Publié le 21 Nov 2019 - 03:43
NON PARACHEVEMENT REFORME FONCTION PUBLIQUE

Les travailleurs engagent le bras de fer avec l’Etat

 

Pour exiger le parachèvement de la réforme de la Fonction publique locale et la satisfaction de ses revendications, l’Intersyndicale des travailleurs des collectivités a décidé, hier, d’engager un bras de fer avec l’Etat avec des marches et des sit-in.

 

Les travailleurs des collectivités s’impatientent de voir la réforme sur la Fonction publique locale aboutir. Engagée par le régime du président Abdoulaye Wade à la veille de sa chute en 2011, la réforme piétine depuis des années. Celui du président Macky Sall tarde jusque-là à prendre les décrets d’application nécessaires à sa mise en œuvre, 7 ans après son installation au pouvoir.

Face à cette situation du reste déplorable, l’Intersyndicale des travailleurs des collectivités territoriales a décidé d’engager la bataille. Lors d’un point de presse tenu hier au siège de la Fédération générale des travailleurs du Sénégal, elle a décliné son plan d’action pour pousser les autorités compétentes à satisfaire leurs doléances. Tout en sonnant la mobilisation de tous ses membres, l’Intersyndicale a décidé d’introduire, dès aujourd’hui, un préavis de grève auprès de la tutelle. En attendant de passer à la vitesse supérieure, une tournée nationale de mobilisation, qui commence dès la semaine prochaine par la région de Dakar, est prévue. Elle consistera à des rencontres avec l’Association des élus locaux et les différentes centrales syndicales pour solliciter leur soutien.

Pour se faire entendre, elle a également prévu des marches et des sit-in.  L’Intersyndicale des travailleurs des collectivités territoriales dénonce, en effet, l’inertie de l’Etat qui semble ranger aux oubliettes la réforme sur la Fonction publique locale. Une situation qu’elle trouve inacceptable. ‘’Malgré les innombrables grèves des travailleurs des collectivités territoriales et la sollicitation de l’Etat leur demandant de surseoir à leurs mouvements d’humeur, les autorités continuent toujours à pédaler dans la choucroute. Rien n’avance quant à la finalisation de cette revendication qui date d’une vingtaine d’années’’, fulmine Sidya Ndiaye. Le secrétaire général de la Fgts souligne ainsi que le parachèvement de la Fonction publique locale reste la principale revendication des travailleurs du secteur de la gouvernance locale.

Selon le leader syndicaliste, pour parachever cette réforme, il suffit tout simplement de mettre en place la structure de gestion des effectifs et de la masse salariale des collectivités territoriales ; de faire signer le décret déjà validé par les parties prenantes fixant les organigrammes types des collectivités territoriales et la migration des pensions de l’Ipres vers le Fnr (Fonds national de retraite).

L’Intersyndicale des travailleurs déplore, dans la foulée, le non-respect, par l’Etat, des engagements pris allant dans le sens de satisfaire leur plateforme revendicative. Selon les camarades de Sidya Ndiaye, lors de l’installation du Conseil supérieur de la Fonction publique locale, le président de la République avait donné des instructions fermes pour le parachèvement de la réforme. Mais, malheureusement, affirment-ils, l’acte 3 de la décentralisation et toutes les réformes opérées au niveau des départements ministériels ont fait l’objet de procédure d’urgence, à l’exception du dossier des travailleurs.

Sidya Ndiaye et ses camarades déplorent ainsi un manque de considération de la part de l’Etat. ‘’Il est clair que l’Etat du Sénégal n’a aucune considération pour les travailleurs des collectivités locales et leurs représentants. Leur non implication à la rencontre du Cicad présidée par le président de la République, pendant laquelle tous les acteurs territoriaux étaient conviés à l’exception des travailleurs, en est une parfaite illustration’’, rouspète Ndiaga Diop, représentant du secrétaire général du Syndicat des travailleurs des collectivités locales.

Selon ce dernier, les travailleurs ne sont pas associés dans les prises de décision. Or, ce sont eux qui font marcher les collectivités. ‘’Presque 80 % des élus ne résident pas dans leurs collectivités. Ce sont les travailleurs qui couvrent les recettes et préparent les budgets’’, soutient-il.

’’Il y a eu 6 ministres depuis 2012, soit un ministre tous les 18 mois’’

Les syndicalistes ont également déploré l’instabilité institutionnelle notée au département ministériel en charge du secteur. Selon eux, cette situation complique davantage les négociations. ‘’Le ministère des Collectivités territoriales est le département ministériel qui a changé le plus de titulaire. À chaque remaniement, on change de ministre. Ce qui complique les négociations avec des procédures qui recommencent à chaque fois. Il y a une instabilité institutionnelle qui fait qu’aujourd’hui, on ne peut pas travailler correctement. Il y a eu 6 ministres depuis 2012 ; soit un ministre tous les 18 mois’’, regrette Ndiaga Diop.

ABBA BA

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