Publié le 11 Dec 2019 - 18:56
MOMAR SANE (HANDICAPE DES MEMBRES INFERIEURS)

‘’J’ai vu mon handicap en rêve’’

 

Agé de 50 ans, Momar Sané dit ’’Mor’’ vit un handicap qu’il a, dit-il, vu en rêve. Il a accepté de se confier à ‘’EnQuête’’ pour narrer son histoire. Emouvant.

 

Sa façon de se déplacer ne laisse pas indifférent. Pour bouger, Momar Sané dit ‘’Mor’’ doit faire des roulades. Un spectacle émouvant qui vous fend le cœur. Ce natif de la Médina, domicilié actuellement Jaxay 2, à Keur Massar, avec sa femme et ses 8 enfants, vit dignement son handicap des membres inférieurs. ‘’Je suis né et j’ai grandi à la Médina, à la rue 11. Je marchais tranquillement jusqu’à mes 14 ans. Nous étions en 1989. Un jour, alors que je dormais, j’ai vu mon handicap en rêve. J’ai vu des gens habillés en blanc qui évoquaient très fort le nom d’Allah. Ils me disaient que j’allais avoir un handicap. Que je devrais rester digne dans cette épreuve, pour qu’à chaque fois qu’une personne me voit, elle pense à Dieu, à sa mission sur terre. Ils me disaient aussi que j’allais vivre mon handicap pour le restant de ma vie. Je leur ai répondu que je ne comprenais rien, toujours dans le rêve’’, raconte Mor.

Ensuite, il a sursauté de son lit et s’est rendu compte que ses pieds ne bougeaient plus. ‘’Je ne les sentais plus. C’est comme ça que les choses se sont passées. J’ai fait le tour des hôpitaux. Le dernier où j’ai été, j’y ai passé une année et demie, en vain. Sur ce même lit d’hôpital, les mêmes individus me sont apparus en rêve. Ils me demandaient de dire à mon père que je ne marcherai plus jamais. Je l’ai expliqué à mon pater qui ne m’a pas cru. J’en ai aussi parlé à ma mère’’.

Tout compte fait, ajoute-t-il fataliste, ‘’c’est Dieu qui en a décidé ainsi. En tant que pratiquant et musulman, il faut l’admettre. Ma façon de me déplacer ne me pose aucun problème. J’ai l’habitude. Je n’ai aucun membre de mon corps qui me fait mal. Cela ne me fatigue pas non plus. Je suis à l’aise, quand je bouge. Mon seul souci, c’est de trouver le moyen de faire vivre ma famille. Le reste, je le gère’’, assure-t-il.

‘’C’est vraiment dur pour moi…’’

‘’Je tends la main à tout le monde. Je veux une maison pour ma famille. La location me fatigue. Je rends grâce à Allah qui a fait de moi un handicapé. Je prie pour pouvoir vivre ma condition en toute dignité. Je suis à l’écoute de toute bonne volonté qui pourrait faire quelque chose pour moi. Toute aide est la bienvenue. Le moteur de mon fauteuil roulant est tombé en panne. Son prix varie entre 100 000 et 200 000 F Cfa. Pour marcher, il faut que je fasse des roulades. C’est difficile’’, confie Mor.

Qui poursuit : ’’Je vis en famille. J’ai sous ma charge une femme et 8 enfants. A la fin du mois, je dois payer la location. Toutes ces dépenses sont pesantes.’’

CHEIKH THIAM

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