Publié le 31 Jul 2015 - 05:34
OUVRAGE DU CHANCELIER IBRAHIMA SENE

Un rétroviseur sur la diplomatie sénégalaise

 

Le chancelier Ibrahima Sène a revisité l’histoire de la diplomatie sénégalaise à travers un livre. Il s’agit d’une expérience de 40 ans que l’auteur a voulu partager. La cérémonie de dédicace qui a eu lieu hier à l’Harmattan a été une occasion pour appeler les diplomates à la production écrite.

 

‘’Les diplomates savent beaucoup de choses mais ils parlent peu. Ils observent le droit de réserve, même après la retraite. Ce qu’ils savent peu aider. Ils sont tous des livres ambulants’’. Ces propos ont été tenus hier par le ministre des affaires étrangères Mankeur Ndiaye à l’occasion d’une cérémonie de dédicace d’un livre. C’est que justement un de ses diplomates a rompu le silence par le biais de la plume. Son nom est Ibrahima Sène. Titre de l’ouvrage : La Diplomatie sénégalaise de Léopold Sédar Senghor à Abdoulaye Wade : regard d'un chancelier.

Dans ce livre, l’auteur a fait l’historique de la diplomatie sénégalaise, de sa naissance à nos jours. Au fil des 29 chapitres, il a abordé divers sujets comme la diplomatie de la paix avec les voisins, celle du treillis avec l’envoi de soldats un peu partout, le dialogue des cultures…  A travers les 425 pages, l’historique, le factuel et l’intime se croisent. Si l’on en croit le doyen Mamadou Diarra qui a assuré la lecture de l’ouvrage pour l’assistance, M. Sène ne s’est jamais départi de sa position de réserve et de prudence. Car, en dépit du fait qu’il ait jeté son regard sur trois périodes différentes avec trois hommes aux styles divers, l’auteur ne s’est jamais aventuré à une comparaison entres les actions accomplies. Et pourtant, précise le présentateur, le chancelier ayant capitalisé 40 ans d’expérience avait les clés historiques, politiques et économiques pour faire de l’évaluation. ‘’Il présente les faits et laisse à chacun des lecteurs le soin d’en tirer une conclusion.’’

Ibrahima Sène, auteur du livre, affirme avoir voulu partager son expérience de chancelier. Mais comme des diplomates comme Amadou Diop et Falilou Kane avaient déjà fait des publications, il se demandait comment ne pas se répéter. La solution a été de traverser les époques pour en tirer la subsistance. D’abord Senghor. M. Sène considère qu’il a eu une diplomatie axée sur la culture, la défense de la race noire et l’intégration africaine. Celle d’Abdou Diouf a été marquée par son combat pour l’émigration.

C'est-à-dire, l’ouverture des frontières qui a permis aux Sénégalais de devenir des émigrés. Ce que Senghor ne voulait pas. Mais Abdou Diouf, c’est aussi, à ses yeux, une diplomatie sacrifiée pour des raisons budgétaires. Quant à Abdoulaye Wade, il y voit du panafricanisme tranchant, un combat pour l’unité africaine. Le ministre Abdou Latif Coulibaly qui était à ses côtés dira après lui qu’il s’agissait plutôt d’une diplomatie sans diplomates.

Par ailleurs, la cérémonie de dédicace a été une occasion pour lancer un vif plaidoyer en faveur de l’écriture à l’intention des diplomates de carrière. Le directeur de l’harmattan éditeur de l’ouvrage a invité les diplomates à ne pas mourir avec ce qu’ils savent. ‘’Si vous ne partagez pas vos expériences, ce serait une perte. Et des jeunes vont commettre des actes qu’ils auraient pu éviter.’’ Mamadou Diarra aussi trouve qu’il n’y a pas assez d’ouvrages sur la diplomatie écrits par des diplomates.

BABACAR WILLANE

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