Publié le 12 Apr 2019 - 19:43
MIGRANTS CLANDESTINS MORTS OU PORTES DISPARUS

La Croix-Rouge au chevet des familles 

 

Le Comité international de la Croix-Rouge (Cicr) section Sénégal intervient auprès des familles des migrants clandestins portés disparus ou sans nouvelle d’eux. Les départements de Kolda, Vélingara, Tamba et Goudiry sont les plus touchés.

 

Vu l’ampleur de la migration clandestine, le Comité international de la Croix-Rouge (Cicr) a inclus, dans son intervention, la santé mentale des familles des migrants disparus. A cet effet, les départements de Kolda, Vélingara, Tamba et Goudiry se trouvent être les plus touchés par le phénomène. Ainsi, ce sont 101 familles au total qui bénéficient d’un soutien psychologique, face au sort inconnu d’un fils parti en Europe par la voie clandestine.

‘’Dans ces familles, la douleur, l’inquiétude, la frustration, la colère, l’isolement et la tristesse sont les sentiments que l’on constate. Au niveau social, elles sont discriminées, stigmatisées et n’ont pas le droit d’assister à certains événements’’, a déclaré Hala Yahfoufi, Déléguée santé mentale, mercredi dernier, lors d’une matinée de formation sur les domaines d’intervention de la Croix-Rouge à l’échelle mondiale. Une formation pour les journalistes assurée par l’équipe du Sénégal.

Selon elle, cette situation est d’autant plus difficile que la communauté les tient pour unique responsable de la disparition de leur enfant, car ayant participé au frais de voyage. ‘’Nous avons rencontré des femmes mariées qui ne savent rien du sort de leur mari parti à l’aventure. Ces dernières vivent dans l’incertitude totale et il leur est interdit de se remarier. Sur le plan culturel, le deuil est une question sensible. Comment faire un deuil sans corps ? Comment le faire, si l’on ne sait pas si le fils ou le mari est mort ou non ? Voici autant de questions qui rongent ces familles’’, poursuit-elle.

Ainsi, le Cicr les aide à s’adapter à l’absence de leurs proches, non sans mener des recherches pour retrouver les disparus. Il sensibilise les chefs religieux et communautaires quant au poids du regard social, afin de favoriser l’intégration des proches des disparus.

 Gestion des crises

A travers cette formation pour les journalistes, l’institution entend mieux communiquer sur son champ d’action et outiller les hommes de médias pour le traitement adéquat de l’information en période de crise. ‘’En période de crise, vous êtes des relais et il est primordial que vous rapportiez des propos justes et corrects, lors du traitement de l’information, pour ne pas mettre de l’huile sur le feu. Aussi, parfois, vous êtes amenés à traiter des communiqués émanant de la Croix-Rouge, d’où la pertinence de notre rencontre d’aujourd’hui’’, a expliqué Patrick Megevand, Coordonnateur de la communication de la délégation de Dakar. Celle-ci, intervenant au Cap-Vert, en Gambie, en Guinée-Bissau et au Sénégal, s’attèle à protéger les civils contre toute atteinte à leur vie, par un dialogue avec les forces armées, comme c’est toujours le cas dans le conflit casamançais.

En outre, le Comité international de la Croix-Rouge agit pour le rétablissement des liens familiaux après des affrontements, visite les personnes privées de liberté pour s’assurer du respect des conditions de détention. Au plan économique, les personnes les plus affectées par le conflit ont bénéficié de microprojets générateurs de revenus, de la réhabilitation de leurs habitations, de points d’eau.

Les différentes sections, dans les 45 départements du Sénégal, agissent de façon autonome, en s’appuyant sur les sociétés nationales. Constituées de volontaires formés aux premiers soins de secours et à la prise en charge des victimes de guerre, elles soutiennent l’action de proximité de la Croix-Rouge. ‘’Ces personnes sont issues des différentes localités, donc connaissent bien les réalités de leur milieu et les besoins. En outre, elles bénéficient régulièrement d’une formation adéquate pour mener à bien leur mission’’, précise Lazare Sagna, chargé de communication des sociétés nationales.

En outre, garant du droit international humanitaire, le Cicr œuvre pour qu’il soit respecté en temps de crise et de guerre par les protagonistes. Né de la Convention de Genève en 1949, il est sans équivoque quant à la protection des civils ne participant pas aux hostilités. Aussi appelé ‘’droit de la guerre’’ ou ‘’droit des conflits’’, le Dih restreint le choix des protagonistes quant aux méthodes et moyens de guerre. Il vise à préserver une certaine humanité, même au cœur d’un conflit, car il stipule que toute personne atteinte, quel que soit son camp, doit bénéficier de soins et d’assistance, et qu’en aucun cas l’action de la Croix-Rouge ne doit être empêchée.

‘’Je pense que la connaissance des termes du droit international humanitaire vous permet, en tant que journaliste, de poser les bonnes questions. Des questions pertinentes, lors d’un conflit’’, estime Patrick Megevand. Par ailleurs, le Dih est applicable, lors de conflits internationaux, de situations d’occupation d’une partie et de tout un territoire, et enfin lorsque des conflits armés éclatent à l’intérieur d’un pays.

 

EMMANUELLA MARAME FAYE

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