Publié le 11 Sep 2018 - 06:52
PASCAL DETHIE NDIONE (ENSEIGNANT A LA RETRAITE)

L’historien-linguiste noon

 

A 81 ans, le vieux Pascal Déthié Ndione conte l’histoire de son peuple noon comme si elle s’est déroulée sous ses yeux. Elle est gravée, à jamais, dans sa mémoire.

 

L’octogénaire Pascal Déthié Ndione est un puits de sagesse et de savoirs. Il maîtrise l’histoire de son peuple et de sa communauté. Après avoir consacré 35 ans à l’école sénégalaise, Pascal Déthié Ndione, aujourd’hui âgé de 81 ans, s’est forgé un nouveau sacerdoce : être au service de ses concitoyens. En le croisant dans la rue, on le prendrait pour un retraité de l’armée sénégalaise, du fait de sa physionomie et de sa carrure. ‘’L’historien des Sérères Noon’’, malgré le poids des ans, tient à son rôle. L’entretien, dans son domicile, a duré plus d’une heure.

Du Moyen-Orient (Israël) à Thiès, en passant par le Maroc, le Nigeria et le Mali, le vieux noon retrace, avec passion, toute l’histoire des Sérères Saafi. Mieux, il jette un regard avisé sur différentes langues parlées au Sénégal. ‘’On dit que la langue wolof n’existait pas dans le temps. Elle a été créée récemment. La langue wolof est un ensemble d’emprunts. L’alphabet sérère noon est l’alphabet le plus riche de toutes les langues ethniques du Sénégal. Il a 28 consonnes et 20 voyelles. Il contient quatre ‘’a’’, quatre ‘’i’’, quatre ‘’e’’, quatre sortes de ‘’é’’…  L’alphabet diola n’a que 8 voyelles de même que le wolof et le pulaar’’, explique l’ancien stagiaire de la Société internationale de langues (Sil) sise à Dakar.

Aujourd’hui, son rêve le plus ardent est de faire en sorte que la jeunesse noon et tous ceux qui le désirent puissent bénéficier de son expertise, pendant qu’il est encore vivant. Du matin au soir, l’enseignant à la retraite, qui a vécu dans le sud du pays, notamment à Kafountine (Bignona), ne bouge pas de chez lui. Il reste dans son Petit Thialy (Thialaw) pour faire bénéficier à tous ses connaissances. ‘’En plus des étudiants sénégalais que je reçois fréquemment, j’ai reçu, il n’y a pas longtemps, un Canadien. Il préparait sa thèse. Il a choisi de travailler sur l’originalité de la musique sérère noon. Je lui ai fourni des informations ; et il m’a, par la suite, envoyé un courrier contenant le travail qu’il a présenté, pour me dire qu’il a réussi avec brio à sa thèse. Il faut que nous partagions pour faire bénéficier à tous l’histoire de nos communautés’’, suggère Pascal Déthié Ndione.

Il invite, par ailleurs, les jeunes Sénégalais à embrasser davantage leur culture, pour éviter de devenir de simples renégats. D’après le vieil intellectuel noon, personne n’a le droit de laisser tomber sa propre culture pour épouser celle de l’autre.

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