Publié le 13 Dec 2017 - 20:12
OPTIMISATION DES PERFORMANCES DE L’ARACHIDE

Des systèmes d’innovation nécessaires pour inventer le futur de la filière

 

Le ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural, Papa Abdoulaye Seck, a estimé qu’il est nécessaire de mettre en place des systèmes d’innovation afin d’inventer le futur de la filière arachidière. Il s’exprimait hier en marge d’un atelier sur le sujet.

 

Créer des systèmes d’innovation à base d’arachide avec un maître-mot, ‘’l’excellence’’. Voilà ce qu’il faut à la filière, selon le ministre en charge de l’Agriculture, Papa Abdoulaye Seck. ‘’Si nous parlons de diversification dans le bassin arachidier, pour en faire un bassin agricole, cela ne signifie pas la disparition de l’arachide. Mais plutôt des systèmes de production ancrés sur l’arachide. Donc, il nous faut nécessairement des systèmes d’innovation. Et la construction de ce système implique la responsabilité de tous les acteurs’’, a-t-il expliqué hier, lors d’un atelier de validation de la Note d’orientation pour le développement et l’optimisation des performances de la filière.

Ce qu’il faut surtout noter, pour le ministre, c’est que le gouvernement du Sénégal ‘’n’est pas dans un choix d’un pan de la filière par rapport à un autre’’. ‘’Nous sommes plutôt dans une logique de construction d’un système caractérisé par une diversité des acteurs et le développement d’une complicité naturelle entre ces acteurs pour que l’agrégation des contributions puisse nous permettre d’avoir une filière arachidière puissante’’, a-t-il ajouté.

Dès lors, Papa Abdoulaye Seck estime qu’il faut prendre en compte dix préoccupations pour régler les maux de la filière. Car, d’après lui, l’arachide est une spéculation agricole importante, en ce sens qu’elle représente plus de la moitié des cultures et concerne environ les 2/3 de la population. ‘’Ce sont des ménages qui sont souvent dans l’extrême pauvreté. C’est pourquoi toute lutte contre la pauvreté doit considérer l’arachide comme prioritaire. Il faut que nous comprenions que la filière arachidière sénégalaise doit immanquablement s’inscrire dans une dynamique d’obligation de résultats. Parce que c’est ce qui va nous permettre de sécuriser les revenus des ruraux et garantir l’efficacité économique des investissements’’, a-t-il soutenu.

Ainsi, le ministre a jugé important, d’abord, de penser à la reconstitution du capital semencier pour ‘’espérer véritablement’’ un différentiel positif de la productivité de 20 à 40 %, grâce à un remplacement de la dynamique des semences écrémées par des semences certifiées.

La deuxième préoccupation de Papa Abdoulaye Seck concerne la préservation et la fortification du tissu industriel. ‘’Ce qui devrait nous permettre d’avoir plus de valeur ajoutée grâce à des activités industrielles diversifiées’’, a-t-il indiqué. L’exploitation optimale des avantages comparatifs sur les marchés internationaux, reste également un challenge. ‘’Il faut lutter contre l’étroitesse du marché local. C’est dire donc qu’entre l’exportation de graine et la fortification, nous choisissons les deux.

Et ceci doit être compris de tous’’, a-t-il fait savoir. Le renforcement de la transparence et de l’équité dans les opérations concernant les intrants et l’incorporation des innovations technologiques sont aussi des défis auxquels il faut faire face. ‘’Cela veut dire, pour nous, un changement de la carte variétale. La recherche a mis au point beaucoup de variétés adaptées à nos différents écosystèmes. Il faut graduellement changer nos variétés actuelles pour les rendre plus performantes. Il faut aussi que nous respections les itinéraires définis par la recherche. Et c’est tout cela qui va permettre de garantir une qualité sanitaire et phytosanitaire irréprochable, d’augmenter la productivité et aussi d’étaler la production dans le temps et dans l’espace’’, a dit le ministre.

La part d’huile d’arachide dans la consommation

Pour donner un futur radieux à la filière arachidière, le ministre a également reconnu qu’il faut un ‘’recentrage’’ des interventions de l’Etat sur ce qui doit relever de ses fonctions régaliennes. ‘’Il faut un désengagement graduel de l’Etat des activités de transformation. Cela signifie une privatisation réussie de la Sonacos. Réussie parce qu’intégrant les intérêts des acteurs, mais aussi ceux de toute la nation sénégalaise’’, a-t-il précisé.

Pour lui, l’augmentation de la part d’huile d’arachide dans la consommation d’origine reste aujourd’hui une priorité. L’augmentation de la part de l’arachide huilier dans le volume global de production préoccupe aussi Papa Abdoulaye Seck. Toutefois, il a admis qu’il est important d’avoir des réformes institutionnelles majeures pour une cogestion plus efficace et plus efficiente.

Pour sa part, la directrice des Opérations de la Banque mondiale au Sénégal, Louise Cord, a indiqué que le projet de la Note d’orientation pour le développement et l’optimisation de la filière arachide soumis à la revue, à l’occasion de cet atelier, se donne des ‘’objectifs ambitieux’’ et met en place une stratégie dont la mise en œuvre est ‘’porteuse d’espoir’’ pour la relance durable de la filière. ‘’Parmi les mesures proposées, les suivantes nous semblent être d’une grande portée économique et sociale’’, a-t-elle souligné. Il s’agit, notamment, de la mise en place de mécanismes de réduction et de gestion des risques de production et de marché source de ‘’grande volatilité’’ de la production et de revenus des producteurs. La rationalisation des subventions de l’Etat à la filière et la re-focaliation des interventions du gouvernement dans ses fonctions, en favorisant l’éclosion du secteur privé sur toute la chaine de valeur, afin de soutenir la transformation économique bien portée au Sénégal.

ALIOU DIA SUR LA COMMERCIALISATION DE L’ARACHIDE 

 ‘’Il faut qu’on accélère la cadence’’

Il est noté, depuis l’ouverture de la campagne de commercialisation de l’arachide le 1er décembre dernier, des fils de camions devant les usines. Une situation que le président du Comité de suivi de la campagne de commercialisation arachidière, Aliou Dia, explique par les lenteurs dans le processus de décharge des camions. Il y a, selon lui, un problème de protocoles à signer entre ces huiliers et l’Etat, et aussi une partie du remboursement auquel l’Etat devait procéder à l’endroit des opérateurs, mais également des huiliers.

‘’Une première réunion a été tenue jeudi dernier. Et la prochaine permettra de décanter la situation. Il faut qu’on accélère la cadence. Le paiement doit être effectif de la part de l’Etat par rapport aux huiliers et aux opérateurs. L’Etat a pris toutes les dispositions. Cependant, il y aura des fautifs et ils seront corrigés’’, a-t-il reconnu.

D’après Aliou Dia, les Chinois sont déjà sur place et des mesures incitatives seront prises pour les exportateurs. ‘’Après le vote du budget 2018, une loi de finances rectificative sera déposée d’ici janvier prochain, permettant de revoir la taxe. Au lieu de 40 F Cfa, il y aura une baisse permettant de la ramener à 30 F Cfa sur chaque kilogramme’’, a-t-il dit. 

MARIAMA DIEME

 

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