Publié le 22 Aug 2017 - 20:21
MISE EN DEMEURE DES TROIS OPÉRATEURS

L’ARTP agit, les consuméristes minimisent

 

SONATEL, Tigo et Expresso ont un mois pour améliorer la qualité de leur service dans les départements de Dakar, Pikine et Rufisque. Les opérateurs de téléphonie mobile ont été mis en demeure par l’ARTP qui menace de sévir. Les associations de consommateurs, elles, demandent plus de fermeté.

 

L’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) a mis en demeure les trois opérateurs de téléphonie mobile au Sénégal. Dans trois différentes correspondances de même teneur datées toutes du 16 août, le gendarme des télécoms leur a fait comprendre que les évaluations faites sur le terrain révèlent des dysfonctionnements dans la qualité de service. La note révèle qu’à ce jour, Pikine est le moins bien servi dans la région de Dakar. Tous les opérateurs ont raté l’objectif fixé par le régulateur dans ce département.

Pour Orange, il faut y ajouter le département de Rufisque. ‘’Aussi, votre société ne réalise pas la performance escomptée en termes de qualité vocale dans le département de Dakar’’, ajoute Abdou Karim Sall, le DG de l’ARTP, s’adressant à Alioune Ndiaye son homologue de la SONATEL. Les mêmes manquements sont aussi notés avec le réseau Expresso pour le département de Dakar et l’autoroute à péage. À tous ces opérateurs, le régulateur demande de prendre les dispositions idoines pour corriger les manquements dans un délai de 30 jours. À défaut, il promet de sévir. ‘’Si de tels dysfonctionnements persistent au-delà du délai imparti, l’ARTP se verra dans l’obligation d’en tirer toutes les conséquences de droit, conformément à la règlementation en vigueur’’, avertit le régulateur.

Seulement, du côté des associations de défense des consommateurs, l’on n’est pas forcément emballé par cette  nouvelle.  Mandiaye Guèye, le président de l’Association sénégalaise des utilisateurs des tics (ASUTIC) trouve qu’il n’y a rien de nouveau. D’après lui, les trois principaux problèmes dans le secteur des Télécoms au Sénégal ont toujours été la mauvaise qualité de service, l’inaccessibilité du réseau et les tarifs trop élevés. Ce qui l’amène à dire que la qualité du réseau ne saurait être limitée dans les départements cités par l’ARTP, car il suffit de sortir de Dakar pour vivre les désagréments. N’empêche, en dépit de toutes ces réserves, M. Guèye pense qu’il y a du positif dans cette démarche. ‘’Nous saluons cette initiative, nous l’encourageons, pour qu’enfin l’ARTP assume ses prérogatives. Pour une fois, ils (les dirigeants) prennent leur courage à deux mains pour se pencher sur les doléances des Sénégalais. C’est cela la mission de l’ARTP’’, se félicite-t-il.

L’Association des consommateurs du Sénégal (ASCOSEN), par contre, n’y voit aucune avancée. Selon Momath Cissé le vice-président, l’ARTP doit changer les textes. De son point de vue, donner un mois à un opérateur pour qu’il puisse s’ajuster, c’est trop. ‘’On ne peut pas comprendre que le consommateur souffre pendant 28 jours et qu’au 29e, on lui donne un semblant de qualité. Je dis bien semblant de qualité, parce qu’à chaque fois, c’est comme ça. On leur laisse un mois, pendant 29 jours on trinque et après, ils essaient d’améliorer la qualité pour 24 heures…

Depuis belle lurette, nous n’avons pas la qualité que nous demandons’’, s’offusque M. Cissé qui dénonce en même temps l’absence de dédommagement pour les usagers. Le camarade de Momar Ndao fustige ce qu’il considère comme du laxisme avec le régime de Macky Sall et regrette même le temps de Me Wade où l’opérateur payait en cas de sanction. Aujourd’hui, pense-t-il, l’ARTP fait semblant d’assumer sa mission, alors qu’il n’en est rien. ‘’J’appelle cela l’ARTP new-look. On vous fait une amende de 30 milliards, et finalement vous ne payez rien, zéro franc. Les choses sont toujours réglées à l’amiable’’, regrette-t-il. 

Ainsi, les associations demandent à l’Etat, l’ARTP en particulier, de se pencher sur les vrais problèmes de ce secteur pour y apporter des solutions.     

BABACAR WILLANE

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