Publié le 1 Dec 2018 - 23:27
MIKE SYLLA (STYLISTE ET DESIGNER)

‘’Ce que représente le Bexlive pour moi…’’

 

Artiste pluridisciplinaire, Mike Sylla est surtout connu dans le monde de la mode. Il est établi en France depuis quelques années et il vient de remporter le prix Bexlive en Angleterre. Dans cet entretien avec ‘’EnQuête’’, il dessine les contours de son parcours et décline ses perspectives.

 

Pouvez-vous nous parler un peu plus de vous ?

Je suis un artiste pluridisciplinaire qui a 26 ans de carrière à son actif. J’apporte ma contribution à la mode africaine par la création d’un art porté, en tant que styliste designer, à la culture universelle en tant que concepteur de spectacles,  rassembleur et compositeur de musique. Je m’engage artistiquement sur la scène internationale pour montrer les valeurs de ma culture sénégalaise et africaine. J’ai créé mes propres instruments - les Koralyres - symboles de la fusion des cultures du monde et je suis au cœur de la poésie, pour avoir initié et conceptualisé des spectacles liés aux arts tels que l’’’Opéra Baïfall’’, ‘’Baïfall Dream & The human Tribe’’, l’’’Afro Fashion Show’’ et à l’oralité une trilogie de spectacles tels que ‘’Slam Opéra’’, ‘’Slamoperette’’ et ‘’Slamophonie’’, et l’organisation d’évènements comme l’Afro Free Market et l’Afro Fashion Week.

Quand on dit Mike Sylla, on pense souvent à ‘’Baïfall Dream’’. Qu’est-ce que cela signifie ?

Par le biais de multiples influences, je suis natif de la Médina de Dakar et m’inspire de la culture profonde de l’Afrique de l’Ouest qui m’a permis, à travers mes créations, de créer des combinaisons multiples de couleurs et de motifs qui assurent la singularité de chaque œuvre. De la peinture et de l’art vivant, j’ai créé le concept ‘’Baïfall Dream’’, le rêve des couleurs de l’art en 1992 et ai fédéré un collectif d’artistes Baïfall Dream & The Human Tribe autour de ma marque réunissant la mode, la peinture, la danse et la musique. Je signe mes créations Baïfall Dream by Mike Sylla, une belle alchimie entre l’Afrique et l’Occident. Ma vision de l’art est multiple, mouvante. Ma mode est en perpétuel mouvement, elle évolue et sympathise avec le reste du monde.

Vous avez commencé à travailler dans le stylisme ici au Sénégal ou en France. Comment les choses ont commencé ?

J’ai travaillé l’esprit du recyclage du cuir et du daim vintage dans les années 1990 à Paris, afin d’anoblir les matières en leur donnant une seconde vie. Puis, l’art appliqué à mes créations est venu pour rapprocher diverses origines et cultures. Par le biais de rencontres et de participations à des salons professionnels, j’ai collaboré avec des artistes et ma griffe s’est développée pour être réalisée en atelier. Ce qui m’a conduit à collaborer avec des grandes marques internationales, d’habiller des personnalités artistiques et politiques. Je réalise des pièces uniques et des travaux sur commande en cuir neuf et chaque création est étudiée par mes soins pour valoriser l’art porté.

Vous venez de remporter le prix international de mode et de couture Bexlive. Que représente cette distinction pour vous ?

En tant que figure de la diaspora, je suis très reconnaissant que mon travail artistique et culturel soit reconnu et apprécié dans le milieu de la mode internationale. Les organisateurs du Bexlive reconnaissent les réalisations et donnent du profil et de la visibilité aux entreprises, aux professionnels et aux membres de communautés exceptionnels, une excellente initiative ! Le label Mike Sylla Couture est le style auquel je m’engage à perpétuer dans le milieu de la création. Je dédicace cette récompense au Sénégal et à l’Afrique, aux talents et à la diaspora pour la promotion et le développement du continent.

Une reconnaissance d’un pays anglais, ce n’est pas facile. Après plus d’une vingtaine d’années de travail, n’est-ce pas une reconnaissance pour vous ?

Je suis ravi d’avoir pu représenter et honorer l’Afrique et défendre mon travail artistique à Birmingham. J’ai pu avoir d’autres prix les années précédentes et je suis de ceux qui persévèrent pour montrer ce que l’Afrique a de meilleur. Je continue à développer ma mode et mes objectifs artistiques que je souhaite atteindre. Je remercie Bexlive Uk qui a cru en moi en me couronnant de succès ! Je suis positif et ma motivation est de partager avec les gens des moments d’échanges riches et les rencontres que l’on fait sur notre chemin sont les garants de notre réussite.

Parlez-nous de la collection qui vous a permis de gagner ce prix ?

Mes pièces sont reconnaissables, car elles valorisent l’art porté et la création d’œuvres d’art mobile, une vison de la mode aux formes rétro et aux éléments décoratifs peints. Mes créations ont séduit le monde de ce grand rendez-vous ! Je me suis engagé artistiquement vers ce concept avant-gardiste et il est vrai que mon style est innovant avec différentes tendances et influences universelles : une atmosphère Street-Art en mouvement, un véritable travail d’art confidentiel, exclusif et personnalisé.

Vous travaillez beaucoup le cuir. Pourquoi ce choix ?

J’aime travailler et façonner les matières de prédilection comme le cuir et le daim. Ce sont des matières qui m’inspirent et qui respirent. Ainsi, je peux les mettre en mouvement ; ce qui me rappelle mon Afrique ! C’est un  style unique consistant à fusionner les genres et à arborer les couleurs et les matières nobles de manière subtile. J’aime l’esprit de peau sur peau.

Que vous inspire ce qui se fait au Sénégal en matière de mode ?

Les créateurs ont besoin de soutien et de partenaires pour faire avancer leurs projets et créer des emplois pour que leurs affaires puissent prospérer. La création d’inspiration afro s’exporte et voyage à travers les vestiaires du monde entier depuis, l’empreinte afro étant devenue une référence phare. Les stylistes africains sont très créatifs et pointus, ils prennent une place sur le marché de la mode internationale. Les tissus confectionnés au Sénégal sont très intéressants et devraient être exportés. J’ai rencontré des créateurs d’accessoires géniaux ! Le Sénégal est réellement une belle vitrine de la mode africaine.

Pensez-vous à un évènement majeur de mode que vous pourriez porter et organiser au Sénégal chaque année ?

Je pense au Sénégal avec le Comptoir des arts du Sénégal et d’Afrique que je développe pour la formation des jeunes aux métiers des arts visuels liés à la mode et au multimédia. C’est comme un défi ! A chacun de mes passages à Dakar, je multiplie des actions de partage par des défilés et répond à diverses interviews qui me permettent de me rapprocher des compatriotes.

Mon devoir est de représenter mon pays, le Sénégal, et l’Afrique à travers mes actions de mode et de culture dans le monde pour la jeunesse africaine et sa diaspora. Je continue de développer ma mode et de valoriser l’art porté en France et à l’international, et de multiplier mes actions. Je souhaite organiser un évènement pour honorer mes 25 ans de création auprès des Sénégalais à Dakar. Je m’ouvre aussi sur des nouvelles initiatives dont la Dsntv, la télévision de la diaspora et des Sénégalais de l’extérieur que je développe, pour promouvoir la culture sénégalaise et sa diaspora dans le monde.

Si vous étiez le styliste du couple présidentiel, comment les habilleriez-vous ?

De par mon expérience, j’ai habillé quelques chefs d’Etat et personnalités. Pour le couple présidentiel, je pense plus leur proposer des tenues confortables et de soirées, bien sûr avec des matières nobles, en leur créant un style contemporain et moderne.

BIGUE BOB

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