Publié le 9 Nov 2018 - 00:41
PAPE MAHAWA DIOUF (COORDONNATEUR DE LA CELLULE COM DE BBY) :

“Nos hydrocarbures sont gérées de manière transparente ’’

 

Pendant que l’opposition rue dans les brancards et dénonce une panoplie d’irrégularités dans les contrats d’exploration du pétrole et du gaz signés par le gouvernement, les tenants du pouvoir, eux, se félicitent de la transparence optée par le président Macky Sall. Selon le coordonnateur de la Cellule de communication de Benno Bokk Yaakaar, toutes les institutions spécialisées approuvent la gestion transparente du Sénégal dans le domaine des hydrocarbures. Dans cet entretien avec ‘’EnQuête’’, Pape Mahawa Diouf  revient aussi  sur d’autres sujets brûlants de l’heure comme le niveau jugé élevé de la dette publique.

PAR ASSANE MBAYE

Le débat sur la gestion de nos ressources naturelles, notamment le pétrole et le gaz, refait surface. Quelle appréciation en faites-vous ?

L’objectif, pour les hommes politiques, en tout cas ceux qui sont dans l’agenda républicain, c’est de trouver des parrains. Mais lorsque vous n’avez pas de parrains et que vous n’avez aucune perspective d’en avoir, parce que vous n’avez aucun projet sérieux, vous surfez sur un discours facile, sur le pétrole et le gaz où l’accusation facile est la chose la plus répandue. Aucun argument sérieux n’est posé sur la table. Le Sénégal va bénéficier de plus de 50 % des recettes issues de l’exploitation de nos hydrocarbures. Mieux, les institutions internationales spécialisées en la matière, comme Oxfam et l’Itie, félicitent et saluent la gestion transparente du Sénégal dans le domaine des hydrocarbures. Tous les Sénégalais doivent être fiers de la façon dont nous sommes en train de gérer les hydrocarbures et l’option de transparence faite par le président de la République.

Certains leaders de l’opposition comme Ousmane Sonko et Thierno Alassane Sall dénoncent beaucoup de nébuleuses dans les contrats d’exploration. Que répondez-vous à cela ?

Lorsqu’on aspire à diriger un pays, on doit avoir une démarche sérieuse et rigoureuse. Que signifie ‘’nébuleuse’’ ? Cela ne veut rien dire. La vérité est que le Sénégal est plébiscité par les organismes spécialisés en la matière. L’Itie est une organisation sérieuse où il y a des pays nordiques, des pays de référence en matière de management des ressources pétrolières comme la Norvège. Le Sénégal, volontairement, grâce au leadership du chef de l’Etat, a intégré ce cercle. Tous les contrats pétroliers sont publiés, mais vous n’entendrez jamais une accusation sérieusement formulée. Ils n’ont aucune raison de douter des options de gouvernance actuelle de nos ressources pétrolières et gazières.  

Comment se déroulent les opérations de parrainage de la coalition Bby à Dakar ?

D’abord, il faut saluer cette innovation consolidante de notre démocratie. Puisque, désormais, pour être candidat, il faut se faire parrainer par le peuple souverain. C’est une innovation dynamique qui permet aux acteurs politiques d’aller rencontrer les Sénégalais et de leur soumettre leur projet pour le Sénégal, d’échanger avec leurs compatriotes afin de pouvoir mériter le parrainage de ces derniers qui doivent être la source de légitimité de tout candidat aux élections présidentielles. Pour nous, nos objectifs sont en train d’être atteints. Partout à travers le territoire national, nous rencontrons les citoyens pour vulgariser les politiques conduites par la majorité Benno Bokk Yaakaar sous le leadership du président Macky Sall. Partout à travers le territoire national, c’est massivement que les citoyens sont en train d’accueillir nos représentants sur le terrain.

Selon le quotidien ‘’Wal Fadjri’’ qui a donné l’information, le président Macky Sall souffre pour obtenir des signatures à Dakar. Qu’en est-il réellement ?

Il y a une semaine, un autre organe de presse avait dit que la majorité peine à avoir des parrains dans la région de Fatick. Aujourd’hui, c’est dans une autre région qu’on nous accuse ça. Tout cela n’est que pure affabulation. Puisque une semaine après, les statistiques sont tombées à Fatick avec un nombre exceptionnel de signatures recueillies, près de 78 % comparés aux objectifs initialement fixés. Ici, à Dakar, les choses se passent très bien. Le coordonnateur général dans la région de Dakar, Amadou Ba, reçoit publiquement les bulletins de parrainage qu’apportent massivement les militants. Les objectifs sont plus que jamais en bonne voie d’être atteints.

Quelles sont actuellement les statistiques au plan national ?

Le moment venu, on va communiquer de façon claire. Pour l’instant, les travaux se poursuivent. Vous voyez chaque jour des citoyens sénégalais déposer chez les coordonnateurs, aussi bien à Dakar qu’au niveau national, des dizaines de milliers de parrainages. Donc, il n’y a aucune contrainte, ni à Dakar ni à l’intérieur du pays.

Le parrainage commence à produire ses effets, avec le renoncement de certains candidats déclarés. Ne redoutez-vous pas que cette loi permette à l’opposition de se regrouper dans un bloc fort pour affronter Macky Sall en 2019 ?

Il faut noter qu’il y a aujourd’hui une clarification du jeu politique grâce à cette loi. Ceux qui ne méritent pas d’être candidats ne sont pas soutenus par les Sénégalais. Il faut qu’ils prennent leur courage à deux mains pour accepter ce jugement des Sénégalais qui disent à certains : ‘’Messieurs, vous ne pouvez pas être candidats.’’ A partir de là, il faut laisser le débat public à ceux qui ont le mandat des Sénégalais pour parler à leur nom. L’objectif du parrainage, c’est justement cela. C’est de clarifier le jeu politique. Qui parle de quoi et avec qui ? Qui porte quel projet de sorte qu’on n’aura pas n’importe quel citoyen qui vient parler au nom du peuple sénégalais ? Mame Adama Guèye devait avoir le courage de dire publiquement qu’il n’a pas obtenu le nombre de parrains exigés aux candidats. Mais le présenter sous la forme d’un sacrifice n’est pas respectueux des Sénégalais. Respecter les Sénégalais, c’est d’accepter devant eux qu’ils ne vous ont pas donné le nombre suffisant de parrains pour que vous soyez candidat.

Les guerres de positionnement en perspective de la prochaine présidentielle sont légion dans votre parti où deux plateformes ont été lancées le week-end dernier. Comment appréciez-vous cette situation ?

Je crois que ce sont deux initiatives qui n’ont pas les mêmes cibles et les mêmes démarches. La plateforme ‘’Disso’’, initiée par la coordonnatrice du Pôle parrainage, vise à vulgariser les réalisations du président sur les questions économiques en particulier. De l’autre côté, nous avons ‘’Sénégal 2035’’, qui est une initiative du ministre Mame Mbaye Niang et qui vise à mobiliser la jeunesse, en particulier la génération qui va devoir être aux affaires, en situation d’emploi, de responsabilité et de pleine croissance en 2035. Cette génération, il est bien qu’elle soit mobilisée partout à Dakar, qu’elle s’approprie les politiques publiques, qu’elle comprenne les objectifs et la vision du chef de l’Etat, parce que, in fine, 2035, c’est pour elle. Pour la première fois, on conduit des politiques publiques qui ne sont pas faites simplement à l’échelle de 5 ou de 10 ans, mais plutôt sur une trentaine d’années, avec une perspective de transformation structurelle de l’économie et un projet de société clair. Puisque c’est eux qui doivent être les principaux bénéficiaires, il est normal qu’à travers des mouvements du genre qu’on puisse avoir une dynamisation de la jeunesse autour de ces projets phares.

Ces cadres ne permettent-ils pas, selon vous, à ses initiateurs d’exister politiquement afin de ne pas se faire écraser dans la bataille ouverte au sein de l’Apr pour le contrôle de Dakar ?

Je ne vois pas les choses sous cet angle. La majorité Benno Bokk Yaakaar a une culture de concertation qui rejaillit d’ailleurs dans sa façon de gouverner.

On parle de l’Apr…

Oui, mais on parle aussi de la majorité Bby. La plateforme ‘’Disso’’ est initiée dans le cadre de Bby. Tout cela se fait de façon cohérente et synergique. Maintenant, nous sommes en politique, c’est très normal qu’il y ait à chaque fois des ambitions ici et là. Que les ambitions s’entrechoquent, mais dans un esprit fair-play. Il n’y a pas de souci à ce niveau. C’est cela la politique. Les gens ont la liberté d’avoir des ambitions politiques, de vouloir participer à vulgariser les politiques publiques conduites par la majorité. Plus il y a de la concurrence, mieux c’est. Parce que ça permet de rendre les choses plus visibles, pourvu que celle-ci soit saine et qu’elle soit fondée sur les idées et sur le choc des arguments.

Selon vous, pourquoi le président Macky Sall hésite-t-il toujours à structurer son parti, surtout à Dakar ?

Je ne suis pas le président de la République et je ne peux pas interpréter ses choix. Ce que je vois, en tout cas moi, c’est une majorité soudée, dynamique, déterminée sur le terrain et qui mobilise les populations avec brio, dans le cadre des opérations de parrainage pour atteindre les objectifs qui sont fixés à cet effet, sous la coordination d’Amadou Ba.

Dans une déclaration récente, l’ancien Pm, Cheikh Hadjibou Soumaré, par ailleurs candidat à la présidentielle de 2019, soutient que les Sénégalais souffrent et que le pays connait une tension financière sans précédent. Qu’en pensez-vous ?

C’est son appréciation. Seulement, il pouvait au moins reconnaitre que quand il était là, les productions agricoles ont même atteint le niveau de 300 mille tonnes l’année. Aujourd’hui, rien que sur l’arachide, nous sommes à 1,5 million de tonnes. Vous vous rendez compte que l’importation du riz n’augmente plus depuis 2012. Nous sommes à 900 mille tonnes et ça ne bouge plus. Nous avons fixé la parité entre la production nationale et l’importation de riz. De ce point de vue, le pays va beaucoup mieux que lorsqu’il était lui Pm. Ça fait partie du courage politique d’accepter ce genre de résultats et de proposer des solutions pour les rendre plus efficaces. Puisque nul n’est parfait, il y a beaucoup de secteurs qui sont encore en difficulté. On n’a pas dit que le Sénégal serait aujourd’hui, au moment où on parle, un pays développé. Nous nous sommes engagés à le conduire vers l’émergence, dans la perspective de 2035. Ce que nous sommes en train de faire, il faut le juger à l’aune des réalisations en cours. Où est-ce que nous en étions du point de vue agricole, de l’énergie, des infrastructures aussi bien sportives, ferroviaires, aéroportuaires et routières ? Où est-ce que nous en sommes aujourd’hui ? Vers quelle direction nous allons ? Ça, nous l’avons dit, c’est le Plan Sénégal émergent avec une feuille de route claire qui doit conduire notre pays à la pleine croissance en 2035.

Est-ce que la tension financière n’est pas  bien réelle, dès lors que le Fmi sonne l’alerte par rapport à son niveau d’endettement ?

On a parlé de la dette. Mais le seuil de la dette par rapport au Pib national, nous sommes largement en deçà des moyennes de la zone Uemoa. Pourquoi nous faisons de la dette ? C’est cela qui est important. Faire de la dette dans une économie financière, ce n’est pas un problème. Ce qui est problématique, c’est de faire de la dette pour un concert, des œuvres sociales et autres. Ici, la dette est consacrée à l’investissement qui va produire des richesses, qui va permettre son remboursement.

L’Etat peine jusque-là à payer la dette de 13 milliards dus aux établissements privés d’enseignement supérieur. Cela ne dénote-t-il pas d’une tension financière confrontée par le régime ?

Il faut d’abord saluer cette innovation majeure. Cela faisait plus d’une vingtaine d’années que tous les bacheliers de notre pays n’étaient pas orientés et n’avaient aucune perspective de formation pour entrer dans le monde de l’emploi. Non seulement l’enseignement supérieur a été réformé avec un nombre de réceptifs pour les étudiants multiplié par deux en si peu de temps et avec surtout l’orientation de tous les bacheliers. Même la première génération de 2012 est aujourd’hui entrée dans le monde de l’emploi. Maintenant, c’est vrai qu’il y a des difficultés dans ce secteur, puisque les étudiants sont en train de faire des manifestations. Nous sommes solidaires de leurs conditions, mais nous sommes sûrs que les autorités vont trouver rapidement des solutions pour pallier ces difficultés.

Quand l’Etat peine à payer 13 milliards pour l’enseignement  de 40 mille étudiants  qui sont aujourd’hui dans la rue, est-ce que cela ne pose pas problème ?

Je ne suis pas sûr que cela reflète la vérité. Il faut constater que cette politique de l’Etat a porté ses fruits. Maintenant, dans toute politique, il y a des difficultés. Vous allez partout dans le monde, il y a de petites crises dans certains secteurs. Ça arrive.

Mais qu’est-ce qui empêche concrètement à l’Etat de payer cette dette ?

Je ne suis pas l’Etat, je parle au nom de la coalition Bby. Mais je reste confiant que dans les jours à venir, les autorités vont résoudre cette situation.

 

Section: