Publié le 11 Dec 2019 - 23:37
MONNAIE UNIQUE

Amadou Hott annonce que le Sénégal est prêt pour 2020

 

La monnaie unique et la dette sont les points qui ont le plus préoccupé, hier, les parlementaires, lors du vote du budget du ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération. Le ministre Amadou Hott annonce que le Sénégal compte adopter la monnaie unique en 2020.

 

L’adoption de la monnaie unique, en 2020, a fait grand débat, hier, à l’Hémicycle. Non seulement, les députés sont préoccupés par les écarts extrêmement importants du taux de change effectif réel, constaté entre pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), en plus, ils veulent savoir si le Sénégal est prêt à adopter la monnaie unique en 2020. Car, pour l’honorable Ousmane Sonko, depuis l’indépendance jusqu’à présent, le pays applique les mêmes réponses, avec les mêmes résultats.

A son avis, si nous n’atteignons pas les objectifs, c’est parce qu’en réalité, nous ne posons pas le débat. Ce qu’il faut, pour inverser la tendance, suggère-t-il, c’est d’aller vers la compétitivité. ‘’Le premier goulot, c’est la monnaie que nous avons. Il faut qu’on arrête d’hésiter. Le franc Cfa est une monnaie coloniale qu’on nous avait laissée pour sécuriser les entreprises françaises et pouvoir capter une partie de nos réserves. Vous ne pourrez jamais avoir des entreprises compétitives avec le franc Cfa. Il est impératif qu’on sorte de cette monnaie et qu’on passe à quelque chose de plus solide’’, lance-t-il.

 Il est soutenu par Mamadou Diop Decroix qui souligne qu’un pays qui n’a pas de monnaie, ne peut pas définir une politique économique. Pour l’honorable Serigne Cheikh Mbacké, nous avons un problème de connexion sérieuse de notre économie. ‘’Comment pouvez-vous comprendre que dans un contexte où on parle de Zlecaf, que le président Macky Sall signe et nous vende ces Ape (accords de partenariat économique) ?, s’est-il récrié.

La réponse n’a pas tardé du côté du gouvernement. Le ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, Amadou Hott, a assuré que le Sénégal est prêt à l’adopter, en cas de mise en œuvre, en 2020. Ce, précise-t-il, d’autant plus que le pays respecte la plupart des critères de convergence, à l’instar des autres pays de l’Uemoa.

A son avis, quand on a une monnaie stable comme le franc Cfa, les investisseurs sont rassurés et satisfaits du taux de rentabilité. ‘’Les pays ayant respecté surtout les critères d’inflation et de déficit public pourraient entrer progressivement dans cette nouvelle zone monétaire. Des réunions seront tenues, d’ici la fin de l’année, afin d’étudier en profondeur la question’’, rassure M. Hott.

Secteur bancaire détenu par les étrangers

Les députés se sont aussi inquiétés de l’extraversion de la situation économique du pays dominé par les capitaux étrangers, notamment les secteurs des assurances et des banques, hormis la Bnde. Ils ont également souligné que la croissance ne s’évalue pas par l’accumulation du capital technique, ni par celle du capital humain, mais plutôt en termes de revenu des différents agents économiques, tels que les ménages, les entreprises et l’Etat. Ce qui fait dire à Serigne Cheikh Mbacké que l’Etat ne peut pas avoir de privé, quand on n’a pas de réelle politique du privé national. Si ce n’est entretenir une bourgeoisie corporatiste qu’on crée de toutes pièces, avec des marchés fictifs, en se basant sur le foncier. ‘’On appuie les étrangers, en laissant en rade les nationaux. C’est une grande honte’’, juge-t-il.

Les parlementaires se sont également intéressés aux politiques économiques à mettre en place pour promouvoir le développement de notre pays.

Dans ses réponses, le ministre Amadou Hott a reconnu qu’à l’exception de la Bnde, le secteur bancaire est détenu par des investisseurs étrangers. Il a, toutefois, précisé que son département s’attelle à renforcer la Bnde pour qu’elle puisse surtout disposer de lignes de financement auprès des partenaires techniques et financiers.

Relevant la problématique du développement des infrastructures, les députés ont précisé que l’économie du pays ne doit pas seulement se résumer à la coopération internationale, mais plutôt résider dans sa transformation structurelle. L’honorable Aïssatou Mbodj considère que le processus de développement est lui-même une production de culture dans laquelle les économistes isolent une partie relative aux richesses matérielles. Elle demande au ministre de s’attaquer aux rigidités réelles, nominales et aux défauts de coordination dans les marchés et les filières. Elle propose, en outre, la réduction de la vulnérabilité de notre économie par rapport au prix du brut ainsi que de la pluviométrie.

Serigne Cheikh Mbacké n’a pas manqué de demander si notre pays compte toujours recourir au financement extérieur pour subvenir aux besoins des populations. A ce propos, il a interpellé le ministre sur l’existence, au sein de son département, de stratégies permettant de mobiliser de façon optimale des ressources internes. Il souhaite le respect des critères d’éligibilité permettant de bénéficier des fonds verts, afin de mettre en place des projets de lutte contre des changements climatiques. Mais pour Amadou Hott, ce développement est à la base d’un secteur privé compétitif.

‘’La dette a servi notamment à effectuer des réalisations’’

Sur la question du surendettement et de la soutenabilité des créances de l’Etat, les députés ont conforté le ministre dans les jalons posés pour la contraction de nouvelles dettes qui sont parfaitement maitrisées et qui permettront aux Pme et Pmi de se développer et d’avoir des chiffres d’affaires. Le ministre de répondre que la dette contractée a servi notamment à effectuer des réalisations dans les domaines des infrastructures, de l’énergie, de l’agriculture, de l’hydraulique et de l’assainissement urbain et rural.

‘’Notre politique d’endettement, dans le cadre de la mise en œuvre du Plan Sénégal émergent, s’effectue de façon prudente. La dette est viable et soutenable, car elle respecte les principaux critères retenus pour la communauté internationale. Les indicateurs de viabilité de la dette sont totalement respectés’’, précise M. Hott.

Il s’agit, ajoute-t-il, du ratio encours de la dette sur Pib qui ne doit pas être supérieur à 70 %, et le Sénégal est à 54,7 %. La valeur actuelle nette de la dette extérieure sur le Pib ne devrait pas être supérieure à 55 %. Notre pays se situe à 42,8 %. La valeur actuelle nette de la dette extérieure sur les exportations des biens et services, dont le seuil est fixé à 240 %, se situe à 196,4 % ; et la valeur actuelle nette de la dette extérieure sur les revenus budgétaires qui, pour un seuil de 300 %, est, pour le Sénégal, à un taux de 176,8 %.

Le projet de budget 2020 du ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération est arrêté à 24 730 044 413 F Cfa.

VIVIANE DIATTA

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