Publié le 27 May 2016 - 18:42
MORT DE MATAR NDIAYE A LA SUITE D’UNE BAVURE

2 ans requis contre le policier et 6 mois pour les 3 ASP 

 

L’affaire du jeune Matar Ndiaye tué en juillet 2015, à la suite d’une bavure policière, a été plaidée hier, devant le tribunal correctionnel de Dakar. Le parquet a requis 2 ans ferme contre le policier Cheikh Diop et six mois ferme contre les trois éléments de l’Agence de la sécurité de proximité (ASP).
 
 
Le 25 juillet 2015, le policier Cheikh Diop, en service au commissariat de Dieuppeul, avait pris le risque d’intervenir dans le secteur de Grand-Yoff. Mal lui en a pris, car l’opération s’est soldée par un échec et il risque de passer deux années derrière les barreaux. Trois des quatre éléments de l’Agence pour la sécurité de proximité (ASP) qui l’accompagnaient encourent six mois ferme. Car, au cours de ladite opération, le jeune Matar Ndiaye qu’ils poursuivaient est mort, après avoir reçu une balle à la cuisse. 
 
Hier à la barre, le policier a endossé toute la responsabilité et allégué qu’une balle perdue a atteint la victime. Faisant d’abord la genèse des faits, le policier a expliqué que la nuit des faits, une personne l’a informé de ce qu’un dealer trafiquait du chanvre indien à bord d’un scooter et ne tarderait pas à venir dans la zone de Dieuppeul où ils étaient en patrouille. D’après toujours le policier Cheikh Diop, lorsque Matar Ndiaye est arrivé, il l’a sommé de s’arrêter pour un contrôle. ‘’Je lui ai demandé le contenu de son sac, il m’a dit qu’il n’y avait rien. Alors, comme j’ai vu qu’il tenait l’accélérateur, je me suis approché de lui pour vérifier et il a démarré à vive allure’’, a narré le policier. 
 
A l’en croire, le suspect a fait tomber sept cornets de chanvre indien, c’est pourquoi, il a demandé à l’APS Maurice Diouf qui conduisait le véhicule de police de le suivre. Mais lorsqu’ils sont arrivés à Grand-Yoff, ils ont perdu de vue le suspect et ont décidé de rebrousser chemin. ‘’Arrivés au niveau de l’agence Pamecas, j’ai senti l’odeur de chanvre et j’ai décidé d’emprunter la ruelle d’où elle venait, mais nous avons été accueillis par une pluie de pierres’’, a poursuivi le policier. Qui dit se souvenir de ses cours et d’avoir appliqué ce qu’on lui a enseigné au cours de sa formation d’élément du Groupement mobile d’intervention (GMI). ‘’J’ai fait deux tirs de sommation, mais le destin a voulu que la victime soit atteinte’’, a ajouté Cheikh Diop poursuivi pour coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. 
 
Pour justifier son intrusion à Grand-Yoff qui relève de la compétence de la police de ladite localité, il a expliqué qu’il n’y trouvait pas d’inconvénient, dès l’instant que ce secteur relevait toujours de la police et non de la gendarmerie. Les quatre ASP ont également clamé leur innocence par rapport aux faits de non-assistance à personne en danger et de violences et voies de fait qui leur sont reprochés. Maurice Dioly Diouf, El Hadj Mamadou Diop, Mame Cheikh Diouf et Mamadou Diouf ont nié avoir levé la main sur les autres victimes qui se sont présentées à la police.
 
50 millions F CFA réclamés à l’Etat
 
Avocat de la victime, Me Assane Dioma Ndiaye a décrié l’attitude du policier qui, dit-il, ‘’n’a pas avisé ses supérieurs en effectuant l’opération et s’est permis d’aller dans un autre secteur’’. Il a écarté la thèse de la balle perdue, en soutenant que le policier a dégainé son arme, pensant qu’il était en danger. Or, a ajouté Me Ndiaye, ‘’l’usage de l’arme est bien règlementé’’.  Compte tenu de ces arguments, il a demandé que les prévenus soient condamnés et que l’Etat soit déclaré civilement responsable pour dédommager la famille de la victime à hauteur de 50 millions de F CFA. 
 
Le parquet a abondé dans le même sens que le conseil de la famille, en déplorant l’attitude solitaire du policier. Toutefois, il trouve l’incident ‘’regrettable’’ et demande au tribunal de tenir compte de la qualité de délinquant primaire du policier qui, dit-il, ‘’pendant 10 ans, a risqué sa vie pour assurer la sécurité des populations’’. Pour la répression, il a requis 2 ans ferme. Estimant qu’il n’y a aucun élément contre Maurice Diouf, il a demandé sa relaxe. ‘’Deux ans, c’est trop !’’, a répliqué Me Aboubacry Barro convaincu que le policier a sorti son arme pour intimider. C’est pourquoi, ses confrères Mes Abdoulaye Tall et Adnan Yakhya ont plaidé la clémence pour le policier et la relaxe pour les ASP. 
En prison, depuis le 31 juillet 2015, le policier et les quatre ASP seront édifiés sur leur sort, le 23 juin prochain.  
 
FATOU SY

 

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