Publié le 15 Jan 2018 - 23:03
MOUVEMENT DANS LA SANTE

Le Sames en grève  le 30 janvier 

 

Le Syndicat autonome des médecins du Sénégal (Sames) menace d’aller en grève de 72 heures, à partir du 30 janvier. Auparavant, il compte boycotter toutes les activités financées par le G50 et une marche nationale est prévue le 23 du même mois.

 

L’année 2018 commence très mal sur le plan social. Après les syndicats de l’éducation qui sont en mouvement, c’est au tour de ceux de la santé. Les médecins sont montés au créneau, samedi dernier, pour fustiger l’attitude du gouvernement. Le Syndicat autonome des médecins du Sénégal (Sames), fort remonté, menace d’aller en grève totale de 72 heures sur l’étendue du territoire national, à partir du mardi 30 janvier. Auparavant, les syndicalistes prévoient une marche nationale le 23 courant et le boycott de toutes les activités financées par le G50.  

En conférence de presse, les syndicalistes ont dénoncé le silence de l’Etat, après le dépôt d’un préavis de grève en date du 27 décembre 2017.

Selon le secrétaire général dudit syndicat, docteur Boly Diop, les médecins sont déterminés à aller jusqu’au bout de leur lutte. Ainsi, il a annoncé ‘’la centralisation des urgences et l’arrêt de la délivrance des certificats médicaux à partir du 6 février’’. ‘’Nous tenons le gouvernement pour responsable de la situation délétère qui règne dans le secteur, par sa mauvaise volonté et son manque de considération pour les ressources humaines en santé’’, a averti le Dr Diop.

En fait, rappelle-t-il, depuis mars 2014, soit bientôt quatre ans, c’est-à-dire plus de la moitié de la durée du mandat du président Sall, son gouvernement est dans l’incapacité de faire respecter le protocole signé. Cet état de fait est considéré par les syndicalistes comme traduisant une absence manifeste de volonté d’honorer la parole donnée et les écrits signés. ‘’Sur certains points des accords signés, les instructions du Premier ministre et des ministres se sont heurtées au refus catégorique des agents des ministères concernés. L’accord sur l’indemnité de spécialisation a été exécuté selon leur bon vouloir, en l’accordant à certains spécialistes titulaires du Des et en en privant d’autres titulaires du même diplôme, sans suite’’, a-t-il dénoncé.

Abordant ce qu’il appelle de l’injustice salariale dont sont victimes, selon lui, les cadres de la santé de la hiérarchie A, le gouvernement joue le dilatoire en repoussant l’échéance depuis 2014. Ce faisant, ajoute-t-il, il creuse, par la même occasion, cette injustice qu’il est censé corriger au nom du principe d’équité, de justice et de démocratie. Les autres points de l’accord du 31 mars 2014 qui tardent à être matérialisés sont le décret sur les heures supplémentaires, l’attribution de parcelles à usage d’habitation, le prêt Dmc, le prêt équipement pour les nouvelles recrues et les questions en discussion comme l’indemnité de logement et la retraite à 65 ans.

‘’Tous les syndicats sont contraints d’aller en grève, pour l’application d’accords déjà signés avec ledit gouvernement. Nous appelons tous les camarades à se mobiliser sans faille et à se préparer au combat pour arracher ce qui leur revient de droit’’, a-t-il incité.

RESPECT DES ACCORDS SIGNES

Cusems et Sames font front commun

‘’L’Union fait la force’’. Les syndicats veulent faire leur cet adage. Depuis quelque temps, beaucoup de syndicats cherchent à s’unir. C’est ce qui s’est passé samedi dernier. Pour amener le gouvernement à respecter les accords signés, le Cadre unitaire syndical de l’enseignement moyen et secondaire  (Cusems) et le Syndicat autonome des médecins du Sénégal (Sames) ont mis en place un ‘’front national des travailleurs pour l’équité et la justice dans le traitement salarial des agents de l’Etat’’.  L’annonce a été  faite  samedi, lors de la conférence de presse du Sames. Selon le secrétaire général du Cusems, ces principes (équité et justice sociale)  ont été évoqués par Macky Sall, lors de son allocution du 31 décembre 2017.  C’est pourquoi, a-t-il souligné, au nom de ces principes, les travailleurs exigent du gouvernement le respect de tous les accords signés.

Selon Abdoulaye Ndoye, le Sénégal est un pays de paradoxes, dans la mesure où ils sont obligés d’aller en grève pour négocier et signer des protocoles d’accords, et font la même chose pour leur application. ‘’Nous sommes unis pour mener un combat, parce que nous partageons beaucoup de points en commun avec le Sames’’, a-t-il expliqué. Entre autres points énumérés par M. Ndoye,  il y a la question du crédit Dmc. il s’agit, en fait, d’un prêt qui, depuis janvier 2016, a été gelé. Ce qui est interprété par les syndicats comme une remise en cause des acquis. Il y a aussi la question des parcelles. ‘’Nous souffrons autant que le Sames, parce que le gouvernement du Sénégal a promis des parcelles non viabilisées à nos deux organisations syndicales et ce n’est pas encore matérialisé. Mais le grand point des deux syndicats reste la question de l’indemnité de logement. Elle est essentielle. Cette question a fait l’objet d’une étude dénommée ‘système de rémunération des agents de l’Etat’. Au terme de l’étude, le pré-rapport a fait l’objet de partage entre le gouvernement et les organisations syndicales. Les engagements que le gouvernement avait pris n’ont pas été respectés’’, a-t-il relaté.

A l’en croire, la santé et l’éducation sont des secteurs clés et sensibles pour un pays, mais ceux qui y sont souffrent le plus. ‘’Les gens sont démotivés, démoralisés. Les conditions de travail sont désastreuses et cela ne milite pas en faveur du développement d’un pays. Nous disons aujourd’hui, travailleurs de tous les pays, unissez-vous pour la revalorisation de nos statuts’’. Ce front est ouvert à d’autres organisations syndicales qui partagent les mêmes convictions que les initiateurs.

VIVIANE DIATTA

 

Section: