vu ‘’les magistrats avec des revendications, certains démissionner, des travailleurs de la justice sur le qui-vive pour réclamer de meilleures conditions’’.

Très critique, il souligne que la justice a un rôle fondamental dans la consolidation de l’Etat de droit et c’est également le dernier pilier. Par conséquent, c’est assez ‘’inédit’’ l’oubli du président, alors que, argue-t-il, ‘’on ne peut pas bâtir une nation avec une justice qui n’est pas forte et marquée par des grèves cycliques auxquelles les gens n’arrivent pas à apporter une solution’’. Dans la même veine, il estime que les engagements pris par les investisseurs, lors de la réunion du Groupe consultatif de Paris, sont voués à l’échec. ‘’Les investisseurs ne viendront jamais investir leur argent dans un pays où la justice n’est pas indépendante, avec des grèves répétitives. Celles-ci donnent l’image une mauvaise image de notre justice, car les investissements directs pourraient souffrir de ce manque d’égard envers la justice’’, croit savoir le greffier. Me Ameth Touré ajoute que l’attitude du président est faite à dessein, car pour ne pas tomber dans le piège de tous ces procès étiquetés politiques.

Macky Sall : ‘’Ce n’est pas moi qui poursuit, mais le procureur’’

Justement, par rapport à ces procès, au fonctionnement du Conseil supérieur de la magistrature (Csm), le chef de l’Etat a en parlé, après son discours. C’était lors de la conférence de presse organisée à la fin de son discours. Il a rappelé que sa présence au sein du Csm comme président est ‘’honorifique’’. Concernant l’indépendance de la justice, Macky Sall trouve qu’il n’y a rien à dire. ‘’La justice fonctionne selon des principes de liberté. Ce n’est pas moi qui poursuit, mais le procureur, même si ce dernier dépend du ministre de la Justice qui dépend de moi’’, a-t-il martelé pour réfuter les accusations d’immixtion de l’Exécutif dans le fonctionnement du Judiciaire.   

FATOU SY

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