Publié le 31 May 2018 - 02:30
MONTAGE FINANCIER ET COUT DE L’AUTOROUTE A PEAGE

Le Collectif des usagers saisit l’Ofnac

 

Dans une lettre signée ce 28 mai 2018, le Collectif citoyen des usagers de l’autoroute à péage a formellement saisi la présidente de l’Office national de la lutte contre la fraude et la corruption d’une plainte. Le collectif demande à Seynabou Ndiaye Diakhaté l’ouverture d’enquêtes sur le montage financier et le coût de l’autoroute à péage.

 

Le Collectif des usagers de l'autoroute à péage vient d’adresser une lettre à la présidente de l’Office national de la lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) pour l’inviter à initier ‘’une mission d’enquêtes, d’investigations, d’audit et de vérification du montage financier de l’autoroute à péage entre le gouvernement du Sénégal et l'entreprise Eiffage-Sénac’’. Pour motiver leur correspondance et, éventuellement, augmenter les chances de sa recevabilité, le collectif s’appuie sur la directive n°01/2009/cm/uemoa portant Code de transparence dans la gestion des finances publiques au sein de l’Uemoa qui stipule, dans son article 1.6, que  ‘’les contrats entre l’Administration publique et les entreprises, publiques ou privées, notamment les entreprises d’exploitation de ressources naturelles et les entreprises exploitant des concessions de service public, sont clairs et rendus publics. Ces principes valent tant pour la procédure d’attribution du contrat que pour son contenu’’, rappelle-t-on. Fort de cette directive, le collectif demande à l’Etat du Sénégal de publier le contrat.

‘’Les recherches que nous avons effectuées ont fait ressortir que le coût d’investissement par kilomètre de l’autoroute à péage (7 milliards par km) est quatre fois plus cher que celui du Maroc (2,1 milliards par km) et cinq fois plus cher que celui de la Tunisie (1,9 milliard par km). Nos comparaisons révèlent que les tarifs appliqués au Sénégal sur chaque kilomètre d'autoroute font partie des plus chers au monde’’, s’offusquent les signataires de ladite correspondance qui s’interrogent : ‘’Comment comprendre, en effet, qu'un citoyen soit obligé de payer 3 000 F Cfa pour couvrir 30 km de route, alors que le quadruple de cette distance ne dépasse pas 1 500 F Cfa (23 dirhams) au Maroc, sur des autoroutes toutes aussi bonnes, sinon plus que celle de Dakar - Sindia. Madame la Présidente, comme vous le savez sans doute, les tarifs appliqués par l'entreprise Sénac Sa frisent l'indécence.’’

‘’Ce contrat n'est pas à l’avantage des usagers’’

 Selon le collectif, il s’agit-là d’une véritable ‘’prédation financière’’ qui s'exerce sur les Sénégalais déjà fortement touchés par toutes sortes de difficultés économiques. Il est incompréhensible qu’un ouvrage qui a été estimé, en 2002, par la Banque mondiale, à 120 milliards de francs Cfa de Dakar à Thiès, en passant par le nouvel aéroport, puisse coûter, au final, au contribuable sénégalais 348 milliards de francs Cfa, juste de la Patte d’Oie à l’Aibd. Pour le collectif, si les pratiques de l'entreprise Sénac Sa sont justifiées par des droits que lui donnerait le contrat de concession signé avec l'Etat,  il est évident que ce contrat n'est pas à l’avantage des usagers et qu'il devrait être revu sans délai, vu l’apport du contribuable sénégalais dans le montage financier (83 % Etat du Sénégal, 17 % Sénac Sa).

‘’L'autoroute que cette entreprise appelle pompeusement "Autoroute de l'Avenir" n'œuvre que pour l'avenir financier de ce groupe privé et non celui du Sénégal. C'est pourquoi le collectif s'adresse à vous, Mme la Présidente, et vous demande d'assumer pleinement la mission attendue de vous, consistant à ouvrir une enquête sur le contrat de concession de l'autoroute pour qu'il soit évalué. Nous vous invitons aussi à demander au gouvernement de clarifier les montants générés par l'autoroute, les bénéfices réalisés, les taxes prélevées et les parts qui reviennent à l'Etat du Sénégal’’, poursuit la note. Dans la mesure où  le Sénégal, rappelle le collectif, a mis en place un Conseil des infrastructures qui réunit, outre les agents de l'Etat, des acteurs du secteur privé et de la société civile, son rôle est de se prononcer sur tous les projets d'infrastructures de l'Etat et de s'assurer que les intérêts de la nation sont sauvegardés.

Ainsi, tout en invitant l’Ofnac à vérifier l'opérationnalité de ce conseil ainsi que la façon dont il accomplit ses missions, il formule son souhait d’avoir les informations sur le budget alloué au Conseil des infrastructures pour l'exercice en cours.

MAMADOU YAYA BALDE

 

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