Publié le 14 Dec 2018 - 14:27
NÉGOCIATIONS SUR LA HAUSSE GÉNÉRALISÉE DES SALAIRES

Des acquis et des points de litige

 

Les travailleurs souhaitent une hausse généralisée des salaires. Et les travaux de la réforme de la Convention collective nationale interprofessionnelle sont en cours d’examen par les partenaires sociaux, sous l’égide de l’Administration du travail. Il y a des avancées et des points de litige.

 

La demande d'augmentation généralisée des salaires, l’état d'avancement des travaux de la nouvelle Convention collective nationale interprofessionnelle (Ccni), l’impact du protocole d'accord portant sur la revalorisation du Smig et du Smag, la situation des contentieux au Tribunal du travail, le projet de plafonnement des indemnités de licenciement abusif. Voilà, entre autres, les points qui ont été débattus hier, entre les responsables du Conseil national du patronat (Cnp) et les travailleurs, lors d’un atelier sur le bilan et les perspectives des négociations sociales.

Le secrétaire général du Syndicat professionnel du Btp, le colonel Mbareck Diop, souligne que, même si l’argument des travailleurs sur la hausse généralisée des salaires est recevable, du côté des entreprises, il y a une santé financière précaire. ‘’On ne peut pas donner plus que ce qu’on a. On ne peut accepter quelque chose qui ne soit pas en conformité avec les charges et les possibilités des entreprises. Et nous savons très bien qu’il y a une diversité dans les entreprises. Il y en a celles d’équipes qui peuvent se permettre d’accepter cette hausse de salaire. Celles du Btp tirent le diable par la queue. En plus, nous sommes dans un contexte de harcèlement fiscal et des dettes des entreprises’’, confie M. Diop. Donc, à ses yeux, l’idéal est d’arriver à un ‘’consensus’’ qui leur permettra de satisfaire les besoins des employés. ‘’Cette hausse généralisée des salaires est obligatoire. C’est pourquoi il faut que nous soyons prudents à ce propos’’, ajoute-t-il.

En réalité, la demande d’augmentation généralisée des salaires a reçu une réponse positive de principe du patronat. ‘’Les augmentations accordées par les entreprises se sont avérées assez conséquentes, du fait de la revalorisation conjointe et parallèle du salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig) et du salaire minimum agricole garanti (Smag). Sur les hausses à consentir, le patronat a proposé un taux de 3 % au lieu des 25 % demandés par les centrales syndicales. Il convient de faire état des augmentations automatiques faites déjà en entreprise, sans attendre la signature d’accord officielle’’, indique le président de la Commission dialogue social et normes du travail du Cnp, Charles Faye. D’après qui, les travaux de la réforme de la Convention collective nationale interprofessionnelle sont en cours d’examen par les partenaires sociaux, sous l’égide de l’Administration du travail. ‘’Les résultats obtenus nous semblent acceptables, en ce sens qu’ils augurent une parfaite synergie de nature à raffermir le climat de confiance du partenariat entre partenaires sociaux soucieux du devenir et de l’avenir du travail dans ce pays’’, renseigne M. Faye.

Points de litige entre patronat et travailleurs

Toutefois, il y a des points de litige entre les travailleurs et leurs employeurs. Selon le président de la Commission dialogue social et normes du travail du Cnp, ils portent sur la prime de panier, la majoration des heures supplémentaires et les taux à retenir pour les dernières tranches. ‘’L’impact du protocole d’accord portant sur la revalorisation du Smig-Smag, de par sa nature générale, n’a pas manqué de créer un impact important sur les exploitations. En plus de l’accroissement des charges diverses, en sus de celles du personnel, pas facilement maîtrisables, en raison de leur caractère transversal ainsi que la productivité au travail, il y a lieu de noter que les discussions sectorielles sont en cours pour la mise en place de conventions spécifiques, comme le gardiennage-sécurité’’, informe M. Faye.

Le président de l’Association sénégalaise des professionnels des ressources humaines (Asprh), Ibrahima Mbaye, a lui une autre préoccupation. A ses yeux, le point le plus important, c’est de voir s’il y a possibilité d’avoir un plafonnement sur les dommages et intérêts que le juge alloue, en cas de licenciement, notamment si c’est abusif. ‘’Nous voulons que cette fixation soit collée à certains critères. Il s’agit particulièrement de l’ancienneté du travailleur. Nous jugeons nécessaire que le juge ne soit pas le seul à fixer ce montant. Un travailleur qui a fait un an ne peut pas avoir les mêmes dommages et intérêts que quelqu’un qui a fait dix ou vingt ans’’, dit-il.  

MARIAMA DIEME

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