Publié le 23 Nov 2019 - 01:07
MOBILITE DU BETAIL DANS LE SAHEL

Comment sécuriser la transhumance transfrontière

 

La transhumance transfrontalière dans le Sahel est perturbée par l’insécurité dans certains pays. La Cedeao, à travers son Projet d’appui au pastoralisme dans le sahel (Praps) veut prévenir la survenue des conflits rattachés au pastoralisme et sécuriser les espaces pastoraux.

 

Dans le sahel, l’élevage des ruminants est de plus en plus perturbé par l’insécurité dans certains pays et le changement climatique avec l’irrégularité des saisons et l’avancée du désert. Ce qui fait que les éleveurs sont souvent obligés de transhumer dans des zones lointaines à la quête de meilleurs pâturages pour la sauvegarde de leur troupeau. La transhumance transfrontalière est ainsi devenue très fréquente. Ce constat a poussé la Cedeao, à travers le Projet régional d’appui au pastoralisme dans le sahel (PRAPS) regroupant les pays dits du Couloir Ouest de l’espace de la Cedeao (Sénégal, le Mali, Côte d’ivoire, Sierre Léone, Liberia, Mauritanie et Gambie), à organiser la première édition de la réunion de haut niveau pour une transhumance transfrontalière apaisée.

L’objectif de cette rencontre sous régionale est de contribuer à l’amélioration de la gestion des flux de transhumances transfrontalières et de commercialisation du bétail, en fournissant aux décideurs politiques des informations leur permettant de prendre des décisions stratégiques et opérationnelles relatives aux déplacements des animaux entre les pays. Au cours de cette rencontre qui a regroupé les différents ministres en charge de l’élevage des pays concernés, il a été question de mettre en place un mécanisme permettant de prévenir la survenue des conflits rattachés au pastoralisme et à la transhumance transfrontalière et de sécuriser les espaces pastoraux. Ce, pour protéger davantage les transhumants face à la dégradation des conditions sécuritaires dans le Sahel.

 ‘’La présente concertation sous régionale de haut niveau devrait nous permettre de jeter les bases d’un dialogue constructif entre Etats, d’une part, et les principaux protagonistes du pastoralisme et de la transhumance, d’autre part. Il faut garantir aux pasteurs le plein droit d’exploiter les ressources pastorales en vue de la satisfaction de leurs besoins socio-économiques et culturels. Il est évident que la mobilité du bétail doit s’accommoder aux exigences de paix sociale et au respect des droits reconnus aux différents usagers de l’espace agro-sylvo pastoral’’, a déclaré Samba Ndiobéne Ka, ministre de l’Elevage et de la Production animale qui a présidé la rencontre.

‘’Il nous faut une transhumance débarrassée de toute violence. Notre idée est de faire de la transhumance transfrontalière une opportunité de développement socio-économique et pas une menace pour la paix et la sécurité pour nos différentes communautés’’, a ajouté le commissaire à l’élevage de la Cedeao. Le ministre malien de l’Elevage et de la Pêche, Rokia Maguiraga Kane, d’ajouter : ‘’La transhumance transfrontalière est de plus en plus pratiquée dans les pays du couloir ouest. Elle doit être pratiquée dans les normes de respect de l’environnement, des réglementations et des us et coutumes des zones et des pays de séjour, afin d’éviter les nombreux conflits qui en découlent principalement entre agriculteurs et éleveurs’’.

Les recommandations pour une mobilité transfrontalière réussie

Ainsi, les participants ont souligné au cours des discussions les défis à relever pour une transhumance apaisée dans le couloir ouest de l’espace Cedeao. Il s’agit entre autres du respect des normes de prise en charge médicale des animaux en transhumance et de faciliter aux transhumants la mobilité dans les frontières. Les ministres des pays concernés ont ainsi recommandé à la Cedeao d’accompagner les Etats dans leurs efforts de lutte contre les maladies animales transfrontalières. Faciliter les concertations et les dialogues bilatéraux entre les acteurs du couloir ouest pour un meilleur encadrement de la transhumance transfrontalière et d’appuyer l’opérationnalisation de l’observatoire sous régionale de la transhumance transfrontalière.

En ce qui concerne les Etats, les experts et ministres ont recommandé de réactiver et reformer les coopérations en transhumance transfrontalière. De renforcer la surveillance épidémiologique sur les maladies animalières transfrontalières en harmonisant les opérations périodiques de vaccination des bétails et considérer la transhumance comme une opportunité de développement socio-économique. Et développer le système d’identification des animaux pour éviter les phénomènes de vols de bétail.

Pour évaluer les aboutissements de ces recommandations, la commission élevage de la Cedeao, en collaboration avec le PRAPS, compte organiser la deuxième édition de cette réunion de haut niveau, l’année prochaine en Mauritanie.

ABBA BA

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