Publié le 1 Jan 2021 - 11:30
NON-LIEU POUR ALIOU SALL, COALITION DE L’OPPOSITION…

Abdoul Mbaye assène ses vérités 

 

Le leader de l’Alliance citoyenne pour le travail (ACT) n’y est pas allé de main morte pour fustiger l’ordonnance de non-lieu accordée, mardi, à Aliou Sall dans le cadre de l’affaire Petro-Tim. L’ancien premier ministre incite à bâtir une large coalition de l’opposition pouvant composer Ousmane Sonko, khalifa Sall et d’autres leaders. Entretien… 

 

Quelle est votre réaction suite à l’ordonnance de non-lieu, dans le cadre de l’affaire Petro-Tim, à monsieur Aliou Sall ?

Je suppose qu’il s’agit de la première procédure qui avait commencé par un appel à témoins. A l’époque, nous avions dit qu’il s’agissait d’une manière d’enterrer l’affaire et de ne pas aller au-delà de l’audition des personnes qui s’étaient présentées devant les enquêteurs. J’avais choisi de me rendre à la Dic (division des investigations criminelles) et de rendre une déposition complète pour bien montrer que la direction dans laquelle la procédure s’était engagée n’était pas la bonne et qu’elle allait aboutir à un non-lieu. Mais, c’est ce qui était voulu. C’était du cinéma. Le délit principal qui est un faux en écriture publique, en document administratif ; un faux rapport de présentation accompagnant le dossier et violant la législation sénégalaise en matière de permis d’exploration et d’exploitation n’était pas recherché. Notre témoignage montrait très bien qu’il fallait s’engager dans cette direction.

Quand nous avons constaté que le dossier, quittant la Dic, allait arriver chez le procureur, exempté de ces points, nous avons pris l’initiative au niveau du Congrès de la Renaissance démocratique (CRD) d’engager une autre procédure. Nous avons porté plainte avec constitution de partie civile pour faux et usage de faux en écriture publique. C’est cela le vrai délit qui peut faire l’objet de poursuites et de condamnations. Nous l’avons introduite en juillet 2019 et à ce jour, en violation totale du code de procédure pénale, et malgré toutes les interventions de nos avocats auprès du doyen des juges d’instruction et au niveau de la chambre d’accusation, le dossier est resté sans suites. Parce qu’ils savent que c’est à ce niveau que l’on peut retrouver des faits coupables et le condamner.

Cela ne nous surprend pas. Cela montre bien que notre justice est presque devenue une machine à ne point poursuivre ou à blanchir de vrais coupables de détournement de milliards de francs CFA.

Ils disent que les témoignages reçus, dont la vôtre, n’apportent aucun document ou élément utile à la manifestation de la vérité…

Ils racontent des histoires. C’est n’importe quoi. Le faux, on l’a prouvé dans un texte écrit. Lorsque l’on dit que le groupe pétrolier Petro-Tim a les capacités financières et techniques à exploiter un puits, au nom d’une expérience avec des associés asiatiques, c’est du faux. Cela ne correspond pas à la vérité. La preuve est venue par la suite, puisqu’ils ont été incapables d’explorer et ont dû tout céder. Donc, ce n’est rien d’autre que des mensonges pour innocenter des personnes que l’on ne souhaite pas poursuivre. On ne protège pas les intérêts des Sénégalais et on veut protéger les personnes qui les ont lésés. C’est une justice aux ordres. S’ils sont sûrs de leur fait, qu’ils instruisent notre plainte et que l’on aille vers un procès.  

Donc vous n’avez plus espoir sur cette affaire, tant que ce régime est en place ?

On a très tôt dit qu’on n’avait pas espoir. Mais lorsque l’on engage des actions à l’internationale, ce qui est notre cas, il faut prouver qu’il est impossible d’obtenir justice au niveau des juridictions nationales. Mais là, c’est démontré.

Etes-vous favorable à une grande coalition de l’opposition avec des leaders comme Khalifa Ababacar Sall ou encore Ousmane Sonko pour contrer la coalition qui réunit autour du président de la République Idrissa Seck et ses nouveaux alliés ?

C’est une position que mon parti partage avec le Congrès de la Renaissance Démocratique. Nous considérons qu’il faut absolument bâtir une large coalition au sein de laquelle se retrouveront ceux que vous avez cités (Ousmane Sonko, Khalifa Sall ndlr) et d’autres partis. Il faut réunir toutes les forces patriotiques et citoyennes qui se sentent concernées par la nécessité d’un changement dans la gestion du Sénégal, dans un sens correspondant aux intérêts de nos concitoyens et au renforcement de notre démocratie. Donc, nous sommes en phase avec les démarches engagées. Nous ne faisons certes pas de publicité autour des rencontres que nous organisons. Mais, nous sommes en contact avec plusieurs leaders de partis politiques et de la société civile.

Justement, que pensez-vous du retour de monsieur Idrissa Seck dans le giron du pouvoir, après qu’il ait été nommé président du conseil économique social et environnemental ?

Cela n’étonne que ceux qui veulent être étonnés. Manifestement, il était à la recherche d’une « place », comme disait le juge Kéba Mbaye. J’avoue que je pensais qu’il cherchait à occuper la place du leader de l’opposition. Pour cela, j’ai été un peu surpris qu’il accepte de servir Macky Sall. Nous avons eu à échanger sur le personnage et le fait qu’ils s’allient m’a surpris. C’est malheureusement une habitude en politique politicienne sénégalaise. Il y a des praticiens de la politique qui la font pour eux-mêmes, plutôt que pour leur pays ou leur peuple. Il ne pouvait être que comme les autres.

Comment avez-vous accueilli le fait qu’il ait essayé de nommer votre jeune frère, monsieur Cheikh Tidiane Mbaye, conseiller au conseil économique social et environnemental ?

C’est une affaire entre lui et mon petit frère. Je n’ai pas d’avis à donner là-dessus. En tout cas, Cheikh Tidiane a décliné l’offre.

Lamine Diouf

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