Publié le 28 Feb 2019 - 04:27
OUSMANE DIALLO (COACH ADJOINT ASC VILLE DAKAR)

‘’Il faut rajeunir l’équipe’’

 

Le coach adjoint de l’As Ville de Dakar, Ousmane Diallo, a fait l’analyse de la campagne des Lions du basket dans les qualifications de la Coupe du monde Chine-2019. Dans cet entretien avec ‘’EnQuête’’, il a suggéré de renforcer l’équipe sénégalaise en y greffant de jeunes joueurs dans tous les secteurs de jeu.

 

Les éliminatoires de la Coupe du monde de basket se sont achevées ce dimanche, avec le tournoi d’Abidjan. Au-delà du résultat obtenu, c’est-à-dire la qualification, quels sont les enseignements qu’on peut retenir du parcours des Lions ?

Le parcours des Lions dans les qualifications au Mondial est très positif. Bravo aux joueurs, à l’encadrement technique, parce que l’objectif, au départ, était de se qualifier pour aller au championnat du monde. Ce qui est une vraie opportunité, parce que ce n’est pas donné à tout le monde, en Afrique, d’y participer. L’essentiel a été fait à la dernière fenêtre, à Abidjan, avec un 3 sur 3. L’équipe a été meilleure sur ces trois matches à Abidjan. Le Sénégal a dominé totalement ses adversaires. On a vu, par exemple, que le Rwanda-Sénégal de Lagos et celui d’Abidjan, c’est totalement différent. Le coach a pu gérer son groupe sans certains cadres, comme Maurice Ndour et Gorgui Sy Dieng. Malgré l’absence de ces joueurs, l’équipe a bien joué.

Nous sommes qualifiés au Mondial. Maintenant, il faut penser à la relève. L’ambition du Sénégal, c’est de participer à la Coupe du monde, mais surtout de remporter la Coupe d’Afrique 2021. Pour cela, il faut rajeunir l’équipe maintenant, oser marquer la rupture sur certains postes. Parce que parmi ces joueurs qui ont joué les éliminatoires, il y en a qui ne seront pas disponibles d’ici 2021. C’est par rapport à l’âge, aux blessures. Cela ne veut pas dire qu’il faut vider tout le groupe. Il y a certains anciens qui sont toujours performants et qui participent à des compétitions au très haut niveau. Mais il faut faire la part des choses en y greffant le maximum de jeunes pour commencer à reconstruire. Cette équipe a du mérite, mais c’est le même groupe depuis Alain Weisz, ‘’Adidas’’, Cheikh Sarr, Porfirio Fisac De Diego, jusqu’au retour d’‘’Adidas’’. Jusque-là, ils n’ont rien gagné.

Le Sénégal a battu le Nigeria qui était sa bête noire ces cinq dernières années. Qu’est-ce qui a été déterminant lors de ce match ?

Ce sont les motivations qui ont fait la différence. Le match entre le Nigeria et le Sénégal, à Lagos, lors de l’avant-dernière fenêtre, n’a rien à voir avec celui d’Abidjan. Parce que le Nigeria était déjà qualifié et il est venu avec beaucoup de jeunes pour appendre, même si les Ike Diogu étaient là. Eux, ils étaient à Abidjan pour faire jouer certains jeunes, alors que le Sénégal était là-bas pour se qualifier, parce qu’il lui fallait au moins gagner un match. C’était aussi important de battre le Nigeria, parce que ça compte pour le mental.

Il y a eu le retour de certains joueurs en sélection, comme Babacar Touré, Jules Richard Aw et Moïse Diamé. Que retenez-vous de leurs prestations ?

C’est des revenants, parce qu’ils étaient dans le groupe. Moïse Diamé a fait beaucoup de préparation avec l’équipe. Il a participé au tournoi de Dakar. Donc, il connait la sélection nationale. Pour Babacar Touré, il effectue son retour. Il a joué l’Afrobasket-2011, à Madagascar. Cela fait longtemps qu’il voulait revenir. Cette fois, c’est la bonne. C’est un garçon sérieux qui fait un bon championnat en Suisse. Il est performant. L’équipe nationale est ouverte à tout le monde. Il a été bon lors du tournoi d’Abidjan. Sur le plan offensif, il a eu un apport. Il a été le 2e meilleur marqueur de l’équipe contre le Rwanda. Sa prestation était bonne. De son côté, Jules Aw est un joueur mature et engagé, qui a été longtemps dans l’équipe, mais qui s’est absenté un long moment. Cela est relatif à un problème de choix. Il a assuré son retour en faisant un match correct à son poste.

Que dire du jeune Sadiaw Ndiaye Diatta ?

Sadiaw est un jeune qui fait partie de la relève de l’équipe. C’est des gamins qu’on doit commencer à préparer. C’est vrai que c’est sa première campagne avec l’équipe A. Mais il a déjà été présélectionné avant d’être recalé. Il a commencé tôt à apprendre la compétition internationale. Il était avec nous en Guinée-Bissau avec les U16, en 2006. Il a joué avec les U18 à Maputo et les championnats du monde U19 à Prague, en 2013. Le coach a bien fait de le mettre dans le groupe pour le préparer.

Quels sont les secteurs auxquels il faudra apporter des rectificatifs ?

Tout le monde a donné satisfaction, parce que l’équipe a tourné et fait le plein lors de la dernière fenêtre ; et à l’avant-dernier tour, il leur manquait juste une victoire pour la qualification. Pratiquement, tous les joueurs qui ont participé aux éliminatoires ont beaucoup de mérite. Ils ont été à la hauteur. Maintenant, il s’agit de se tourner vers l’avenir. Au poste 1, il faut qu’on arrive à disposer de meneurs de jeu. Xan d’Almeïda est un excellent joueur, avec beaucoup de responsabilité, qui porte l’équipe. Mais, par rapport à son âge et à ses blessures, il ne peut pas être là jusqu’en 2021. Ses prestations en club ne sont pas pareilles en sélection. Il faut aussi renforcer le poste 2 (arrière). Dans le haut niveau, certains joueurs de petite taille ont des difficultés dans les grandes compétitions, parce qu’il y a un problème physique qui va se poser.

Lamine Samb et Louis Adams sont d’excellents joueurs. Mais quand ils font face à des adversaires qui font 2 mètres, ils ont des problèmes. Au niveau des tirs à distance, l’équipe n’a pas de shooteurs, à part Malèye Ndoye. Il a beaucoup de mérite. Mais il faut le dire, il commence à prendre de l’âge. Malèye ne peut continuer à porter cette charge jusqu’en 2021. On souhaite qu’il soit là, mais il faut trouver des shooteurs. Le basket de haut niveau, c’est l’adresse, le physique. Dans le jeu intérieur, il y a des joueurs qui sont encore là. Gorgui peut encore servir pendant longtemps, de même que Youssoupha Ndoye, qui a beaucoup progressé. C’est l’un des leaders de cette équipe. Néanmoins, il faut songer à y greffer certains jeunes. Dans tous les secteurs, il faut intégrer des jeunes et commencer à travailler avec eux dès à présent et ne pas attendre à deux mois des compétitions.

LOUIS GEORGES DIATTA

 

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