Publié le 3 Jul 2017 - 19:31
OUSMANE SONKO SUR LES CONTRATS PETROLIERS

‘Nous allons créer une commission d’enquête...’’

 

Les ressources minérales récemment découvertes au Sénégal continuent de faire l’objet de débats. Le séminaire-bilan du Cesti/Oxfam a été l’occasion d’inviter l’Etat à revoir sa copie, en reconsidérant certaines décisions.

 

La rumeur attribuait le limogeage du ministre de l’Energie Thierno Alassane Sall à des divergences sur l’entrée du major français Total dans le champ pétrolier. L’ex-inspecteur des impôts, Ousmane Sonko, vient en rajouter une couche. D’après lui, ‘‘le contrat proposé par le tandem Kosmos-BP dépasse de 300 milliards F Cfa par an celui signé avec Total’’. Des propos tenus lors du séminaire-bilan organisé par le Cesti et Oxfam, ce samedi à Bopp. Des largesses sur les options fiscales et les contrats qui n’ont pas eu l’heur de plaire au nouveau leader politique qui verse déjà dans le révisionnisme ‘‘quitte à aller en contentieux’’. ‘‘Je ne comprends pas pourquoi cette Assemblée n’a pas créé de commission d’enquête sur ces contrats. Si on a une majorité ou une minorité de blocage, on va en créer’’, a-t-il défendu.

La tête de file de la coalition Ndawi Askan Wi évoque même une nationalisation du secteur des hydrocarbures à la manière du socialisme bolivarien. Prenant l’exemple du président bolivien Evo Morales qui a rendu le contrôle de la production à l’entreprise d’Etat YPFB, (les compagnies étrangères ont payé 50%  d'impôts contre 18% antérieurement, selon la page économique de lemonde.fr), Sonko prédit que les investisseurs ne fuiront pas, mais juge que les mesures prises par les pouvoirs publics sont cosmétiques.

‘‘Il faut urgemment, immédiatement, impérativement revoir le code pétrolier. C’est une vraie catastrophe. Un Etat intelligent doit marquer un temps d’arrêt et revoir son code avec de telles potentialités. La renégociation est une question de poigne, de leadership, de patriotisme et de responsabilité. Quand on parle de pétrole, ceux qui ont des choses à cacher disent que c’est un domaine technique’’, poursuit-il, estimant par ailleurs la société nationale Petrosen, mal outillée, car ne disposant que du nombre insuffisant de 18 ingénieurs géologues pour l’éventuel contrôle sur les plates-formes.

Quant au Comité d’orientation stratégique du pétrole et du gaz (Cos-pétrogaz) l’ex-haut fonctionnaire le qualifie de ‘‘véritable supercherie’’, eu égard au fait qu’il soit ‘‘un conseil des ministres bis logé et financé par le Palais’’. Un manque de vision que le chargé de programme de l’Ong Oxfam a également dénoncé, en s’en prenant au nouveau schéma directeur de développement. ‘‘Le PSE, référence de la politique économique et sociale, est muet sur les hydrocarbures. Il doit être mis à jour’’. Dans la même lancée, l’autre inspecteur des impôts, Elimane Pouye, a également appelé à réactualiser l’architecture juridique pour profiter au maximum des retombées de ces ressources minérales. Une tâche qui ne sera pas tout repos, de son propre aveu. ‘‘La mise en place d’un régime fiscal efficace est un énorme défi. Le code en vigueur ne prévoit pas les tarifs. Le principe voudrait que les tarifs soient fixés.’’, déclare-t-il, ajoutant que seuls 8% de redevances annuelles sont attendues, dès  2021.

Des options au désavantage du Sénégal que les décideurs devraient vite rectifier, selon le représentant d’Oxfam. ‘‘Il n’existe aucune causalité entre les ressources pétrolières et l’amélioration de la condition de vie des peuples’’, conclut Elimane Kane.

OUSMANE LAYE DIOP

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