Publié le 7 Feb 2015 - 00:18
MUTILATIONS GENITALES FEMININES

Une baisse de 70% notée dans la pratique

 

Le changement de comportement des mères a impulsé, selon une étude de la Direction de la population et de la planification du développement humain publiée hier, la baisse considérable observée du niveau de la pratique des mutilations génitales chez les filles, entre 2005 et 2010.

 

Selon une étude menée par la Direction de la population et de la planification du développement humain sur la pratique de l’excision au Sénégal, entre 2005 et 2010, et présentée hier, la proportion de mères ayant une fille excisée est passée de 20% à 6% en 2011. Cette baisse de 70% explique que les filles subissent de moins en moins la pratique des  mutilations génitales féminines (MGF). Ce qui semble indiquer une renonciation graduelle des mères au recours aux MGF. Ce mouvement vers l’abandon de l’excision, a dit l’ingénieur statisticien démographe Saturnin Kinson Kodjo, est dû à plus de 94% à une amélioration du comportement des femmes.

Ensuite, le présentateur a expliqué la méthode utilisée pour faire l’étude. ‘’Le profil des mères perpétuant la pratique, les facteurs explicatifs du recours, les facteurs de risques et d’autres éléments ont été pris en compte, pour étudier les variations différentielles de la pratique et mettre en évidence l’évolution des inégalités en matière de MGF’’, a expliqué M. Kodjo. L’étude  relève également que le changement de comportement des mères est le principal moteur ayant impulsé la baisse considérable observée du niveau de la pratique des MGF.

Cependant, malgré ce changement social constaté, certains facteurs continuent de pousser les femmes à poursuivre la pratique des MGF. Ces facteurs sont entre autres le statut d’excision de la mère, l’âge de la femme, la croyance religieuse, l’appartenance ethnique. Dans les recommandations formulées, l’ingénieur démographe a exhorté les ONG œuvrant pour l’abandon de la pratique des MGF à ''redoubler d’efforts dans leur travail de renforcement des capacités des communautés. Car, il est difficile de compter sur la disparition spontanée de la pratique mutilatrice avec le temps’’.

Andréa Wojnar Diagne, représentante du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA, en anglais), a elle prôné ‘’une approche centrée sur les normes sociales, parce que, dit-elle, tous les acteurs ont un rôle à jouer dans cette dynamique. Il faut une approche taillée sur les besoins et les particularités des communautés, une approche différente pour chaque région et chaque communauté, une approche intégrée, holistique et multisectorielle’’.

La représentante résidente de l’UNICEF, Laylee Moshiri, a souligné qu’une deuxième phase a démarré (2014-2017) pour continuer à travailler avec les communautés qui doivent abandonner d’elles-mêmes la pratique de l’excision.
Il s’agit pour cette fois d’impliquer les religieux, de renforcer les capacités des communautés et de tenir compte dans les stratégies des zones à risques pour cibler les couches sociales les plus prédisposées à cette pratique.

VIVIANE DIATTA