Publié le 29 Jan 2017 - 20:22
MOTS CHOISIS

Guide des égarés   

 

Jean d’Ormesson de l’Académie française     Editions Gallimard – Octobre 2016

Milan Kundera nous apprenait qu'en définitive, un écrivain n'écrit qu'un seul livre, ne ressasse que les idées dominantes de sa pensée. Jean d'Ormesson le confirme pleinement. Il est obsédé par l'espace, le temps, la beauté, les nombres, le mur de Planck, la mort, l'après-mort.... en somme par Dieu. Et ce n'est pas le Dieu des religions qui l'obsède, mais celui de la Création et de cette formidable harmonie ‎qui régit tout et qui fait de ce monde un ensemble équilibré avec une précision extraordinaire.

Cette obsession est déjà perceptible dans ses divers ouvrages, de "Au plaisir de Dieu" à " Comme un chant d’espérance" en passant par "Dieu, sa vie et son œuvre", "La création du monde", "Presque rien sur tout", "C'était bien", "Je dirai malgré tout que cette vie fut belle"...., son admiration pour la vie, pour la création n'a cessé de s'étaler...

Sa dernière publication "Guide des égarés " un manuel qui se donne pour ambition de guider les égarés que nous sommes tous.

Il revient ici sur les grands sujets qui l'ont passionné : le secret, l'énigme, le mystère, les‎ nombres, la science, l'espace, la matière, l'air, l'eau, la lumière, le temps, la pensée, le mal, la liberté, la vie, la mort, le plaisir, le bonheur, la joie, l'histoire, le progrès, la justice, la beauté, la vérité, l'amour et enfin DIEU.

Il nous montre comment chacun de ces sujets l'a ébloui et comment chacun de ces sujets renvoie au mystère de la vie, à ce " secret qui n'est rien d'autre qu'une vérité retenue et cachée."

‎Le mystère de l'espace dont nous ignorons tout de son avenir parce que ne sachant pas si son expansion se poursuivra jusqu'au bout ou s'il finira par s'inverser. Ce dont nous savons est que l'espace a un début et donc aura indéniablement une fin. Et l'Esperance nous permet d'entrevoir cette fin heureuse !!!‎ 

Toutefois, cette fin heureuse est souvent troublée et malmenée par le Mal dont l'auteur nous dit : "Sous le masque hideux du mal, il est facile de reconnaître tout le génie de ces hommes à qui rien n'est impossible. Ni le meilleur ni le pire. Le mal est intelligent, inventif, souvent subtil. Familier du talent, il touche parfois au génie. Au point que le monde, si longtemps innocent, a pu passer très vite pour le royaume du mal." 

Et il constate avec nous que ce monde du mal est celui des croyants‎ pas celui des athées pour qui il a une réelle admiration "parce qu'ils font du bien aux autres sans aucun espoir de récompense ni de reconnaissance, dans une pure gratuité dénuée de toute autre signification que la charité, la compassion, la solidarité et l'image qu'ils se font d'eux-mêmes et de leurs semblables. Ces athées seront assis, là-haut, à la droite de ce Dieu auquel ils ne croient pas."

Aussi et malgré son admiration pour ces athées,  nous rappelle-t-il avec force que l'amour de Dieu‎ est une chance, une lumière et une fête avec des bonheurs heureux qui annoncent un autre bonheur plus sûr que tous les autres. Pourtant, d'aucuns ne comprennent pas et au nom de cet amour parfois si fort et si dévastateur, donnent leur vie avec joie dans la violence et la haine pour les hommes, devenant des assassins pour nous autres  et des héros pour les leurs....

Des égarés, nous le sommes décidément tous et heureusement Dieu qui est un mystère lumineux prend sur lui tous les mystères et toutes les souffrances des hommes pour les changer en espérance, conclut-il...

Espérons !!!

Ameth GUISSE

 

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