Publié le 20 Feb 2018 - 15:34
NECROLOGIE

Les projets inachevés d’Idrissa Ouédraogo

 

Affable, souriant et sympathique, Idrissa Ouédraogo était l’ami des jeunes réalisateurs. Généreux, il partageait son savoir avec eux. Cinéaste et producteur burkinabè, il est décédé dimanche à Ouagadougou, en laissant derrière lui des projets auxquels il tenait à cœur.

 

‘’Il me disait que quand il était jeune, on l'appelait "Pickett", comme Wilson Pickett, parce qu'il avait la classe... Idrissa Ouédraogo avait une vraie force de cinéma, la force du cadre, du plan. Avec Sophie Salbot, il a été le premier à me tendre la main. Aux Films de la Plaine, Idrissa recevait le jour et travaillait la nuit. Il en a ouvert des portes, il a mérité son repos’’. Ce témoignage du cinéaste franco-sénégalais Alain Gomis, posté sur son mur Facebook, définit et résume la vie et l’œuvre d’Idrissa Ouédraogo. Le cinéaste burkinabè s’est éteint avant-hier dimanche à l’âge de 64 ans, des suites d’une maladie. Depuis, les témoignages fusent, desquels ressort le mot ‘’générosité’’.

Le réalisateur de la série ‘’Kadi Jolie’’ a tendu la perche à bien de jeunes apprentis du cinéma dans divers domaines. A tous, il prodiguait des conseils. Pour tous, il était toujours là. C’est pour cet homme extraordinaire qu’une veillée d’hommages a été organisée hier au Cenasa, à Ouagadougou. Aujourd’hui, à 8 h, sa dépouille sera transférée de la morgue à son domicile, à Dassasgho. Il sera enterré en début d’après-midi au cimetière de Gounghin, un quartier de la capitale burkinabè.

Idrissa Ouédraogo part en laissant des projets derrière lui. Il tenait à faire son film ‘’Boukari Koutou’’, du nom d’un roi mossi. Un projet qui lui tenait particulièrement à cœur, d’après la journaliste burkinabè qui officie à ‘’Burkina24’’, Révline Somé : ‘’’Le noyau de la mangue’ est le film qu’il voulait présenter au centenaire du Fespaco, parce que, disait-il, ‘il y a longtemps que le Burkina n’avait pas été bien représenté au Fespaco. Je veux faire ce film et prendre l’Etalon de Yennenga pour vous’, disait-il’’, rapporte la journaliste. Son troisième projet est ‘’Le rêve de Sita’’, qu’il n’a pu également réaliser.

Hommage du ministre de la Culture    

Dans un communiqué reçu à ‘’EnQuête’’, le ministre de la Culture, Abdou Latif Coulibaly, lui a rendu hommage. ‘’Idrissa Ouédraogo n’était pas seulement l’auteur, l’inspirateur et la source d’une filmographie impressionnante par sa thématique et sa qualité esthétique. Il fut aussi un formateur remarquable qui a transmis à de nombreux talents africains, portant avec compétence et brio le destin du cinéma continental, les rudiments ou la maitrise de leur art’’, écrit M. Coulibaly. Il salue également le talentueux réalisateur qu’il fut. ‘’Auréolé de prestigieuses récompenses comme l’Etalon de Yennenga du Fespaco ou le Grand Prix du jury du festival de Cannes, Idrissa Ouédraogo prend place, aujourd’hui, dans un panthéon où l’ont précédé des pionniers comme Sembène Ousmane ou Paulin Soumano Vieyra’’, ajoute-t-il.

Ainsi, au nom du chef de l’Etat et de l’ensemble du gouvernement, Abdou Latif Coulibaly présente ‘’les fraternelles condoléances du peuple sénégalais au gouvernement et au peuple burkinabè’’.

BIGUE BOB

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