Publié le 17 May 2019 - 19:21
OCCUPATION ANARCHIQUE, GARAGES ET STATIONNEMENTS CLANDESTINS…

Le plan de guerre de Karim Fofana pour désengorger Thiès

 

Après s’être attaqué à quelques agglomérations de la capitale Dakar, à travers son programme de désencombrement, le ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique entend rééditer le même coup dans toutes les régions, villes, communes et villages du pays. Abdou Karim Fofana a présenté, hier, au Comité régional de développement (Crd), le plan d’action ‘’efficace’’ pouvant offrir à Thiès et aux Thiessois, un meilleur environnement et un cadre de vie plus adéquat.

 

Des rues complètement bouchées, des trottoirs occupés par les vendeurs de fruits, de légumes, de poissons, de cacahuètes et marchands ambulants. Des garages clandestins installés un peu partout à travers la ville, présence d’épaves de véhicules, stationnement de calèches sur la voie publique etc. Voilà le triste décor qu’offre Thiès. Surtout dans les lieux marchands. Cette ville, qui compte plus 350 000 habitants, baigne dans une insalubrité extrême. Car, depuis les élections législatives de juillet 2017, la ville est laissée à elle-même. Ses principales avenues (Léopold Sédar Senghor, Félix Houphouët- Boigny, Lamine Guèye…) ont cessé d’être balayées, comme ce fut le cas en février ou encore mars 2017. Bref, la propreté, jadis compagnon des Thiessois, a disparu laissant place à la saleté.

Le ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique compte y remédier. ‘’Il faut que Thiès soit libérée, de même que la circulation. Le rond-point Diakhao, occupé de façon anarchique par les vendeurs de poissons et de légumes, doit être vidé de ses occupants. Parce que Thiès et les Thiessois méritent un meilleur environnement et cadre de vie. Nous devons sensibiliser les populations. Mais, nous allons agir sans état d’âme’’, s’est engagé et a prévenu Abdou Karim Fofana, hier, au cours de la conférence territoriale sur la question du désencombrement à la gouvernance de Thiès. Conscient de la complexité de ces opérations, l’ancien directeur de l’Agence de gestion du patrimoine bâti de l’État (Agpbe) appelle à une participation inclusive afin de venir à bout du phénomène de l’insalubrité dans les villes, mais aussi de l’occupation anarchique.

‘’Les uns et les autres peuvent incriminer l’État et les collectivités territoriales. Mais, moi, je dis que c’est tout le monde qui est responsable. Chaque citoyen doit se sentir concerné. Je rappelle que, pour ce projet, on ira jusqu’au bout. Nous sommes tous responsables de ce qui se passe dans nos villes. Parce que les déchets issus de nos consommations sont aussi destinés à être valorisés. Nous comptons sur vous (les élus) pour l’atteinte de nos objectifs’’, a poursuivi l’ex-conseiller technique au ministère des Infrastructures et Transports terrestres, rappelant que le département qu’il dirige, depuis le 07 avril, envisage de mettre à la disposition des communes des ressources leur permettant de prendre en charge les questions liées à l’hygiène publique, à l’assainissement et à l’encombrement.

A cet effet, il projette d’installer une brigade de veille de 150 éléments dans chaque région pour veiller en permanence à la propreté des rues, lieux et autres espaces publics.   

Les recommandations des élus locaux

Prenant la parole à la suite de ses collègues élus, le premier vice-président du conseil département de Thiès invite le ministre Abdou Karim Fofana à travailler de concert avec les maires, présidents de conseils départementaux, les conseillers municipaux, s’il veut vraiment réussir la mission qui lui est assignée. ‘’Pour venir à bout de ce phénomène, nous devons mutualiser nos forces, sinon on n’y arrivera pas. Il faut également voir comment appuyer chaque collectivité territoriale en termes de moyens. Il n’y a pas longtemps, on nous a promis, des camions de ramassage des ordures ménagères. Par la suite, rien n’a été fait et le projet est tombé à l’eau. Avec ce programme, il faut travailler avec tout le monde’’, déclare Yankhoba Diatara. Qui est d’avis que Thiès mérite un nouveau marché aux poissons.

Cela, ajoute-t-il, va permettre de désengorger, au plus vite, le marché central de Thiès qui a fini de montrer ses limites. ‘’Le désencombrement de la ville de Thiès est une urgence extrême. Nous sommes plus de 350 000 habitants dans la ville. Il est évident qu’il y aura plus de déchets et d’ordures ménagères. Avec l’implantation de l’aéroport international Blaise Diagne de Diass, on fera bientôt 500 mille habitants. Donc, il faut penser à comment résoudre cette problématique liée à l’occupation anarchique, mais aussi à l’hygiène publique’’, a déclaré l’adjoint d’Idrissa Seck.

Pour sa part, le maire de la commune de Taïba Ndiaye soutient que Thiès est confronté à un sérieux problème d’urbanisation et d’aménagement. C’est pourquoi, il conseille au ministre Abdou Karim Fofana d’appliquer l’intercommunalité, s’il veut résoudre définitivement ce problème. ‘’Nos villes étouffent.

Nos villages étouffent. Si on veut les désencombrer, il urge d’organiser une journée de réflexion avec tous les acteurs à la base et mutualiser nos forces et moyens. Sinon, il nous sera difficile d’y arriver’’, a préconisé Alé Lô. La présidente du conseil départemental de Tivaouane, Seynabou Gaye Touré, a, elle, demandé à Abdou Karim Fofana d’attaquer ce programme avec rigueur, mais aussi de faire preuve de ‘’beaucoup de diplomatie.’’ Elle lui conseille de s’inspirer du modèle Rwandais de Paul Kagamé. Le Rwanda, un pays qui fascine de par son bel exemple de propreté qu’il offre à l’Afrique et au reste du monde.

A Thiès, en attendant que le plan de ‘’guerre’’ d’Abdou Karim Fofana soit mis en exécution, les rues, avenues et marchés continuent d’absorber leurs lots d’ordures.

GAUSTIN DIATTA (THIES)

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