Publié le 14 Sep 2017 - 04:55
NDONGO SAMBA SYLLA SUR LA MONNAIE UNIQUE EN AFRIQUE

‘’Le combat contre le franc CFA, c’est pour la démocratie’’

 

Des intellectuels africains veulent être à l’avant-garde du combat pour l’abolition du franc CFA et la marche vers une monnaie unique, en Afrique.

 

Kémi Séba n’est pas seul dans la croisade contre le F CFA. C’est ce qui ressort de la conférence publique organisée hier par le Conseil pour le Développement de la Recherche en Sciences sociales en Afrique (CODESRIA). Elle a été axée sur le thème : ‘’Capital financier et intervention en Lybie’’ qu’explique l’économiste Ndongo Samba Sylla. Selon l’intellectuel, le Président Kadhafi avait un projet de monnaie continentale qui était basé sur un stock d’or estimé à 143 tonnes. Lorsque Sarkozy l’a su, il a dit : il ne faut pas que ce projet aboutisse. ‘’L’intervention est justifiée par un faux prétexte’’, dit-il. En écho à ces propos, le conférencier Horace Campbell souligne que seule l’unité africaine peut sauver l’Afrique.

Ainsi, il rejoint l’économiste dans sa position concernant l’abolition du franc CFA qui, dit-il, affaiblit l’Afrique. De même, pour lui, l’intervention libyenne vient d’une désinformation.  Il invite, à ce propos, l’Union Africaine à faire pression sur l’ONU à propos de la situation de ce pays qui fait face à l’existence de trois gouvernements. A son avis, l’Afrique doit déconstruire le discours de l’impérialisme et la domination des Etats-Unis sur le continent africain. Il invite les jeunes à changer la donne. Les exigences, dit-il, sont surtout de lancer des discussions sur la monnaie unique, afin d’unifier les ressources, d’appeler les intellectuels à être à l’avant-garde. Les Africains, à son avis, doivent être conscients de leur puissance. D’autant que les peuples ne sont pas contre la monnaie unique. Par contre, ce sont les gouvernements qui le sont. ‘’Nous avons l’obligation d’y travailler pour obtenir cette monnaie.’’ Pour le professeur Horace Campbell, le combat n’est pas encore perdu ; il n’est pas trop tard pour surprendre les Européens.

‘’Le blocage se situe chez les chefs d’Etat’’

Même point de vue pour l’économiste Ndongo Samba Sylla. D’après lui, les peuples sont prêts de manière générale, mais le blocage se situe chez les Chefs d’Etat. ‘’Souvent le paradoxe, ce sont les chefs d’Etats qui disent que le CFA est une bonne monnaie à garder et après, ils viennent dire : il faut aller vers une autre forme d’intégration communautaire. Je crois qu’à un moment donné, le combat contre le franc CFA, c’est pour la démocratie’’, fait-il remarquer. Très critique envers le système du franc CFA, il estime que, premièrement, c’est une violation de notre souveraineté. Deuxièmement, dit-il, c’est une monnaie qui ne permet aucune marge de manœuvre pour créer du crédit, de l’emploi, de la croissance, faire fonctionner les entreprises, et ne mène à aucun développement. ‘’Avec le franc CFA, le développement n’est pas possible’’, martèle l’économiste.

Les alternatives, à son avis, restent la volonté politique des uns et des autres. Sur ce, il demande qu’un appel soit fait pour les Chefs d’Etat qui veulent aller progressivement vers une autre forme d’intégration monétaire. ‘’Dans un premier temps, nous pouvons dire que nous ne voulons plus que la France garantisse notre monnaie et donc, nous rapatrions nos réserves d’échanges et gérons notre monnaie. Ensuite, nous dire entre Africains quelles sont les types de politiques monétaires que nous voulons ; et il y a le projet de monnaie unique qui est cours à la CEDEAO, dans le continent. Nous devons en discuter plus amplement et avoir des systèmes monétaires financiers fonctionnels qui participent au développement‘’, signale-t-il.  

AIDA DIENE

 

Section: