L’édifice vit ses derniers réglages avant livraison. Même si l’endroit reste ‘’impénétrable’’, ses alentours laissent fleurir des commerces qui se portent au mieux. Ici, l’Amérique semble emménager pour requinquer l’espoir. Bien que la peur occupe certains esprits.

Le ronronnement de gros engins perturbe la quiétude de ce quartier réputé pour son calme. Ça bruite de partout. Le goudron malaxé adopte des contours bien lointains aboutissant à un rond point jouxtant l’arrière plan de l’ambassade. Les ouvriers sortent du chantier, c’est l’heure de la pause. Une foultitude d’individus s’emparent des restaurants qui semblent former un arc tout autour de la bâtisse. L’écart est tout de même de rigueur. Des gérants de restaurants apprécient positivement la présence de ces ouvriers qui font que les affaires se portent au mieux.

Installé sur une chaise à l’entrée de son restaurant, Mouhamed, la vingtaine, s’active. Omelettes, café Touba, boissons gazeuses, c’est au choix, l’éventail est large. ‘’Ce chantier nous arrange à plus d’un titre, la clientèle ne se fait plus désirer’’, dit-il sur un ton heureux. Une joie qui s’effiloche lorsque le jeune cuisinier est interpellé sur la fin annoncée du chantier en fin décembre. Déjà la diète prochaine se fait sentir peu à peu : ‘’Au début, lorsque ce couloir (NDLR : celui faisant face au restau) était en construction, nous recevions par jour plusieurs ouvriers venus prendre le petit-déjeuner. Aujourd’hui, ce chiffre baisse de plus en plus.

Normal, explique ce jeune technicien sorti du chantier : ‘’Lorsque nous démarrions, nous étions plus de mille personnes mais à ce jour, il ne reste plus qu’environ 500 personnes et c’est lié à l’état d’avancement des travaux qui sont presque terminés’’. Il poursuit : ‘’Nous avions un restaurant à l’intérieur du chantier mais depuis un certain temps, fin des travaux oblige, les concessionnaires se sont retirés’’. La restauratrice Sophie, elle, semble profiter au mieux de cette situation, rappelée qu’elle a été par des ouvriers qui raffolent de ses mets ‘’succulents’’. Aujourd’hui, la gargote de Sophie ne désemplit pas. De même que celles de ces dames venues presque toutes de Ouakam et officiant en face de la bâtisse.

Tout le monde trouve son compte par ici et ce n’est pas le boutiquier Saliou qui le démentira. Paresseusement installé sur sa chaise, l’arrière plan offre l’image d’une boutique bien rangée. Entre deux sourires, il confie : ‘’La présence de cette ambassade augmente mes gains quotidiens, c’est une véritable aubaine et j’ose espérer aussi que lorsqu’elle sera opérationnelle, cela va continuer.’’

‘’Les États-Unis d’Amérique seront implantés ici’’

Pour une ambassade, c’en est vraiment une. Peint en vert, beige et marron, cet imposant bâtiment suscite bien la curiosité sur la pointe des Almadies, en face du Méridien président. Sécurisé jusqu’à la fondation, la nouvelle ambassade des États-Unis au Sénégal est une merveille. Le nombre d’ouvriers qui y officient est étonnant. Au début ils étaient plus de mille ouvriers, appartenant à différentes nationalités.

Du bâtiment à la charpente, en passant par la menuiserie, l’électrification, l’adduction d’eau, l’informatisation…tout s’y passe et tout s’y fait. Les spécialistes du jardinage s’organisent à rendre merveilleuse ce joyau aussi bien à l’intérieur qu’au dehors, avec un système de goutte-à-goutte bien en marche. Et déjà que les fleurs ont éclos, l’endroit brille de mille feux. Une vue sublime, un moment captivant. Le beau et la finesse sont dans cet endroit et refusent de le quitter, selon l’endroit où l’on se positionne pour observer et contempler cet ouvrage d’art contemporain. Ils se conjuguent à tous les angles, sur toutes les bouches et sur toutes les langues.

L’histoire se déroule, on regarde et on apprécie. La bâtisse impressionne également à travers sa fermeture par deux séries de clôtures électriques savamment surveillées par des caméras pointées un peu partout. Ce bâtiment a des yeux et il vous voit de loin. Alors qu’il se rendait au restaurant, ce jeune garçon habillé en pantalon jean bleu, tee-shirt noir et casquette rouge, a accepté de partager avec nous une partie des mystères renfermés dans ce chantier. ‘’Il y a un hôpital à l’intérieur, des restaurants et centres commerciaux, des piscines... L’USAID sera logé ici, en gros, tout ce qui est administration sera ramené sur ces nouveaux locaux’’. Se gardant de trahir la ‘’parole donnée‘‘ aux promoteurs et qui consiste à ne point divulguer ce qui se passe à l’intérieur, il résumera cette nouvelle construction en ces termes : ‘’les États-Unis d’Amérique seront implantés ici’’.

Amadou NDIAYE

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