Publié le 12 Sep 2015 - 02:31
MOUSSA DIAW, ENSEIGNANT CHERCHEUR EN SCIENCES POLITIQUES A L’UGB

‘’Une candidature plurielle du Fpdr n’a aucun sens’’

 

L’idée d’une candidature plurielle est agitée depuis un bon moment au sein de la coalition de l’opposition, le Front patriotique pour la défense de la République. Déjà, deux candidatures, en l’occurrence celles du fils de l’ancien président de la République, Karim Wade et du leader de l’Union centriste du Sénégal (Ucs), Abdoulaye Baldé, se sont déclarées sur les flancs de la coalition de l’opposition. Mais selon Moussa Diaw, enseignant-chercheur en sciences politiques à l’université Gaston Berger de Saint-Louis, une candidature plurielle du Fpdr à la prochaine élection présidentielle ne fera que disperser les forces  des différentes composantes de l’opposition.

 

Face à la presse avant-hier, les leaders du Fpdr disent avoir enregistré deux candidatures : celles de Karim Wade et d’Abdoulaye Baldé, à la candidature de la coalition à la prochaine élection présidentielle. Comment appréciez-vous ces candidatures ?

Pour le moment, ce sont des effets d’annonce. Peut-être une réponse à la lettre du président qui veut remettre en place Benno Bokk Yaakaar. C’est dans le jeu politique. Chacun fait des annonces, déclare des candidatures mais il n’y a rien de consistant et de sérieux dans tout cela. Il faut attendre l’évolution de la situation. Quand on sera fixé par rapport à une date pour la prochaine élection présidentielle, à ce moment, on saura s’il y a des candidatures sérieuses ou pas.

Dans le même mouvement, il peut y avoir plusieurs candidats, ça, c’est ce qu’ils déclarent. Les personnes qui sont concernées n’ont pas réagi par rapport à cette situation. En ce moment, chacun y va de son côté. Quand on sera fixé sur un agenda politique bien déterminé, c’est à ce moment que les choses vont se resserrer. C’est en ce moment-là qu’on verra s’il y a des candidatures sérieuses qui peuvent constituer des adversaires sérieux par rapport à la majorité. Pour l’instant, ce sont des déclarations de certaines personnalités politiques mais cela n’engage pas du tout ceux qui sont considérés comme des candidats.

Est-ce qu’ils sont des candidats crédibles?

Ils sont des candidats crédibles parce que qu’ils ont endossé des responsabilités. Abdoulaye Baldé est aussi responsable d’un mouvement, d’un parti politique tout comme Karim Wade fait partie du Parti démocratique sénégalais (Pds). Ils constituent tous des personnalités politiques qui, peut-être, jugent qu’ils ont un devoir de se présenter devant les Sénégalais pour savoir quel est leur poids politique. Cela fait partie du jeu.

Lequel des deux a plus de chance de faire des résultats ?

Je ne sais pas quel est le poids de Abdoulaye Baldé encore moins celui de Karim Wade au Pds même s’il est fils d’Abdoulaye Wade. Abdoulaye Baldé est maire de la ville de Ziguinchor alors que Karim n’a jamais été élu. Ça, c’est une différence fondamentale. On ne sait pas si réellement les gens qui le soutiennent, parce qu’il est en prison, vont continuer à le faire ou pas. Les deux candidatures se valent. Il reste maintenant à savoir, compte tenu de l’évolution politique, comment chacun des deux va se positionner sur l’échiquier politique national.

Est-ce une bonne stratégie pour l’opposition réunie dans le Fpdr de partir à la prochaine élection présidentielle en rangs dispersés ?

Je ne le crois pas. Mais les déclarations ne suffisent pas. Il leur reste à s’organiser, à constituer un front solide, crédible avec un projet. La différence se fera par rapport au projet. Ce qui intéresse les Sénégalais, c’est un projet de société politique. A ce moment, la population pourra voir dans quel sens le projet pourrait contribuer à l’amélioration de leurs conditions de vie et si ça correspond aussi aux perspectives d’avenir et aux enjeux au niveau du pays. Le jeu se trouve là mais pas seulement au niveau des déclarations. La bataille se trouvera au niveau des projets. Un candidat qui n’a pas de projet n’a aucune chance d’être soutenu. J’attends maintenant de voir un candidat présenter un projet qui sera une alternative par rapport à la politique qui est menée au niveau de l’Etat sénégalais. Une candidature plurielle n’a aucun sens. Ce ne fera que disperser les voix.

La question de la candidature plurielle du Fpdr est agitée dans un contexte où la peine infligée à Karim par la CREI est confirmée par la Cour suprême. N’est-ce pas là un plan d’Abdoulaye Wade pour trouver une alternative à la candidature de son fils ?

Ça peut être une stratégie. C'est-à-dire un plan B à la suite de la désignation de Karim Wade comme candidat du Pds. Cependant, il faut attendre que la date de l’élection présidentielle soit fixée. En ce moment-là, on saura s’il y a des candidatures sérieuses ou pas. Mais pour le moment, je ne peux pas dire avec certitude qu’Abdoulaye Wade est derrière la déclaration de Mamadou Diop Decroix. Quand les choses vont se clarifier, on saura quelle est la meilleure stratégie pour se positionner et présenter un candidat. Pour l’instant, on n’en est pas encore là. Les dates ne sont pas encore fixées même si les choses bougent au niveau des partis politiques pour ne pas être oubliés. C’est important. Cela fait partie de la communication. Maintenant, il reste à voir si réellement il y a des projets, s’il y a des candidatures qui se focalisent autour de certaines personnes pour constituer un enjeu important par rapport à la majorité.

Est-ce qu’un candidat du Fpdr fera le poids devant Macky Sall ?

Pour le moment, on ne sait pas qui peut gagner ou qui peut perdre. Il faut attendre l’approche de l’élection avec la clarification des enjeux. S’il y a une cristallisation autour d’un programme par les leaders de l’opposition, cela peut constituer un danger pour la majorité. Pour le moment, les jeux sont ouverts.  

PAR EL H.FALLOU FALL

 

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