Publié le 27 Oct 2016 - 05:33
PALLA SAMB MAIRE DE FANN POINT-E AMITIE

‘‘On ne peut pas dire que Point E est un quartier résidentiel’’

 

L’édile de la commune se rend à l’évidence. Bien qu’il conserve encore son côté résidentiel, Point-E n’est plus ce quartier où il faisait bon vivre, estime Palla Samb. Explications d’un phénomène de déclassement récent.

 

Pouvez-vous nous présenter la commune de Fann Point-E, Amitié ?

La commune comporte sept quartiers que sont Point E, Fann Hock, Zone B, Amitié 1 et 2,  Sicap Rue 10 et Fann Résidence. C’est une commune qui fut jadis la première commune résidentielle du Sénégal. L’avantage c’est ça, c’est une commune résidentielle qui ne rencontre pas certains problèmes fréquents dans les autres communes. Réseau routier acceptable, pas de problème d’évacuation d’eau de pluie,

Vous dites ‘‘jadis la première commune résidentielle du Sénégal’’. Ne l’est-elle plus ?

Effectivement ! Je dis jadis parce qu’aujourd’hui, on ne peut plus dire que c’est une commune résidentielle. C’est pourquoi notre combat se situe à ce niveau. Nous voulons que Point-E redevienne une cité résidentielle. A ce titre, nous commencerons par un vaste programme de désencombrement et de déguerpissement de toutes les occupations de la voie publique. On ne peut pas concevoir cette anarchie, pour moi, c’est tolérance zéro. 

Point E n’est plus un quartier résidentiel, mais est devenu un quartier d’affaires. Vous semblez êtes d’accord avec cette nouvelle configuration ?

C’est une question qui nous dépasse en tant que commune. C’est au niveau de l’Etat central que les choses ont bougé. Le Point E est considéré maintenant comme un quartier d’affaires car toutes les entreprises quittent le centre-ville pour s’y installer. Le réseau était prévu pour un quartier résidentiel, maintenant nous avons un problème parce que c’est des immeubles de R+7 ou plus qui sont érigés et malheureusement  cela n’a pas été prévu

Que faites-vous en tant que maire ?

Nous n’y pouvons rien car pour construire un immeuble, la personne a besoin d’une autorisation de construire qui est certes délivrée par le maire mais dont la demande ne lui est pas faite, mais à la direction de l’Urbanisme. Il y a 4 à 5 services qui donnent leurs avis. S’ils ont tous un point de vue favorable, le maire est obligé de donner l’autorisation car il y a un délai légal pour sa signature. Quand l’Etat donne un avis favorable, la mairie n’a pas d’autres choix. Il a trois jours désormais pour signer l’autorisation alors qu’auparavant, il disposait d’un mois pour étudier le dossier qui lui est soumis. Il l’envoie ensuite au préfet qui dispose de 5 jours pour approbation.

Il y a d’autres quartiers dans la commune. Qu’est-ce qui explique cette attirance des promoteurs immobiliers pour le Point E plus précisément ?

Peut-être qu’il est le plus accessible pour les entreprises que Fann. Cela  pénalise les populations car il y a des embouteillages, des stationnements à n’en plus finir, d’ailleurs nous préparons un programme de stationnement car nous n’allons plus permettre aux gens de se garer comme ils l’entendent. Vous garez votre voiture, vous payez ! Nous sommes contre l’érection de ces immeubles de société. Si les populations ne sont pas contentes, nous ne pouvons pas l’être.

Cela veut-il dire que vous êtes devant un fait accompli ; que vous ne pouvez rien contre cet état de fait ?

Juridiquement nous ne pouvons rien faire. Le seul contrôle qu’on peut faire est de voir si celui qui construit dispose d’une autorisation. Nous avons une brigade qui fait le tour pour s’en assurer. Le cas contraire, nous faisons cesser immédiatement les travaux. Sinon nous ne pouvons qu’écrire à la Direction de l’Urbanisme ou à la Direction de la surveillance et du contrôle de l’occupation des sols (Dscos). Légalement, nous n’avons aucune arme. Dans cette histoire, Point E est envahi alors que la mairie ne gagne rien sur ça, rien du tout ! Toutes ces entreprises paient leurs impôts à l’Etat. Même avec l’Acte III de la décentralisation, elles paient zéro franc à la commune. A part le montant pour l’autorisation de construire, nous ne percevons rien. Ces sociétés s’installent dans la commune, nous envahissent ainsi que les populations et en retour, zéro franc. L’Etat doit revoir cela pour donner la possibilité aux communes de se ressourcer. L’Acte III, tout le monde en parle comme ça, mais il nous a transféré des problèmes. Les ressources n’ont pas suivi.

Les complaintes de résidents se font aussi de plus en plus vives. Concrètement vous faites quoi dans ces cas ?

Ce sont les populations qui m’ont élu, donc leurs griefs ne pourraient être que les miens. Nous avons reçu des plaintes mais la loi, c’est la loi. Il y a une loi qui permet d’aller jusqu’à plus de sept étages dans le Point E. Cette loi n’existe pas à Fann Résidence. Après avoir déclassifié le Point E en quartier d’affaires, ils ont permis cela. Chaque jour, on reçoit une à dix demandes d’autorisation de construire pour toute la commune ; et dans le même temps, des gens qui décident de vendre leurs maisons. Veulent-ils trouver un coin plus calme ? Ceci explique peut-être cela.

OUSMANE LAYE DIOP

 

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