Publié le 27 Feb 2017 - 19:33
OUSMANE SONKO LEADER DU PASTEF

 ‘’80% d’argent, 15% de promesses et 5% de sérieux’’

 

En marge d’une visite qui entre dans le cadre de ses rencontres avec ses militants, le leader du PASTEF n’a pas été tendre avec la classe politique. Selon Ousmane Sonko, les politiques ne s’intéressent pas aux vraies questions qui pourront faire émerger le pays.

 

Ousmane Sonko, leader du PASTEF, n’a pas mis de gants pour s’attaquer aux responsables politiques. En marge d’une visite à ses militants de Keur Massar, il les a dépeints comme des gens qui ne s’intéressent qu’à des questions qui ne participent pas au développement du Sénégal. D’après lui, ceux qui aspirent à diriger leurs concitoyens ont une certaine pratique politique qui est aux antipodes de ce que veut son parti. ‘’La politique, pour notre classe politique traditionnelle, c’était 80% d’argent, peut-être 15% de promesses et 5% de sérieux. Nous avons considéré que c’est cela le problème du Sénégal. Et que la démocratie n’est pas faite pour n’importe qui’’, dit-il. Selon l’ancien inspecteur des Impôts et Domaines, la démocratie n’a de sens que si les choix sont fondés sur l’écoute et l’analyse des discours de chacun des protagonistes. En d’autres termes, le vote doit être rationnel et non émotionnel. 

C’est pourquoi il invite les candidats à faire comme le PASTEF, c’est-à-dire décliner leur vision, présenter leurs programmes…  ‘’Evidemment, c’est une nouvelle façon de voir. Quand on démarrait, tout le monde disait qu’on n’irait nulle part. Qu’au Sénégal, cela ne marche pas comme ça.  Que le peuple n’est pas prêt pour entendre cela’’, se rappelle-t-il. Mais, souligne Sonko, le parti y a cru. Ses leaders restent convaincus ‘’que le peuple sénégalais est un grand peuple, qui est fondamentalement bon, qui aspire au bonheur et au progrès’’. Seulement, si les choses n’ont pas bougé jusqu’ici, c’est que le pays a eu la malchance et le malheur de ne pas avoir le leadership qu’il fallait depuis l’indépendance, estime-t-il.  

A propos de la convocation de Khalifa Sall à la DIC, Ousmane Sonko a d’abord fustigé l’existence de caisses à gauche et à droite et qui sont à la disposition d’un seul homme. Le Pastef s’est d’ailleurs engagé à mettre un terme à la caisse noire, une fois au pouvoir. ‘’C’est comme la caisse noire du Président Macky Sall. Comment au 21e siècle, dans un pays, on peut voter 10 milliards de crédit à la disposition d’une seule personne qui en fait ce qu’il veut, sans aucun contrôle. C’est inadmissible’’, s’indigne-t-il. Selon lui, chaque centime doit obéir à des règles comptables et sur des bases très claires, puisque c’est l’argent du contribuable.

De ce fait, même s’il apporte son soutien à Khalifa Sall, c’est juste du point de vue de la forme. Un soutien de principe. ‘’Nous avons considéré que nous ne pouvons pas avoir beaucoup de gens qui ont été épinglés sur des faits extrêmement graves sur des rapports de la Cour des Comptes, de l’IGE, de la CENTIF… et qui aujourd’hui siègent dans le gouvernement de Macky Sall. Que des gens dans les gouvernements précédents épinglés pour des faits aussi graves qui ne sont pas inquiétés, parce qu’ils ont transhumé, entre-temps ; et qu’on utilise ces mêmes rapports de corps de contrôle pour régler des questions politiques’’, s’est désolé M. Sonko. Ainsi donc, même s’il trouve tout fait normal qu’on contrôle les gens, il n’en dénonce pas moins ‘’cette politique de deux poids deux mesures’’.

Dans le fond par contre, il refuse de s’avancer  tant qu’il n’a pas le contenu et la quintessence des rapports. ‘’S’il y a une base légale, on ne peut rien reprocher à Khalifa Sall, sauf de voir dans l’utilisation, si un minimum de règles ont été respectées’’, ajoute-t-il.

CHEIKH THIAM

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