Publié le 12 Jan 2017 - 19:16
NOTIFICATION DE L’ARRETE AU GROUPE YAVUZ SELIM

Beskent Egitim compte demander la rétraction de la décision

 

L’Etat du Sénégal a envoyé à l’association Beskent Egitim la notification de l’arrêté qui confie la gestion du groupe Yavuz Selim à la Fondation Maarif. L’administration compte demander la rétraction de la décision, et les avocats vont saisir la Cour Suprême pour annulation.

 

C’est déjà effectif. Le gouvernement du Sénégal, par le biais du ministère de l’Intérieur, a envoyé mardi une notification de l’arrêté du 7 décembre 2016 (confiant la gestion de Yavuz Selim à la fondation Maarif) à l’association Beskent Egitim, propriétaire du groupe scolaire, pour la cessation immédiate de ses activités sur toute l’étendue du territoire national. Ce, malgré les sit-in, les marches et les cris du cœur des élèves. En conférence de presse hier, le président de ladite association a soutenu qu’ils allaient demander le retrait de la décision. Selon Madiambal Diagne, le gouvernement les a appelés à des concertations. ‘‘Nous sommes très ouverts à trouver des solutions. Mais nous n’accepterons pas un dédommagement. Ce qui est fait ici, c’est de la fortune. Au-delà de ça, Yavuz Selim est un projet. Nous voulons que le modèle éducatif continue’’, a souligné M. Diagne. Très ferme dans ses propos, il a demandé également que le sort des Turcs soit pris en compte. ‘‘Il ne faut pas que l’Etat soit dans la logique de les chasser. Nous ne badinons pas sur ça’’, a-t-il averti.

Pour le moment, l’administration ne compte pas bouger de l’école. Elle a décidé de continuer ses activités, malgré la notification. Alors qu’il est dit dans l’arrêté, en son article 3, que la violation des dispositions du présent arrêté expose son auteur aux sanctions prévues par les lois et règlements. L’avocat de l’association, Me Boucounta Diallo, a assuré qu’ils ne vont jamais accepter de suivre ‘‘le prince turc’’ dans ce qu’il demande. Qui est contraire à la loi, à la logique juridique et au bon sens. ‘‘L’accouchement de la notification a été long, laborieux, douloureux. Simplement parce que l’Etat voulait tailler sur mesure un arrêté en lui donnant un contenu qui n’est pas le contenu réel. Il avait beaucoup de peine à mobiliser cet arrêté en quelque sorte’’, a-t-il dit.

Me Boucounta Diallo : ‘’C’est un détournement de pouvoirs’’

Selon lui, il est précisé que l’association doit se conformer à son statut, défini comme juridique. ‘’Nous sommes surpris de voir que c’est le ministre qui se substitue à l’association et qui décide à la place de l’assemblée générale de ce qui est bon pour ‘‘Beskent Egitim et du changement de statut’’, a fulminé Me Diallo. Avant de poursuivre que l’association sénégalaise n’est pas obligée de suivre une association internationale. Parce qu’elle a une personnalité juridique distincte de celle de la fondation turque qui a été reconnue par les autorités de ce pays, conformément à leur loi. Donc, le ministre ne peut pas se substituer à l’assemblée générale pour prendre des décisions que seule cette dernière doit prendre, à la majorité des 2/3. ‘’C’est un détournement de pouvoirs. Car, dans l’arrêté, le but réel visé n’a pas été dit. Nous connaissons l’objectif qui est la fermeture de l’école et la remise de l’établissement à d’autres mains. Nous sommes en face d’une violation même des statuts de l’association par le ministre qui est censé veiller au respect par l’association de ses propres statuts’’.

Pour lui, l’Etat a la chance de revenir sur la décision par la voie de la rétractation.  Car, il serait humiliant de laisser à la Cour suprême du Sénégal le soin d’apprendre le droit à nos autorités et le soin de les ramener à la raison. Parce qu’ils vont la saisir pour annulation de la décision. ‘‘Ceux qui ont pris cette décision connaissent, comme nous, les termes de la loi.’’ Pour le secrétaire général de la Fédération nationale des parents d’élèves du Sénégal (Fenapes), Dame Seck, si l’Etat pense qu’avec l’arrêté une solution diplomatique est trouvée, il reste une solution interne. ‘’Nous allons mener le combat. Nous allons faire pression pour qu’il revienne sur sa décision’’. Quant au leader du mouvement Y en a marre, Fadel Baro, c’est une honte de laisser l’Etat exprimer cette faiblesse devant le monde entier.

L’arrêté abrogeant l’arrêt 2086 du 26 avril 1998 portant autorisation de l’Association turque ‘‘Beskent Egitim’’ qui a ouvert les écoles Yavuz Selim au Sénégal, informe que la gestion des écoles turques a été confiée désormais à  ‘’Maarif’’, une fondation créée par Recep Tayyip Erdogan, mais les enseignements vont se poursuivre.

VIVIANE DIATTA

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