Publié le 16 Apr 2014 - 11:17
MODIFICATION DU CODE GENERAL DES COLLECTIVITES LOCALES

La mairie ouverte à tous les vents...

 

L’adoption des articles 31, 92 et 95 de la loi n°2013-10 du 28 décembre 2013 portant code général des collectivités locales, vient de corriger un «dysfonctionnement» en rétablissant les «analphabètes» dans leur «droit» à ne pas savoir ni lire ni écrire en langue française.

 

Désormais, tout sénégalais ne sachant ni lire ou écrire en français peut, s’il le désire, briguer le suffrage des électeurs aux élections locales. L’assemblée nationale a fait sauter le verrou qui bloquait les «analphabètes» sur ce registre en adoptant hier le projet modifiant les articles 31, 92 et 95 de la loi n°2013-10 du 28 décembre 2013 portant code général des collectivités locales.

Sur la quarantaine de députés présents à l’hémicycle, seuls deux (Samba Bathily et Mamadou Faye de Rewmi) étaient contre. De quoi réjouir le ministre de l’Aménagement du territoire et des Collectivités locales, Omar Youm pour qui, ‘’la réforme territoriale s’inscrit dans une logique de perfectionnement de la politique nationale de décentralisations’’.

‘’Au vote de la loi sur les collectivités locales, constate le ministre, il y a eu une réaction du monde rural dont bon nombre de collectivités était géré par des analphabète en français. Il fallait donc légiférer en tenant compte de notre environnement immédiat. Une législation ne doit pas être en déphasage avec son environnement culturel’’, a justifié Me Youm.

Ainsi, les alinéas 3 des articles 31 et 92 disposent : ’’Les membres du bureau, en raison des responsabilités qui leur sont dévolues, doivent savoir lire et écrire’’. Alors que l’alinéa premier de l’article 95, stipule que ‘’le conseil municipal élit le maire et les adjoints parmi les membres sachant lire et écrire’’.

Dans son intervention, le député Samba Diouldé Thiam (mouvance présidentielle) a souligné que cette modification aurait dû intervenir depuis longtemps. ‘’Il faut tirer les leçons de cette constatation. (…) Car, 54 ans après notre indépendance, voilà que nous avons toujours un problème avec le français. Il faut aujourd’hui introduire les langues nationales dans le système éducatif pour que leur usage ne soit pas seulement toléré mais accepté’’, suggère-t-il. Même si elle approuve cette loi, Aïda Mbodji (Parti démocratique sénégalais) a rappelé le principe suivant : «on ne change pas les règles du jeu au cours du jeu».

Thierno Bocoum (Rewmi) a pour sa part affirmé que le problème reste entier dans la mesure où les documents qui ont été soumis aux élus locaux sont rédigés en français. Une préoccupation que le ministre Oumar Youm a prise en charge en promettant de traduire le budget des collectivités locales. Mieux, ces dernières verront leur budget revu à la hausse, de 4,45 milliards à 6,230 milliards Cfa.

‘’Le ridicule tue à petit feu’’

Par ailleurs, la séance plénière aura été par moment très houleuse surtout avec l’intervention du député de Rewmi, Mamadou Faye. Ce dernier a traité le ministre de «faussaire» car, dit-il, le projet de loi qui a été présenté a été ‘’tripatouillé’’ (voir ailleurs). Réplique de Me Youm : ‘’Nous ne sommes pas un gouvernement de faussaires, ni un gouvernement dirigé par des faussaires.(…) Lorsqu’une loi est votée, il est transmis au président de la République pour sa promulgation.

Je ne vois pas comment un ministre peut tripatouiller la loi ?’’ Visiblement  irrité par la persistance de Mamadou Faye, le ministre a poursuivi : ’’on dit souvent que le ridicule ne tue pas. (Mais) je reste convaincu que le ridicule tue à petit feu.’’ Le député de Rewmi qui a demandé le renvoi de l’examen du projet de loi a vu sa requête rejetée par l’assemblée.

DAOUDA GBAYA

 

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