Publié le 21 Nov 2014 - 05:10
NDANKH, CITE RELIGIEUSE ABANDONNEE DES POLITIQUES

Le berceau des Kountiyou berce dans l’oubli 

 

Situé à 7 km de Ngaye Mekhé, dans le département de Tivaouane, le village de Ndankh célèbre, le 6 décembre prochain, la 174e  édition du rappel à Dieu de Cheikh Bounama Kounta, fondateur de la confrérie Khadriya au Sénégal. En prélude à cet événement majeur, les Kountiyou dénoncent la situation précaire à laquelle fait face la cité religieuse, depuis sa création en 1800.

 

Un climat sec, un vent chaud et une route poussiéreuse vous souhaitent la bienvenue dans le berceau des Kountiyou. Ndankh, un grand nom, une petite note. ‘’Tout est inerte’’, tonne un vieil homme gagné lui aussi par l’inertie. Une phrase pertinente, mais très codée qu’un tour dans la retraite spirituelle de Cheikh Bounama Kounta permet de décoder. Situé à 7 km de la commune de Ngaye Mékhé, dans le département de Tivaouane, le village religieux de Ndankh est comme qui dirait oublié des autorités.

Créé en 1800 par le père fondateur des Kountiyou, Cheikh Bounama Kounta, la localité manque de plusieurs commodités. Les 2 800 personnes qui voient le jour dans cette bourgade de la commune de Méouane conjuguent quotidiennement le même calvaire au présent. Un calvaire lié au non accès à l’eau potable, à l’absence d’infrastructures sanitaires dignes de ce nom, mais aussi à une route non bitumée distante de 7 km de la nationale. Cette voie d’accès est la source de maladies pulmonaires. ‘’Nous avons toujours observé le silence par égard à notre statut. Nous sommes sortis de l’ombre pour réclamer nos droits, comme tous les autres citoyens. C’est la première fois que le village se fait entendre. C’est un droit. Ndankh fait partie du Sénégal, donc c’est un village qui est en droit de demander des conditions de vie décentes’’, clame Serigne Alioune Mouhamed Kounta, petit-fils du fondateur de la Khadriya au Sénégal.

Le ton est ainsi donné et les doléances exposées. ‘’Le village de Ndankh rencontre d’énormes de problèmes parmi lesquels l’état de la route qui relie la Nationale au village. Cette route a toujours constitué une doléance pour le village. Il y a également la case de santé qui a été construite dans le village et qui n’est pas en mesure d’assurer une couverture sanitaire correcte aux populations. ‘’Nous voulons que l’Etat érige nos daaras traditionnels en daaras modernes, pour accueillir les milliers d’enfants de la localité’’, demande le religieux. Le marabout d’ajouter : ‘’nous voulons qu’on nous donne le statut que nous méritons. C’est à partir de Ndankh-Kounta que d’autres villages religieux ont été créés, après le rappel à Dieu de Cheikh Bounama Kounta, notamment Ndiassane, fondé en 1883 par son fils aîné, Cheikh Bouh Kounta, puis Nder-Kounta, Santhie-Bouna, Gouye-Yatte, entre autres’’.

En prélude à la célébration de la 174e édition du Gamou annuel de Ndankh, prévu le 6 décembre prochain et qui portera sur le thème : « le devoir du citoyen face à son pays : la jeunesse avenir de la nation », le Khalife, l’imam et les populations de Ndankh interpellent le chef de l’Etat par rapport à leurs préoccupations.

Ce Gamou qui est célébré depuis 1840, date à laquelle le fondateur de la communauté Ahlou Kountiyou au Sénégal a été rappelé à Dieu, permettra de revenir sur l’œuvre du saint homme.

NDEYE FATOU NIANG (THIES)

 

 

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