Publié le 27 Feb 2017 - 11:01
MORT ORPAILLEUR YAMADOU SAGNA

Les ‘Kédovins’ au front à Dakar

 

Pour dénoncer les morts à répétition dans la région minière de Kédougou, élèves et étudiants de la région ont impulsé la contestation en organisant une marche pacifique à Dakar.

 

C’est à plus de 700 kilomètres du théâtre des opérations que l’association des élèves et étudiants ressortissant de Kédougou (AEERK) ont manifesté leur mécontentement pour dénoncer la mort de l’orpailleur Yamadou Sagna. Parti de la place de l’Obélisque pour chuter à la place Bceao, la procession qui a drainé une foule moyenne, a entonné l’hymne des étudiants, mêlée à des ‘‘plus jamais ça !’’ ‘‘Nous disons non à la tuerie !’’. Dans une foule compacte vêtue principalement de tee-shirt ou arborant des brassards rouges, les pancartes ont aussi été brandies pour dénoncer l’ensemble des bavures des forces de l’ordre qui ont conduit à la mort d’hommes dans cette partie orientale du pays dont les richesses minières opposent fréquemment populations autochtones aux  sociétés exploratrices ou exploitantes.

‘‘Nous condamnons le meurtre de Kékouta Sidibé, celui de Mamadou Diallo et de Yamadou Sagna. Comment des personnes censées assurer la sécurité des populations font-elles toujours le contraire ? Si on donnait la parole à Yamadou Sagna, aujourd’hui, il ne vous dirait  certainement pas qu’on roule sur l’or à Kédougou. Ils sont tués, martyrisés, terrorisés. Nous demandons à l’Etat d’assurer la sécurité et de nous associer aux choix et libertés économiques. Nous demandons que justice soit faite. Nous n’allons pas nous laisser faire’’, a tempêté le président de l’Aeerk, Amzata Diakhaby.  ‘‘Le tort de Yamadou Sagna est d’avoir été un jeune travailleur qui a réclamé qu’on lui rende sa machine. C’est sur ces entrefaites qu’il a reçu une balle du douanier. C’est devenu une habitude de tuer les gens à Kédougou. Sinna Sidibé a aussi reçu une balle, Mamadou Diagne Diallo aussi, Kékouta Sidibé a été battu à mort. Maintenant, c’est fini ! A moins d’un procès public qui nous garantisse la sécurité, la lutte va continuer’’, lui a emboité l’ancien membre du bureau de l’Association, Madiop Guèye.

Fonds social minier

Ce dernier d’estimer que c’est la responsabilité des décideurs qui est interpellée, au-delà de ces bavures répétées. ‘‘Le président Sall avait bien parlé du fonds social minier (FSM). Il faut que ces fonds soient alloués à nos collectivités locales. C’est la solution. Il faut le leur donner pour qu’elles gèrent. Si elles ne le font pas, elles vont devoir s’expliquer avec nous. Le directeur des Mines a tout faux, quand il dit que des milliards ont été investis à Bembou et à Khossanto. S’ils avaient investi juste un seul milliard à Bembou, tout le monde nous envierait’’, a-t-il soutenu.

‘‘On salue la venue du ministre de l’Intérieur, lors de ce drame. Mais ce que nous attendons de lui, c’est qu’il fasse respecter nos droits. L’or extrait de notre sous-sol doit nous bénéficier, à nous populations locales. Les sociétés vont rentrer tôt ou tard, alors que c’est nous qui devrons faire face aux conséquences des activités. Il n’y a pas longtemps, du cyanure s’est déversé. Qui croyez-vous va en souffrir ?’’. Une harangue à laquelle la foule a approuvé par de vives protestations contre autorités et sociétés minières.

Venu rejoindre ses anciens administrés, l’ex-maire de Kédougou Moustapha Guirassy a failli mettre à mal l’unité de la jeunesse kédovine. Alors qu’il se faisait interviewer en pleine procession, quelques jeunes se sont insurgés contre sa prise de parole, interrompant l’intervention de l’ancien ministre de la communication sous Wade. 

OUSMANE LAYE DIOP

 

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