Publié le 24 Jun 2015 - 10:51
NOMME AGENT JUDICAIRE DE L’ETAT

Les avocats de Tahibou Ndiaye ne veulent plus d’Antoine Diome 

Antoine Diome 

 

Le dernier témoin a été entendu hier, dans le cadre du procès Tahibou Ndiaye. Après cela, place aux plaidoiries qui débutent lundi prochain. En attendant, les avocats de l’ex-Dg du Cadastre se sont interrogés hier sur la présence à la Crei d’Antoine Diome qui est désormais agent judicaire de l’Etat.

 

‘’Sa présence rend irrégulière la composition de cette juridiction’’, a tonné hier Me Demba Ciré Bathily. Une manière pour l’avocat de Tahibou Ndiaye de dire que le substitut du procureur spécial Antoine Félix Diome, nommé récemment agent judiciaire de l’Etat, ne doit plus prendre part au procès de son client. Sa nomination est intervenue il y a une semaine. Cette question aurait dû être soulevée vers la fin de l’audition de lundi.

Mais par contrainte de temps, Me Abdourahmane So avait été prié de remettre ses observations au lendemain. Hier, les avocats ont soutenu devant la Crei que cette nomination lui a fait perdre sa qualité de procureur. Mieux, a ajouté Me Bathily, elle pose la question de l’impartialité car, Tahibou et sa famille ont le droit d’être jugés par une juridiction impartiale. Et que si Antoine Diome devait siéger, les règles d’impartialité seraient violées. Dans le même sillage, son confrère Me Abdourahmane So a ajouté qu’il ne faut pas forcément une notification. Que le parallélisme des formes les amène à dire que le décret fait qu’il ne peut plus siéger devant la Crei.  ‘’Qu’il descende de ce piédestal pour se mettre du côté des agents judiciaires de l’Etat, afin que le combat puisse continuer’’, a déclaré l’avocat.

Au moment où les avocats de Tahibou Ndiaye épiloguaient sur la suite de sa participation au procès, l’intéressé, apparemment surpris, n’a pipé mot. Mais, amusé par ce débat, il a été saisi par moments  d’un fou-rire.  Ainsi, c’est le procureur spécial Cheikh Tidiane Mara qui a pris la parole pour demander : de quoi a-t-on peur ? ‘’A aucun moment il n’a été prouvé l’acte de détachement d’Antoine Diome comme agent judiciaire, de même que la notification de son détachement au ministère des Finances’’, a-t-il poursuivi.  Selon le procureur spécial Mara,  aucun document dûment signé par un ministère n’a été produit. ‘’Il est toujours au service du parquet tant que nous n’aurons pas reçu la notification de sa nomination comme agent judicaire’’. De ce fait, il a demandé que les observations de la défense soient rejetées, car selon lui, elles n’ont pas leur place dans les débats. A sa suite, l’agent judiciaire de l’Etat Mafall Fall a confirmé que ‘’l’acte n’a pas encore été notifié au substitut du procureur spécial’’. L’agent judiciaire de dire : ‘’Je ne considère pas, au moment où je vous parle, Antoine Diome comme mon supérieur hiérarchique. Il est substitut du procureur spécial jusqu’à ce qu’on lui notifie le décret qui atteste qu’il va prendre fonction.’’

Ce débat a semblé agacer Me Moussa Félix Sow de la partie civile qui a laissé entendre que ces observations étaient ‘’juste faites pour meubler le temps, voire amuser la galerie’’. Me Sow a ajouté qu’il faut la promulgation et la publication au journal officiel pour que ce décret puisse entrer en vigueur. Pour clore le débat, le Président de la Crei Henri Grégoire Diop a demandé à la défense de faire ses observations par écrit. ‘’Ce n’est pas à la Cour de récuser un magistrat qui a déjà prêté serment’’, a conclu le président.

Par la suite, l’audition du dernier témoin Madické Mbodj a pu avoir lieu. L’expert comptable s’est occupé de la comptabilité de Ndèye Aby Diongue, épouse de l’ex-Dg du cadastre, après l’éclatement de l’affaire. Mais le rapport qu’il a produit a été par moments contesté, aussi bien par la partie civile que par la Cour. Il s’est défendu en soutenant que son travail s’est basé sur des carnets de vente et des estimations.

Avec le témoignage de Madické Mbodji ont pris fin les auditions des témoins, dans le cadre de cette affaire portant enrichissement illicite d’une valeur de 3,94 milliards de F CFA. Le début des plaidoiries est prévu lundi  prochain. 

AMINATA FAYE (Stagiaire)

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