La préparation du Sénégal, qui a finalement obtenu une victoire ce lundi (2-0) contre la Corée du Sud, est jugée satisfaisante par l’entraîneur du Dakar Université Club (Duc). Mais Saliou Beau Touré déplore le manque d’efficacité.

Le Sénégal a bouclé sa préparation au Mondial par une victoire (2-0) contre la Corée du Sud, ce lundi. N’est pas un résultat favorable pour mieux entamer la compétition ?

Une victoire avant la compétition, c’est une motivation pour le groupe. Perdre un match de préparation à la veille d’un tournoi comme la Coupe du monde, cela peut faire douter une équipe. Le match d’hier (lundi) va remobiliser la troupe.

Quels sont les enseignements qu’on peut tirer de l’ensemble de la préparation du Sénégal ?

L’ensemble de la préparation n’était pas mal. Se préparer au Sénégal ou à l’extérieur... ce qui est important, c’est d’avoir une bonne préparation. On a joué cinq rencontres : on a perdu une seule fois, fait trois matches nuls et obtenu une victoire.

Quels sont les points positifs qu’on peut retenir ?

Le premier point positif à relever, c’est la victoire. Il y a aussi l’esprit de groupe. C’est vrai qu’ils n’ont pas tout le temps gagné mais ils n’ont perdu qu’une seule fois, en 5 rencontres. Dans ce genre de compétition, il faut avoir des joueurs très forts mentalement. Ce qui manque, c’est la lucidité devant les buts.

Contre la Croatie, ils ont fait une bonne première période. En seconde période, ils ont manqué de concentration et on a pris des buts. En plus, on n’a pas un tueur, c’est-à-dire un joueur qui marque à tous les matches. Quand on va dans une compétition comme le Mondial, on doit avoir un joueur capable de décanter la situation.

Aliou Cissé a eu à essayer différents systèmes de jeu. Lequel vous semble mieux adapté à l’équipe sénégalaise ?

Le système de jeu le plus facile, c’est le 4-3-3. Aliou ne va jamais jouer avec le 3-5-2. Il ne faut pas oublier que c’est une sélection et non une équipe de club. Même dans cette dernière, c’est au bout de six mois que le coach peut songer à jouer avec le 3-5-2. Le 4-3-3 est le système idéal pour Aliou Cissé.

Durant ces matches amicaux, qui sont les joueurs qui vous ont convaincu et ceux qui sont en deçà de vos attentes ?

Par rapport à ce que j’ai vu, ce n’est pas mal. Le joueur de Bordeaux, Youssouf Sabaly, m’a séduit. Ismaïla Sarr aussi a été bon. L’équipe est en place défensivement. Mais j’ai un problème avec la finition. Pour gagner un match, il faut mettre des buts.

À l’axe central, il y a Salif Sané qui a été aligné aux côtés de Kalidou Koulibaly. Pensez-vous qu’Aliou Cissé tient l’homme qu’il faut pour suppléer Kara Mbodj ?

Dans le football, il y a un plan A et un plan B. Mais dans un groupe, tous les éléments se valent. Le plan A, c’est Kara. Quand il n’est pas là, il y a Salif Sané ou Cheikhou Kouyaté qui peuvent le remplacer dans l’axe. Sur ce côté, on n’aura pas de problème parce qu’on a des joueurs polyvalents. Dans le football, défendre c’est plus facile que d’attaquer.

A la fin du match contre la Croatie, il y avait des joueurs, comme Gana Guèye, un peu grillés. Pensez-vous que l’équipe est au top au plan physique ?

Par rapport à ce que j’ai vu, physiquement, ils sont au top. Un joueur qui a joué pendant neuf mois ne doit pas avoir de problème physique. Et la Croatie est une équipe qui joue avec la vitesse. Nous, on a des joueurs de grand gabarit. Ils sont lourds. Quand ils font face à une équipe qui va vite, cela peut leur créer des problèmes. Ce n’est pas un problème physique mais plutôt de déplacement. On a des joueurs qui ont de gros muscles, c’est pourquoi il y a eu des soucis devant la vivacité des Croates.  

A ce jour, pensez-vous que les équipes africaines sont prêtes à représenter dignement le continent ?

Je ne veux pas me focaliser sur les matches de préparation. En 2002 par exemple, les gens critiquaient l’équipe par rapport aux matches amicaux. Il y avait trop de détails. Après, quand on va à une compétition de très haut niveau, on est motivé. Les équipes africaines ont un très bon niveau. Elles peuvent nous rapporter quelque chose au Mondial.

Parmi les cinq Africains, lesquels voyez-vous aller loin à la Coupe du monde ?

Je vois le Sénégal et l’Egypte aller loin à la Coupe du monde. J’ai vraiment confiance en ces équipes. Quand Mohamed Salah est là, l’équipe égyptienne est très motivée. On l’a vu lors des éliminatoires du Mondial. Salah, c’est 50% de cette sélection. Et il peut reprendre d’ici le début de la compétition.

Qui sont les favoris et les outsiders de la Coupe du monde ?

Parmi les favoris, il y a la France, le Brésil, l’Allemagne. L’Argentine peut être classée dans les favoris mais c’est une équipe qui a tout le temps des problèmes dans ces genres de compétitions. Ils ont pas mal de bons joueurs qui évoluent en Europe. Depuis leur dernier sacre en 1986, ils ont toujours eu de grands joueurs mais au  finish, rien. C’est comme la Hollande.

L’Espagne, ce n’est pas le même niveau que celui du groupe de 2010. C’est une sélection rajeunie avec des joueurs qui manquent d’expérience. Le coach a renouvelé son effectif. Les outsiders, ce sont les équipes africaines.

LOUIS GEORGES DIATTA