Publié le 21 Nov 2014 - 01:11
OBSERVATOIRES NATIONAUX DE L’EGALITE DE GENRE

‘’Il faut éviter de placer des chefs religieux en position de violation des lois’’

 

Le non-respect de la liste paritaire aussi bien dans la ville sainte de Touba que dans les commissions et bureaux électoraux, lors des dernières locales, a été soulevé hier, lors ‘’d’une conversation de feu’’. C’était dans le cadre de l’atelier international des observatoires nationaux de l’égalité de genre et institutions assimilées d’Afrique francophone qui se tient  du 19 au 21 novembre à Dakar. L’application de la parité continue de buter sur des pesanteurs socioculturelles.

Partant de ce constat, des leaders politiques, des universitaires et experts ont tenté de dégager de nouvelles pistes de réflexion. En attendant que la Cour suprême statue sur ‘’la violation flagrante de la disposition de notre constitution, en ce qui concerne le non-respect de la parité dans les bureaux et commissions lors des locales’’, ils militent pour une harmonisation des textes.

 La rencontre initiée par l’Observatoire national pour la parité au Sénégal, en prélude au sommet de la francophonie, a également servi de prétexte pour pointer du doigt l’immixtion de la religion dans la politique. Le cas de la cité religieuse de Touba a été cité en exemple, où une liste non paritaire a été présentée en raison de son statut spécial. Mais pour le conseiller politique du chef de l’Etat Macky Sall, Luc Sarr, il faut dépassionner les débats et essayer de voir au-delà des clivages sexistes. Il s’explique : ‘’La plupart des organisations civiles sont dans le domaine du souhaitable.

Nous sommes dans le domaine du possible. Nous avons l’impératif de créer des germes de développement et d’asseoir un climat de paix’’. Revenant sur la posture adoptée par le gouvernement, il déclare : ‘’nous sommes obligés de céder à de fortes pressions pour préserver la cohésion sociale et la stabilité. Ce qui s’est produit à Touba s’est aussi produit à Médina Gounass, avec des listes typiquement masculines. Seulement, il nous faut développer des stratégies de contournement et d’évitements de conflits qui consistent à toujours négocier, même si nous voulons que les femmes progressent dans tous les secteurs d’activités’’.

Casimir Demba Ciss, le chargé de la communication de la Direction générale des élections, invite à une réflexion, dans la mesure où Touba n’est pas un cas singulier. ‘’Les mêmes réalités sont notées à Khelcom ou Médina Gounass. Dans ces localités, on aurait beau chercher à appliquer la parité, on n’aurait pas réussi. Les listes ne seraient jamais complètes, vu les réalités socioculturelles. Donc, il faut éviter de mettre les autorités religieuses dans une position de violations des lois’’.

Pour ces panélistes, les religieux ne constituent pas des blocages à l’épanouissement de la femme, mais il faudra s’attaquer aux survivances d’une autre époque avec intelligence.

Matel BOCOUM

 

 

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